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Les producteurs de betteraves de la région vivent une année faste

19 novembre 2014

Grâce à un mois de septembre particulièrement propice, les agriculteurs peuvent compter sur une récolte alliant quantité et qualité.

La souris permet d’effectuer le transfert du champ à la remorque en un temps record. © Michel Duperrex

La souris permet d’effectuer le transfert du champ à la remorque en un temps record.

Le moral est au beau fixe à la gare de Baulmes où les betteraves sont acheminées pour rejoindre la sucrerie d’Aarberg, via la gare d’Yverdon. «L’année est excellente, tant du point de vue du tonnage que de la qualité», s’enthousiasme Pierre Deriaz, «un agriculteur retraité qui s’occupe» en prêtant main forte à son fils et à d’autres collègues betteraviers de la région.

La rampe de chargement mobile qui trône derrière lui permet, dans des conditions optimales, de remplir en une heure trois wagons, soit à peu près l’équivalent de 140 tonnes de betteraves, la quantité que peut tracter la locomotive. Une évolution significative. «Il y a environ dix ans, chaque exploitation travaillait de manière individuelle. Il fallait un jour pour remplir un wagon. Le manque de monde dans les fermes nous a poussé à collaborer », explique celui dont la famille «fait de la betterave» depuis 1899.

La montagne avant la pleine

Baptiste Kaenel est aux commandes de la machine pour la deuxième année. © Michel Duperrex

Baptiste Kaenel est aux commandes de la machine pour la deuxième année.

La technologie est aussi à l’oeuvre dans les champs. Une souris, une gigantesque machine ramasseuse et chargeuse de betteraves, de la société Transbett S.A. (lire ci-dessous) s’emploie à transférer les légumes sucriers du tas aux remorque des tracteurs faisant leur apparition à intervalles réguliers. Aux commandes: Baptiste Kaenel, qui l’actionne au coup de klaxon du conducteur du convoi. «J’ai obtenu mon CFC dans l’agriculture et je fais ce travail en attendant de reprendre le domaine familial, à Chavornay. Nous nous relayons entre chauffeurs sur une durée de trois mois. Nous commençons par les régions plus en altitude en raison du risque de neige», explique le jeune homme.

Les tas sont transportés un à un vers le rail selon un planning pré-établi. © Michel Duperrex

Les tas sont transportés un à un vers le rail selon un planning pré-établi.

Cinq grosses minutes et la remorque, d’une capacité de quinze à dix-huit tonnes, est remplie. Le convoi s’en va, laissant sa place à un autre tracteur. Ce flux, interrompu quelques fois par un changement de tas, va se poursuivre toute la semaine, conformément au planning établi. «Le terrain est gras. La machine glisse. Je dois trouver des solutions pour réussir à avancer», indique Baptiste Kaenel, en référence à l’humidité qui vient jouer les troubles-fête en cette seconde partie de saison betteravière.

Dans le village de Baulmes, Pierre Deriaz est fidèle au poste près de la rampe de chargement mobile. Son fils Claude espère pouvoir vérifier le soir même sur internet si le taux de sucre de ses betteraves est aussi satisfaisant que leur quantité. «On ne peut jamais savoir à l’avance, mais la tendance est globalement bonne», déclare-t-il.

 

Près de 600 clients entre Genève et Yvonand

 

Les convois se succèdent en direction de la rampe mobile de la gare de Baulmes. © Michel Duperrex

Les convois se succèdent en direction de la rampe mobile de la gare de Baulmes.

Fondée en 2000, la société Transbett S.A., basée à Chavornay, participe activement au chargement des betteraves à destination des différentes gares de la région. «Nous avons environ 90% de parts de marché et près de 600 clients dans la zone qui s’étend de Genève à Yvonand, en passant par Onnens», déclare son gérant Patrick Pfister. En progression constante, Transbett S.A. devrait prendre part au transfert de 270 à 280 000 tonnes de betteraves vers les sucreries cette année, contre 55 000 tonnes lors de sa création.

 

En route pour l’année record de 2011

 

L’agriculteur retraité Pierre Deriaz donne un coup de main à ses collègues. © Michel Duperrex

L’agriculteur retraité Pierre Deriaz donne un coup de main à ses collègues.

Guido Stäger, directeur des sucreries d’Aarberg et Frauenfeld, est très optimiste à l’heure où plus de la moitié de la production nationale de betteraves a été transformée. «On se dirige vers une année similaire à 2011, où nous avions reçu 1,8 million de tonnes de betteraves, ce qui avait généré 290 000 tonnes de sucre», déclare- t-il, en soulignant que le canton de Vaud est l’un des principaux producteurs de betteraves suisses. Il craint, en revanche, les répercussions de l’annonce, au niveau européen, de l’abandon des quotas par pays, qui a entraîné une baisse de 20 à 30% du prix du sucre.

Ludovic Pillonel