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Les racines d’un centre high-tech émergent à l’Agropôle

1 mars 2019
Edition N°2447

Molondin –  En signant le Plan partiel d’affectation En Greybin, la semaine dernière, la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro a validé les grandes lignes d’un futur parc technologique.

L’arc jurassien a sa Watch Valley, Bâle sa Pharma Valley. Et on peut désormais rêver d’une Green Valley entre les cantons de Fribourg, de Berne et de Vaud, dont l’Agropôle serait l’un des acteurs. Après quatre ans d’attente, l’entreprise nord-vaudoise a enfin vu le feu passer au vert, la semaine dernière. Le Canton vient en effet de signer le Plan partiel d’affectation En Greybin, qui esquisse les grandes lignes d’un futur centre de compétences national.

A l’image de la Silicon Valley, aux Etats-Unis, ou d’Y-Parc, à Yverdon-les-Bains, l’Agropôle devrait se muer en un site spécialisé dans les technologies. Mais il aura pour particularité de se focaliser sur les innovations en matière d’agriculture (agrotech) et d’alimentation (foodtech).

Des millions à investir

Pour réussir cette mue, l’Agropôle devra entièrement changer d’aspect. Le directeur général, Alain Schacher, et son équipe ont imaginé un cœur en forme de rotonde, pour faire vivre un complexe de plus de 30 000 m2, qui comprendra notamment une garderie, des salles de conférence et une cafétéria. Ce point névralgique des activités sera relié à quatre bâtiments, qui seront divisé en trois parties: 20% dévolus aux start-up, 30% aux petites et moyennes entreprises (PME), et 50% aux activités industrielles. Le  projet, en l’état actuel, prévoit que le sous-sol de chaque édifice sera dédié à la logistique, alors que les étages supérieurs pourront être modulés selon les besoins des locataires. Quelque 3000 m2 de serres devraient en outre habiller le toit de l’un des immeubles.

Alain Schacher, directeur général de l’Agropôle, prévoit de commencer la construction de son complexe technologique sur la partie qui abrite actuellement des montagnes de palox en bois. © Michel Duperrex

 

 

 

 

 

Le coût de ce complexe futuriste se chiffre entre 40 et 50 millions de francs. «La construction est prévue en phasage, autrement dit un bâtiment à la fois, ce qui nous permet de réorganiser sereinement le site, explique Alain Schacher. De plus, ça nous assure le remplissage à 80% du premier édifice par nos onze entreprises et trois sociétés locataires actuelles.» Et d’ajouter: «Le projet est porteur, nous avons déjà des demandes de start-up externes.»

Il faut dire que l’Agropôle se démarque depuis plusieurs années par son esprit novateur. Toujours encline à tester de nouvelles idées (lire encadré dans notre édition papier), l’entreprise a commencé par intégrer le concept «du champ à la grande distribution». Elle a alors réuni toute la chaîne de production sur un seul et même site: de la réception de la matière première jusqu’à son expédition, en passant par son stockage et son conditionnement. Mais il manquait un maillon: l’innovation. Une lacune comblée avec l’arrivée, en 2012, de CombaGroup et de son projet inédit de cultures de salades hors-sol.

Plus de 250 postes à créer

Cette expérience a fait émerger un rêve bien plus grand: «Les fondateurs de l’Agropôle se sont dit que la solution pour garder une septantaine d’emplois dans la région, voire augmenter ce nombre (ndlr: le projet permettrait de créer entre 250 et 300 postes à terme), c’est l’innovation. Cela permettra aussi de pérenniser le secteur agroalimentaire en faisant face aux grands défis du moment, soit éviter le gaspillage des sols et de l’eau, et limiter les émissions de CO2, note Julie Schüpbach, porte-parole du site. Il y a plein d’idées qui émergent dans les universités. Le problème, c’est qu’elles ne sont pas toujours adaptées à la réalité du terrain. Et c’est là qu’on intervient. Le projet de l’Agropôle permettra aux entrepreneurs de passer de la phase de prototypage à l’industrialisation.»

Le site de Molondin offrira des locaux modernes et des «champs d’expérimentation» aux jeunes pousses de demain. En côtoyant des professionnels, les ingénieurs pourront leur poser des questions, comprendre leurs problèmes et les aider à relever les défis à venir.

«On s’appuie sur un patrimoine et sur des familles de la région qui ont envie de faire partie du changement pour créer, ensemble, une agriculture durable», souligne Julie Schüpbach. Un rêve qui peut désormais se matérialiser, grâce au soutien de la Commune et du Canton. L’Agropôle va, en effet, aborder la phase suivante, c’est-à-dire choisir le mandataire chargé des travaux, faire des appels d’offres et mettre le projet à l’enquête. «Si tout va bien, le premier coup de pioche sera donné courant 2020, précise Alain Schacher. Et dans l’idéal, tout sera fini dans cinq ans.» La population n’est donc pas près de voir voler les premiers drônes au-dessus des champs ni les robots ramasser des patates.