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Les paroisses sont nombreuses à tirer la langue

4 décembre 2009

Les paroisses de la région ont mal à leurs finances. La Paroisse de Montagny-Champvent ne fait pas exception.© Muriel Antille

Les paroisses de la région ont mal à leurs finances. La Paroisse de Montagny-Champvent ne fait pas exception.© Muriel Antille

Ventes de pâtisseries, de calendriers, organisation de soupers. Tous les jours que Dieu fait, les Paroisses de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) multiplient les actions pour remplir leurs caisses. La Paroisse de Montagny-Champvent a récemment organisé une fromagée pour créer des liens sociaux, mais aussi pour récolter quelques sous. Comme beaucoup d’autres, elle termine l’année dans les chiffres rouges.

«La population oublie souvent que nous vivons uniquement des collectes et des dons, explique la pasteure, Anouk Troyon. Les gens pensent que l’Eglise, c’est l’Etat.» Si les communes prennent à leur charge l’entretien des bâtiments, les frais de personnel (organiste et conciergerie) et l’Etat, via une subvention à l’EERV, les charges salariales, le reste vient au passif des comptes paroissiaux.

«Voilà quatre ans que je présente le budget, voilà quatre ans que c’est un déficit, témoigne la caissière, Christine Bettex. La majorité de nos recettes partent sous forme de contributions cantonale et régionale.»

Saigner les paroisses pour assurer la survie de l’Eglise, qui a rappelé aux 650 conseillers protestants réunis à Dorigny en septembre dernier ses difficultés financières et la nécessité de prendre des mesures, est-ce vraiment raisonnable?

Population peu généreuse

Ancien responsable Coordination et Information dans la région du Nord vaudois, le pasteur Xavier Paillard, aujourd’hui vice-président du Conseil synodal, répond par la négative. «La contribution des paroisses constitue moins du 10% des recettes de notre budget 2010 (44, 5 millions de dépenses et 43 millions de recettes). Mais nous ne pourrions pas nous en passer. Ce que nous devons faire, c’est réussir à diminuer le pourcentage que représente cette contribution  dans le budget paroissial.»

Tout en étant conscient des efforts déjà fournis, Xavier Paillard relève la faible compensation que fournissent les dons et les collectes en regard des coûts assumés. Selon le responsable, un service funèbre coûte beaucoup plus à l’Eglise que le montant de l’offrande ne lui rapport; et l’habitude de faire un don à l’Eglise au moment de recourir à ses services se perd. «Il y 30 ou 40 ans, nous laissions 5 francs dans le tronc. Aujourd’hui, on y met toujours la même somme, en dépit de l’augmentation du  coût de la vie. C’est aberrant.»

Redresser les finances des paroisses et de l’Eglise en général doit donc passer par la sensibilisation des individus: «Participer à l’offrande ne doit pas être un acte automatique de bonne conscience, mais un geste de solidarité et de responsabilité commune afin que l’Eglise puisse poursuivre son travail de témoin de l’Evangile, de formation et de proximité.» Et de rappeler l’importance de préciser sa religion au contrôle des habitants, «nos subventions étatiques en dépendent; et cela n’augmente pas vos impôts».

Au niveau institutionnel, les ministres seront formés pour mieux informer le public sur les besoins de l’Eglise. La nécessité de viser l’autofinancement de certaines activités déficitaires, comme les camps, sera rappelé via les canaux d’information internes. Et si le salut des finances ecclésiastiques ne se trouvait justement pas dans ce dernier mot clé? A une époque où les églises se vident, compter autant de paroisses et de professionnels sur le terrain est-il toujours justifié?

Rester proches des gens

Indéniable outil de proximité, pour Anouk Troyon, les paroisses gardent toutes leur raison d’être, affirme Xavier Paillard: «Sachant que les salaires représentent 37 millions du budget, ce ne sont pas les 2 ou 3 millions de francs voués à l’organisation qui vont redresser les finances de l’Eglise.» Quant au nombre de professionnels, le désengagement de la population dans les activités de l’Eglise ne justifie pas des licenciements. Au contraire. Ses témoins de l’Evangile sont plus que jamais nécessaires pour répondre aux attentes spirituelles de nos contemporains. «L’Eglise n’est pas seulement un prestataire de services. Elle contribue au lien social et à la transmission des valeurs fondamentales, comme le dit la Constitution. Elle est présente dans de nombreux lieux de vie tels que les gymnases ou les EMS, via les aumôneries. Nous assurons un travail de proximité!»         

 


Hélène Isoz