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Les parcs de la ville abritent des bijoux
Georges Pury devant un chèvrefeuille de Maack en fleurs, originaire d’Extrême-Orient. © Michel Duperrex

Les parcs de la ville abritent des bijoux

3 juin 2021

Georges Pury invite à découvrir les arbres des grands parcs. Une balade riche et instructive.

«Nous avons des petites merveilles ici!» Venant d’un expert, le paysagiste Georges Pury, le constat prend toute sa valeur: Yverdon-les-Bains abrite une diversité arboricole exceptionnelle. Encore faut-il s’y intéresser et lever les yeux. Car avec l’habitude, on ne distingue même plus l’originalité de certains arbres. Alors Georges Pury a décidé de prendre le badaud par la main et de l’accompagner dans la découverte des plus beaux ensembles paysagers d’Yverdon-les-Bains, avec le support d’un guide parfaitement structuré, explicatif et dont les textes sont accessibles à tous.

Le confinement a du bon, serait-on tenté de dire: en effet, de nombreuses personnes ont mis à profit ces périodes de semi-liberté pour développer leur créativité et des projets personnels. L’an dernier déjà, lors de la première vague, le paysagiste yverdonnois avait rédigé, avec le soutien de la Ville, un premier livre au moyen duquel, au gré de promenades bien structurées, il emmenait les curieux à la découverte des plus beaux arbres de la cité.

Car Georges Pury n’est pas seulement un paysagiste réputé et passionné, il aime aussi organiser des randonnées, et ce n’est pas un hasard si le dynamique octogénaire est responsable du groupe des seniors de la section locale du Club Alpin Suisse (CAS).

Ce deuxième confinement, Georges Pury l’a vécu avec un certain bonheur car, après la première publication, il s’est mis en tête de présenter les quatre grands parcs de la ville et tous leurs «bijoux», en commençant par en recueillir les éléments historiques, notamment auprès de Daniel de Raemy et Christian Schulé.

Et même s’il connaît la ville et ses espaces verts comme peu de personnes, il s’émerveille en évoquant la naissance du parc des Cygnes: «Dans les années 20, la Société de développement n’avait pas le droit statutairement d’avoir plus de 100 francs en caisse. Ils ont fait une kermesse et ils se sont retrouvés avec beaucoup d’argent. La Ville leur a mis le terrain à disposition et ils ont fait le parc!» L’histoire de ce quartier, aux velléités indépendantistes, à l’instar d’Ouchy (Lausanne) ou Rive (Nyon), fait l’objet d’un livre qui sera publié prochainement par les Editions de la Thièle, et dont les auteurs sont Jean-Louis Vial et Claude Alfred Bruand.

Le parc des Bains mérite à lui seul un ouvrage. C’est la raison pour laquelle Georges Pury n’en présente qu’une partie des arbres. «La suite, c’est un projet pour le troisième confinement!» lâche-t-il avec un sourire un brin provocateur.

L’ouvrage publié aujourd’hui se concentre donc sur les parcs de la Villa d’Entremonts, le jardin des 4-Marronniers, le jardin japonais de la place d’Armes et le parc des Cygnes. Grâce à un plan très précis, l’auteur emmène le visiteur à la découverte de chaque arbre, tout en rappelant que d’autres zones vertes de la ville recèlent des arbres parfois majestueux.

Un plan de la ville permet de rejoindre facilement ces petits paradis puis, document en mains, d’identifier les arbres de chaque parc précisément énumérés et reproduits en photos par l’auteur, qui en a non seulement dressé l’inventaire, mais qui en donne également les noms français et botanique.

Le livre, richement illustré, présente également des arbres splendides situés ailleurs, histoire de permettre au lecteur de se projeter. Par exemple, la photo du chêne d’Entremonts est accompagnée de celle du chêne de Morrens, un arbre majestueux de 360 ans. De nombreuses photos permettent aussi de découvrir le détail des fleurs, des illustrations d’autant plus utiles lorsque la visite est effectuée hors des périodes de floraison.

Georges Pury ne se contente pas de présenter des arbres. Son récit foisonne d’anecdotes et permet au lecteur d’enrichir ses connaissances. Non seulement en ce qui concerne la création de ces parcs urbains et l’origine des ces géants végétaux, mais aussi la raison, parfois liée à une commémoration, de leur plantation, ou encore un événement naturel, tel celui concernant le cèdre de l’Atlas, situé entre la villa d’Entremonts et le Grand Hôtel, malmené par un ouragan en 1984, et qui a repris de la superbe depuis.

Certains de ces arbres, à l’instar du sapin du parc d’Entremonts, qui aurait déjà deux siècles de vie, sont très anciens.

Lorsqu’il évoque la richesse arboricole de la ville dans son écrin végétal de Cheseaux-Noréaz, Georges Pury est intarissable. On réalise à quel point il a pris du plaisir à réaliser ce travail d’inventaire et de vulgarisation. Mais loin de s’attribuer un mérite exclusif, l’auteur salue le soutien qu’il a obtenu de Lionel Guichard, responsable des Jardins de la ville, de Philippe Regamey, ancien responsable des espaces verts de la Ville de Morges, aujourd’hui établi dans le Nord vaudois, et des historiens et amis cités précédemment.

Et s’il a dû se concentrer sur les grands parcs, le paysagiste yverdonnois encourage les habitants de la ville et leurs hôtes à ouvrir les yeux. «C’est étonnant le peu de gens qui connaissent les arbres. Il y a beaucoup de petits parcs à côté», ajoute-t-il en évoquant les nombreuses poches de verdure qui parsèment le tissu urbain.

L’auteur voudrait que la population prenne conscience de l’importance des arbres pour la vie, surtout en ville. Et il n’est pas un homme de dogmes. Pour lui, ne planter que des espèces indigènes est une erreur: «La nature a besoin de diversité et, avec le réchauffement climatique, il y aura forcément des espèces exotiques qui vont s’implanter ici.»

Au cœur de ce livre, mais aussi de la ville, figure le jardin japonais, dont la survie est menacée par le projet de parking de la place d’Armes. A l’instar de l’architecte qui l’a conçu, il est convaincu qu’on pourrait le préserver. Et de conclure: «Yverdon est une ville formidable. Il faudrait continuer avec cet état d’esprit. Et je pense qu’Y-Parc pourrait aussi devenir un beau parc!» Une idée à suivre…

Isidore Raposo