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Les racines et les ailes de César Meylan

15 juillet 2015

Football – Préparateur physique de l’équipe du Canada depuis 2011, le fils de Bouillon gardera de sacrés souvenirs de la Coupe du monde féminine qui vient de s’achever. Portrait d’un bon Vaudois tiraillé entre l’appel du pays et ses ambitions professionnelles.

César Meylan fait courir les autres, mais il n’oublie pas de faire lui-même du sport. © Paul Yates

César Meylan fait courir les autres, mais il n’oublie pas de faire lui-même du sport.

Il est 9 heures du matin à Vancouver, 18 heures en Suisse, lorsque César Meylan décroche son téléphone après une seule sonnerie. «J’ai le temps, je suis un peu en vacances, lance-t-il, avec un accent que le temps passé loin du Pays de Vaud n’a pas trop altéré. Après deux mois de travail acharné, cela fait du bien.» Du 7 mai au 27 juin, date à laquelle l’équipe féminine du Canada a été éliminée de «sa» Coupe du monde, le groupe a vécu ensemble au quotidien. «C’est prenant, raconte celui qui y officie comme préparateur physique. Il faut savoir trouver le temps de faire un peu de sport, d’aller boire une petite bière avec les collègues.» A 35 ans, les ailes du fils de Bouillon lui ont déjà permis de voler de par le monde et d’y vivre de sacrées aventures.

Un trou d’air

La dernière en date est donc ce Mondial «à domicile», en vue duquel les Canadiennes nourrissaient une ambition sans limite. Leur périple s’est malheureusement arrêté au stade des quarts de finale, contre l’Angleterre (2-1). «Nous avons tout perdu sur un trou d’air de cinq minutes, des erreurs commises coup sur coup, regrette-t-il. Trois ans de travail à plein temps… Bien sûr, cela laisse une certaine frustration.» Il a encore eu «un pincement au coeur» en assistant à la finale, des tribunes plutôt que du banc de touche. Mais au-delà, les souvenirs qu’il gardera de l’événement seront magnifiques.

Les moments marquants? L’entraînement sur le stade à la veille du premier match: «L’équipe s’est regroupée, le coach a pris la parole… C’était fort.» Mais aussi le match contre la Suisse, que le Canada a battue 1-0 en huitièmes de finale: «Entendre l’hymne, quand on est expatrié, c’est quelque chose de spécial.» De manière plus générale, César Meylan gardera le sentiment que «le peuple a été fier de son équipe, par le coeur et la volonté qu’elle a affichés». Et ces enceintes, garnies de 40 000 spectateurs au minimum, à l’énergie contagieuse. «Je n’arrive pas à imaginer ce que c’est de devoir contrôler un ballon dans un tel contexte. Déjà, devant 300 spectateurs, à plus bas niveau, ce n’est pas évident», rigole le préparateur physique.

Le football amateur, il le connaît bien, il y a ses racines. Il a fait ses classes juniors au FC Echallens, mais a aussi grandi à proximité du FC Thierrens et de sa Revue: «Normal, avec tout ce que mon père y faisait…» Sa carrière a culminé en 1re ligue, aux Trois-Sapins, avant se prolonger en 2e inter, à Epalinges. Depuis ces années, il n’a jamais arrêté de taper dans le ballon, mais c’est son intérêt pour la préparation physique qui lui a dicté ses choix de vie. L’Université de Lausanne, d’abord, puis… l’exil, à l’autre bout du monde. «En la matière, tant au niveau des voies académiques que du marché, la Suisse n’est pas très développée. En Australie et en Nouvelle-Zélande, j’ai pu me perfectionner dans un contexte où il y a une vraie passion pour le sport, où l’on y met de l’argent», explique-t-il. C’est aussi sous ces lattitudes qu’il a rencontré John Erdman, futur sélectionneur de l’équipe nationale féminine du Canada.

Impact international

Aujourd’hui titulaire d’un doctorat et employé de l’Institut des sports canadien, il réside à Vancouver et se plaît dans son rôle, qu’il ne se voit pas quitter avant les Jeux olympiques de Rio, prochain objectif majeur de son équipe. Et son avenir à plus long terme? Les ailes de César Meylan le titillent. «Ce qui m’intéresserait, c’est de contribuer au développement de la préparation physique, aux théories en la matière. Que mon travail ait un véritable impact international», s’enthousiasme-t-il. Mais ses racines ne sont pas muettes non plus. «Cela fait huit ans que j’ai quitté la Suisse. C’est parfois difficile d’être loin, avoue-t-il. Pour le travail, c’est super, mais ce n’est pas évident d’avoir un cercle d’amis.» Ses sacrées aventures lui permettent néanmoins de prendre son mal (du pays) en patience, en attendant de passer Noël à l’heure suisse.

Lionel Pittet