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Les producteurs de lait se rebellent

8 avril 2016 | Edition N°1718

Suchy – Les délégués de Prolait, qui a son siège à Yverdon-les-Bains, ont voté une résolution pour ne plus verser les cotisations à la Fédération laitière, jugée trop passive face à la grave situation qu’ils connaissent.

Eric Jordan, directeur de Prolait, Daniel Geiser, vice-directeur, Marc Benoit, président, et Didier Roch, vice-président. © Roger Juillerat

Eric Jordan, directeur de Prolait, Daniel Geiser, vice-directeur, Marc Benoit, président, et Didier Roch, vice-président.

«Dans cette période pour le moins chahutée, où les prix payés ne permettent plus une rémunération décente des producteurs de lait, j’exprime le souhait que nous parvenions, au plus vite, à trouver un dénominateur commun et le soutien de toute la filière pour sortir du tunnel», a déclaré, hier, dans son rapport annuel Eric Jordan, le directeur de la Fédération Prolait, qui tenait son assemblée générale à la grande salle de Suchy.

Prix «indécemment bas»

Le président Marc Benoit, de Romainmôtier, avait, auparavant, souligné combien la situation était devenue difficile l’année dernière: «En ce qui concerne le marché laitier, 2015 restera dans les annales pour ses prix très bas au niveau international et indécemment bas en Suisse. Sans compter que la situation a encore empiré depuis le début de cette année, a-t-il poursuivi. Les prochaines semaines seront donc vitales pour l’économie laitière au sein de laquelle les producteurs sont le maillon faible, payant très cher leur manque d’unité.»

114 délégués des cantons de Vaud, Neuchâtel, Fribourg et Berne, ainsi que quatorze présidents de cercle étaient présents à cette assemblée, qui a ensuite sonné la charge contre la Fédération suisse (FSPL). En effet, elle a voté à la quasi unanimité une résolution qui stipule que cette année, elle va retenir, sur un compte affecté, la cotisation de 0.15 centime par kilo due à l’organisation faîtière nationale: «Les montants retenus pourront être reversés pour autant que des mesures concrètes soient mises en place par la FSPL, afin d’adapter l’offre à l a demande et éviter que des excédents structurels n’exercent une pression intolérable sur le prix du lait à la production.» Plusieurs membres sont, ainsi, intervenus pour souligner que la situation était catastrophique et pour déplorer la passivité et l’inaction de la FSPL. «Du lait à 46 centimes, on est en train de crever dans nos fermes!», a notamment lancé l’un d’entre eux.

Un prix inférieur pour une meilleure qualité

Le rapport annuel de Prolait laisse, notamment, apparaître que la Fédération comptait, l’an dernier, 1070 producteurs (-46 par rapport à 2014), ainsi que 200 exploitations d’estivage. 59,5% (+1,4%) du lait de la région Prolait a été acheminé dans les fromageries de Gruyères AOC, Vacherin Mont d’Or, pâtes molles et autres spécialités. Le prix moyen du lait payé par le pool a été d’un peu plus de 54 centimes par kilo, soit près de 10 centimes de moins qu’en 2014, et ceci pour une qualité encore meilleure. Le Nord vaudois compte 356 exploitations dans ses quatre cercles laitiers de la vallée de Joux, Orbe, Grandson et Yverdon-les-Bains.

Roger Juillerat

La Fédération suisse critique la Confédération

Dans un communiqué publié hier, la Fédération suisse des producteurs de lait (FSPL) fustige les propositions émises par l’Office fédéral de l’agriculture dans le cadre du train d’ordonnances agricoles 2016. Selon la FSPL, elles ne contiennent guère d’améliorations substantielles pour les exploitations. La Fédération exige que les lacunes et les mauvaises incitations, notamment en matière de paiements directs, soient rapidement corrigées en réponse à la situation difficile des familles paysannes. Les producteurs suisses de lait se trouvent dans une situation économique extrêmement précaire, ajoute-t-elle.

Com./Réd.