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Les prix flambent
(KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Les prix flambent

2 novembre 2021

Le prix des maisons unifamiliales a augmenté de 4,4% au troisième trimestre. Mais ce n’est pas le plus inquiétant.

Où s’arrêtera la spirale de l’augmentation des prix dans le secteur de l’immobilier? Personne ne détient la (bonne) réponse. Après le coup d’arrêt, momentané, de la période 2015-2018, les prix sont repartis à la hausse. Et à chaque avancée, le rêve de devenir propriétaire s’éloigne pour de nombreux habitants de ce pays. Cela malgré la persistance des taux bas. Car les calculs effectués par les prêteurs, banques et assurances notamment, se basent sur des taux hypothécaires bien supérieurs à ceux en vigueur depuis quelques années. Mais à ce stade, la Banque nationale suisse (BNS) est bien inquiète par les investissements réalisés par des privés dans le secteur locatif de rendement. Et il n’est pas exclu, dans un avenir plus ou moins proche, que la BNS et la FINMA – gendarme des marchés financiers – ne prennent des mesures. A ce stade, ils y ont renoncé. Mais les deux organes de régulation sont prêts à réactiver, si nécessaire, des mesures anticycliques. Elles pourraient notamment imposer une augmentation des fonds propres.

Selon Raiffeisen, troisième groupe bancaire suisse et leader dans le domaine hypothécaire, les prix des maisons individuelles ont encore augmenté de 4,4% durant le troisième trimestre, ce qui ne surprend guère les spécialistes. Ce type d’objet devient tellement rare qu’il suscite un fort engouement, et les prix sont forcément poussés vers le haut. En l’espace d’une année, les pris ont ainsi augmenté de presque 10%!

Les PPE (propriétés par étage) échappent à l’emballement, mais pas à la tendance. Dans ce segment également, les prix ont progressé de 2% durant le troisième trimestre.

«La dynamique des prix sur le marché des logements en propriété s’est donc de nouveau nettement accentuée. Les prix augmentent sensiblement dans toutes les régions et tous les segments. La croissance des prix des maisons unifamiliales dans les régions touristiques est particulièrement forte. Ces biens sont devenus très populaires à l’époque du travail à domicile», souligne Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen Suisse.

C’est en Suisse méridionale et dans la région de Berne que la hausse des prix est la plus marquée, puisqu’elle dépasse 11% en l’espace d’une année. Les prix ont moins progressé dans le nord-ouest du pays (+6,4%) et en Suisse orientale (+7,4%).

En ce qui concerne les PPE, les prix flambent sur le bassin lémanique, avec une hausse moyenne de 12,3% en un an, alors que cette progession se limite à 2% en Suisse orientale.

Une analyse plus fine fait apparaître que le prix des maisons a considérablement progressé dans les communes touristiques (+18,3%). Cette hausse, dans le même type de commune, est de 12,9% pour les appartements en PPE.

Ce phénomène s’explique par la pandémie et le télétravail, qui en est l’une de ses conséquences. On travaille depuis la montagne et on ne se rend au bureau qu’une ou deux journées par semaine. Du coup, la résidence secondaire devient une résidence principale.

Même les ennemis des lits froids n’avaient pas osé imaginer une pareille évolution!

Isidore Raposo