Logo
Les trois vies de Sylvain Carrel
Sylvain Carrel. © Michel Duperrex

Les trois vies de Sylvain Carrel

10 novembre 2023 | Edition N°3579

Hockey – 2e ligue Défenseur du HC Yverdon, le Fribourgeois de 23 ans est aussi enseignant spécialisé technique à l’armée et, surtout, passionné d’aviculture. Celui qui s’occupe d’une quarantaine de poules arrive à tout concilier grâce à un sens aigu de l’organisation.

Mais pourquoi donc Sylvain Carrel a-t-il quitté le HC Bulle – La Gruyère, son club formateur, qui évolue aussi en 2e ligue et au sein duquel il était retourné la saison dernière, pour venir au HC Yverdon? «J’étais parti de Morges, qui évolue en 1re ligue, pour revenir à Bulle car j’ai obtenu un poste au sein de l’armée après avoir fait mon service militaire, et l’idée était de diminuer un peu la charge sportive pour me concentrer sur le travail. Désormais, je me suis familiarisé avec le monde professionnel, donc je peux de nouveau consacrer plus de temps au sport, et j’ai décidé de tenter un nouveau challenge.»

Alors qu’il cherchait un club, le Fribourgeois a été contacté par Jiri Rambousek, le directeur sportif du HCY. «Il m’a parlé du projet de reconstruire l’équipe, avec un noyau de jeunes, et m’a proposé un rôle un peu de cadre. Ça m’a plu, car cela correspond à mon travail, j’aime former les jeunes», explique celui qui est enseignant  spécialisé technique à l’armée.

Sylvain Carrel a aussi été séduit par le fait que le club de la Cité thermale ait un partenariat avec Forward Morges, ce qui lui permet d’aller s’entraîner de temps en temps dans son ancien club.

«J’ai commencé le hockey assez tard, à l’âge de 10 ans. Avant, je faisais du foot, mais j’ai toujours été un fan de Fribourg-Gottéron. J’imitais les actions de jeu que je voyais aux matches, à rollers et avec un goal d’unihockey, donc j’ai fini par changer de discipline. J’ai ensuite eu la possibilité d’aller faire la sélection à Morges, pour intégrer les juniors élite B. J’ai pu jouer là-bas et suivre le gymnase en filière sport-études. Quand tu es jeune et que tu n’as pas de permis, c’est un peu compliqué de faire les trajets entre Le Crêt, où j’habite, et Morges, donc on m’a trouvé une famille d’accueil, dans laquelle j’ai vécu deux ans et qui était fantastique, raconte le défenseur. C’était une très chouette expérience! J’ai beaucoup appris, et j’ai gagné en autonomie.»

Sylvain Carrel apprécie de pouvoir parfois repatiner avec le club du sud du canton. «Cela me permet de m’entraîner un cran au-dessus, de garder le niveau. Même si l’éthique de travail du HC Yverdon est restée élevée malgré la relégation.» En s’engageant avec le club de la Cité thermale, le hockeyeur de 23 ans a ainsi trouvé l’équilibre qui lui convient, sans se surcharger.

 

Au service de la patrie

Certains se rendent au service militaire en traînant des pieds. Sylvain Carrel, lui, a croché au point d’entamer sa vie professionnelle au sein de l’armée. «J’aime bien tout ce qui touche à la patrie, le respect et les liens de camaraderie qu’on peut avoir à l’armée. On y réalise des choses qui sont parfois hallucinantes et qu’on ne ferait pas dans la vie de tous les jours, et il y a des valeurs assez fortes», explique celui qui se charge d’enseigner le système informatique de la conduite et de la direction des feux de l’artillerie à Bière.

