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Les partitions de Beethoven détruites

8 octobre 2018 | Edition N°2347

Yverdon-les-Bains –  Le commerçant Vincent Liaudet s’est séparé de milliers de feuillets musicaux. La Bibliothèque publique et le Conservatoire de la ville n’en voulaient pas.

Les mélomanes qui pénétraient dans la caverne d’Ali Baba de Vincent Liaudet à la recherche d’une partition musicale sont orphelins. Les feuillets des compositeurs classiques comme Beethoven, Mozart et Kabalevsky, ou des jazzmen tels que Sidney Bechet et Louis Armstrong, se sont envolés. Et pas n’importe où, puisque la plupart ont fini dans une benne à papier, à la déchetterie de la Cité thermale.

A la suite d’une reconversion professionnelle, le commerçant Vincent Liaudet, qui tient le magasin de musique à la rue du Milieu à Yverdon-les-Bains, a décidé de se séparer de ses partitions. Le 24 janvier dernier, le mélomane s’est adressé à la Municipalité dans l’intention d’offrir ses plus beaux chefs-d’œuvre à la Ville. «Je possédais de véritables trésors, mais je ne voulais pas les jeter à la poubelle», confie l’intéressé. S’il refuse de donner le montant exact de l’ensemble de ces documents, il indique toutefois qu’il s’élève à des dizaines de milliers de francs, voire plus.

Un manque de place

Intéressé, le Service de la culture s’est rendu chez le commerçant afin de trouver une solution pour conserver les milliers de partitions déposées sur les dix étagères du magasin. A la suite de cette visite, le chef de service, Raphaël Kummer, a contacté la Bibliothèque scolaire et publique d’Yverdon-les-Bains et le Conservatoire de musique du Nord vaudois (CMNV) pour qu’ils puissent trouver un lieu de stockage. En vain, puisque ces deux institutions n’ont plus de place dans leurs locaux. «Malheureusement, nous avons dû refuser ce don parce que nos bibliothèques sont déjà pleines et qu’il est impensable de retrouver des feuillets volatiles dans les couloirs, explique Jacques Hürni, directeur du CMNV. Par chance plusieurs professeurs ont acquis, à titre privé, plusieurs partitions et méthodes d’apprentissage vendues au kilo.»

Les feuillets qui ornaient les étagères du magasin de Vincent Liaudet ont fini à la déchetterie, à défaut d’un lieu pour les conserver.

Les feuillets qui ornaient les étagères du magasin de Vincent Liaudet ont fini à la déchetterie, à défaut d’un lieu pour les conserver.© Caroline Gebhard

Lors du Conseil communal de jeudi dernier, la municipale chargée de la culture, Carmen Tanner, s’est dite attristée par cette «réalité dure et âpre» à la fois. Selon elle, le travail pour répertorier le catalogue entier des partitions aurait exigé des ressources humaines conséquentes.

 

Valérie Beauverd