Logo
Les policiers resteront armés
Les agents de Police Nord vaudois ne se verront pas retirer leur arme de service.

Les policiers resteront armés

21 janvier 2025 | textes: j.-ph. pressl-wenger
Edition N°3874

Lausanne a récemment décidé de désarmer une partie de ses agents de police communaux. Yverdon-les-Bains privilégie pour sa part le statu quo.

Dans la voix du municipal Christian Weiler, aucun doute n’est perceptible. «Non, désarmer nos agents n’a jamais été une option, explique l’élu PLR. Nous n’avons même pas eu le début d’une discussion officielle à ce propos.» Voilà qui est clair. Contrairement à certains de leurs collègues lausannois, les agents de Police Nord vaudois ne devront donc pas sortir sans leur arme. Au vu de certaines similitudes avec la capitale cantonale – Municipalité de gauche et problèmes de deal de rue – , la question était devenue légitime. La voilà réglée.

Les raisons de cette non-entrée en matière sont multiples, mais les conséquences sur le travail dans le terrain et les récentes expériences dans d’autres villes (lire encadré) n’ont motivé personne dans le Nord à suivre l’exemple lausannois.

Moyen de contrainte ultime

Concrètement, le retrait de l’arme de service impliquerait que les policiers ne seraient plus capables d’intervenir dans une situation d’urgence, où une escalade de la violence reste possible. «Il faut bien comprendre que l’arme de service demeure le moyen de contrainte ultime, quand tout le reste n’a pas suffi, rappelle le commandant de Police Nord vaudois Marc Dumartheray. Il y a tout un processus avant qui commence avec une négociation, puis, à mesure que le danger augmente, d’autres moyens peuvent être mis en œuvre comme le spray au poivre ou le bâton tactique. Ensuite seulement, on pourrait imaginer que l’agent sorte son arme, mais dans une carrière, la majorité n’y sont jamais contraints. »

Récemment, le canton de Vaud s’est doté d’un plan AMOK, pour faire face à l’éventualité d’un tireur actif dans une école.  Dans cette procédure, tout agent armé à proximité se doit d’intervenir quel que soit son corps de police. Dans un tel cas de figure à Lausanne, une partie des agents ne pourraient simplement pas s’impliquer.

Formation continue pointue

Au-delà des défis du terrain, et des responsabilités de la police dans ses tâches de maintien de l’ordre, le port d’arme implique également des devoirs. Tous les agents de Police Nord vaudois sont donc parfaitement formés au maniement de leur arme de service et sont également soumis à une formation continue pointue. «A intervalles réguliers, tous doivent se soumettre à une période de formation continue qui est ponctuée par des tests obligatoires, détaille Marc Dumartheray. Dans le cas où ces tests devaient ne pas être concluants, les agents doivent les repasser. Et durant l’attente jusqu’à la prochaine session de tests planifiés, ces agents sont cantonnés au bureau afin d’effectuer du travail administratif.»


L’exemple de la ville de Bordeaux

Des tentatives de travailler avec une police de proximité sans arme ont déjà eu lieu. Par exemple, la ville de Bordeaux a largement fait parler d’elle en fin d’année dernière.

Alors que les quelque 200 agents travaillaient sans arme de service, le maire écologiste Pierre Hurmic est revenu sur sa décision mi-novembre, forcé d’admettre que le contexte  et le monde en général avaient changé. En conséquence, dès le mois de mai 2025 environ, une cinquantaine d’agents pourront à nouveau disposer d’armes létales. Dans un classement des villes les plus sûres de France, publié par Le Parisien, Bordeaux occupait, début 2024, la peu enviable 110e place sur les 119 communes étudiées.

A noter encore que les agents municipaux évoluent sans arme dans plusieurs villes de France, comme Paris, Lille, Rennes, Grenoble ou encore Nantes.


Associations professionnelles unies

Face à la décision lausannoise, les réactions dans la profession ont été vives. La Conférence des diretrices et directeurs des polices communales vaudoises (CDPV) ainsi que l’Association des officiers des polices cantonales vaudoises (SOPV) ont réagi conjointement dans un communiqué. «Dans le contexte actuel, il n’est pas imaginable, au regard de la loi et du bon fonctionnement de l’ensemble de l’organisation policière vaudoise, de voir un corps de police travaillant sans arme pour accomplir ses missions régaliennes», déclare Pascal Petter, le secrétaire général de la CDPV et de la SOPV. Les polices communales vaudoises sont composées de neuf corps, soit Police Nord vaudois, Nyon, Morges, Ouest lausannois, Lausanne, Est lausannois, Lavaux Riviera et Chablais.