Après deux ans passés là-bas, l’enseignant spécialisé technique assure apprendre encore de nouvelles choses tous les jours, et les journées y sont variées. «On a un certain catalogue de formation, et on suit notre plan de leçons. Je forme tous types de publics, que ce soient des recrues pour l’instruction de base ou des personnes qui viennent se remettre à jour lors des cours de répétition, détaille-t-il. Et je remercie l’armée de m’avoir appris le sens de l’organisation en tant que militaire, parce qu’il en faut une bonne dose pour que je parvienne à tout concilier dans ma vie.»

 

Une visite à Ballenberg a fait naître sa passion pour les poules d’ornement

En dehors du hockey, Sylvain Carrel a une passion un peu plus surprenante: l’aviculture. Le Fribourgeois possède des perruches australiennes, des diamants australiens et, surtout, une quarantaine de poules d’ornement. «C’est vrai que ça fait sourire pas mal de gens, parce que c’est un centre d’intérêt assez inhabituel, surtout quand on est jeune», reconnaît-il.

Entre son travail et le hockey, quand trouve-t-il le temps de s’occuper de ses animaux? «J’essaie de m’organiser pour pouvoir le faire le soir. J’ai une systématique où je sais quelle quantité de nourriture il faut donner pour quelle durée, donc si un jour je vois que je ne pourrai pas m’en occuper, je prévois pour deux jours. Et c’est vrai que je suis bien content qu’on joue le vendredi, à domicile, avec le HC Yverdon, parce que ça me permet d’entretenir mes animaux le samedi.»

Le vingtenaire fait de la sélection avec ses poules. «Cela veut dire que j’ai une race spécifique, reliée à un standard parfait, dont j’essaie de m’approcher au maximum. On les fait se reproduire au printemps, puis je les élève jusqu’à la fin de l’automne, au début de l’hiver. Là, je fais le tri final, et je garde les sujets qui m’intéressent le plus pour le futur. Les poules qui sont écartées de la sélection sont vendues à des particuliers intéressés, ou bien je les donne à des copains.»

Ayant grandi à la campagne, Sylvain Carrel a toujours été assez proche des animaux. Lorsque sa famille a emménagé dans une maison avec un peu de terrain, ses parents ont décidé d’avoir quelques poules pondeuses. «C’était en 2012. À partir de là, j’ai commencé à me renseigner sur le sujet. Et, une fois, je suis allé à Ballenberg (ndlr: le Musée suisse de l’habitat rural), où il y a une race de poule par maison de ferme. Ça m’a marqué, car c’était magnifique. Du coup, j’ai regardé dans des livres et sur internet ce qu’étaient les poules d’ornement, et c’est comme cela que ça a commencé.»

Il a décroché un titre cantonal

Avec l’aide du menuisier du coin, celui qui vit au Crêt a monté des poulaillers et, avec l’expérience, a également conçu des volières extérieures qui permettent aux poules de sortir et d’entrer, mais qui sont hermétiques aux prédateurs, afin que ceux-ci ne puissent pas venir les manger. «J’aime bien tout ce qui est pratique et, comme ça, elles peuvent quand même sortir si je suis absent.»

En plus de faire attention à avoir des abris qui évitent les courants d’air et l’humidité, le Fribourgeois veille à donner une alimentation assez variée à ses protégées, avec cinq ou six sortes d’aliments différents. «Ce n’est pas une obligation, mais tu vois la plus-value, notamment sur le plumage. Pour le reste, il faut nettoyer la litière régulièrement, vermifuger les poules deux fois par année contre les parasites internes, et leur donner beaucoup d’amour…»

Désireux de faire perdurer une passion qui tend à s’éteindre, les éleveurs étant de moins en moins nombreux, Sylvain Carrel participe régulièrement à des concours. Et est devenu champion cantonal fribourgeois il y a deux ans. «Il fallait exposer un lot d’un coq et deux poules, ce qui est le mode d’exposition le plus courant en Suisse. Le juge évalue chaque animal séparément, et la plus haute moyenne des trois sujets réunis de l’exposition remporte le titre.» Une jolie récompense pour son travail.

Muriel Ambühl