Passionné de montagne, Pierre-Gilbert Zanchi aime se consacrer à l’écriture. Au point d’avoir publié un recueil de petites histoires inspirées par sa carrière.
Le quotidien d’un policier de proximité n’a rien de comparable, si ce n’est celui du journaliste d’un quotidien régional. Il suffit de lire Nouvelles ordinaires de police, un ouvrage publié par Pierre-Gilbert Zanchi, pour s’en convaincre. Et l’homme n’en est pas à son premier ouvrage.
Mais, jusqu’ici, il avait privilégié sa passion pour la montagne, qui transparaît dans ses romans. Le temps de la retraite venu – il est municipal dans sa commune de Premier, où son père Gilbert a été syndic –, il s’est dit qu’il était temps de concrétiser un projet qui lui trottait dans la tête depuis un moment: évoquer son métier à travers des épisodes qui témoignent de la vie au quotidien dans ce pays. Avec toutes les précautions d’usage.
Car l’auteur n’a pas l’intention de nuire à qui que ce soit ou de s’appesantir sur tel ou tel événement négatif. Chez lui, le devoir de réserve est une seconde nature, et le droit à l’oubli est une notion bien ancrée. Cela dit, l’une ou l’autre histoire rappellera au lecteur averti un événement, même si Pierre-Gilbert Zanchi a pris la peine de créer des lieux-dits symboliques.
Car ce qui intéresse l’auteur avant tout, c’est d’évoquer l’aspect humain de son métier, pratiqué avec humanisme. Ce qui ne l’empêche pas d’évoquer les difficultés rencontrées parfois, non seulement avec des citoyens, mais aussi avec la hiérarchie.
Au travers de ces petites histoires, qui peuvent se produire n’importe où et n’importe quand, le lecteur prend à la fois conscience de la diversité du métier de policier, de ses contraintes, mais aussi, parfois, des vrais moments de bonheur qu’il permet de vivre, en toute simplicité. Plus d’une fois, on a le sentiment que l’erreur est d’autant plus humaine qu’elle suscite, indépendamment de la sanction potentielle, une forme d’empathie.
«Du travail de policier, on ne voit souvent que les amendes. Or le policier est un être humain, avec ses qualités et ses défauts. Il est aussi capable de bienveillance. C’est ce que je voulais exprimer au travers de cet ouvrage. C’était important pour moi d’en parler», explique l’auteur.
Les petites histoires, même si elles sont parfois un peu modifiées dans leur déroulé, se basent toutes sur du vécu.
«Il m’est arrivé d’en croiser deux ou trois», explique Pierre-Gilbert Zanchi, qui a simplement puisé dans son riche vécu, exception faite de ses dernières fonctions à Police Nord vaudois. Pourquoi ce choix? «Cette dernière partie de ma carrière est encore trop proche. Entendez, le risque d’identification d’un événement, ou d’une personne, est forcément plus important. Mais qui sait, dans quelques années…»
Car on réalise très vite que sur près de quarante ans de carrière, un policier en voit de toutes les couleurs et ce vécu pourrait même inspirer une véritable série.
De cette profession parfois décriée, mais combien indispensable au bon fonctionnement d’une société démocratique, Pierre-Gilbert Zanchi a retiré une véritable philosophie: «J’ai beaucoup appris sur l’être humain. J’ai aussi analysé et relativisé. Cela a changé mon rapport à l’être humain, mais aussi à la vie, qui est tellement importante.»
L’auteur ne cache pas qu’il a eu du plaisir à faire ce travail, qui l’a amené à porter un regard sur sa carrière et les événements qu’il a vécus. «Je pense qu’en lisant ces histoires, les gens pourront un peu relativiser les événements de leur vie et apprécier ce qui leur est donné», explique-t-il.
Car à aucun moment, il n’est fait mention du moindre reproche ou d’un jugement. Au contraire, l’auteur, tout en rappelant les règles, est manifestement plus bienveillant avec ceux qu’on nomme les petites gens, qu’avec les notables qui, en raison de leur fonction, se croient tout permis. Au point de menacer le policier des foudres de l’enfer s’il ne tient pas compte de leur position sociale ou hiérarchique.
A l’heure où les polices vaudoises lancent leur opération de recrutement pour l’école d’aspirants 2022, à l’Académie de Police de Savatan, on ne peut que conseiller aux postulants de lire ce recueil qui leur donnera un aperçu très proche de la réalité qu’ils auront à vivre durant leur carrière.
Car si les séries télévisées consacrées aux affaires criminelles non résolues – les fameuses «cold cases» – font un tabac auprès du grand public, elles braquent le projecteur sur les méthodes d’enquête modernes qui ressortent principalement de la police scientifique et des experts du numérique. Or un policier de proximité, à l’instar de l’avocat de la première heure, intervient à chaud et doit gérer des situations générant souvent une forte charge d’émotion.
Une carrière de la capitale à l’arrière-pays
Avant d’entrer à la Police de Lausanne, Pierre-Gilbert Zanchi a fait un CFC de plâtrier-peintre. Il a ensuite œuvré de longues années dans la police de la capitale, notamment au sein de la brigade motorisée.
Dans la deuxième partie de sa carrière, il est venu à Orbe, à une époque où la police municipale assurait également le service d’ambulance. Puis il a gagné Vallorbe, où il a occupé la fonction de chef de poste.
Lors de la réorganisation des services de police dans le canton, il a rejoint Police Nord vaudois, où il a terminé sa carrière. Auteur de romans inspirés par la montagne, il est aussi un champion d’endurance, et l’un des derniers marcheurs suisses à avoir été classé à Paris-Colmar (525 km), l’épreuve reine du grand fond.
Cet attrait pour ce type de compétition est né de l’expérience de son père Gilbert, aujourd’hui décédé, qui avait participé à la version originale de cette épreuve, Strasbourg-Paris, puis à Paris-Strasbourg, dans les années 70.