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L’extension de la gravière passe la rampe

8 novembre 2016 | Edition N°1866

Baulmes – Cand-Landi pourra exploiter une parcelle voisine de son implantation actuelle, les opposants n’ayant pas fait valoir leur droit de recours.

Cet écrin de nature cher aux Baulmérans est au coeur des débats depuis plusieurs années. ©Duperrex-a

Cet écrin de nature cher aux Baulmérans est au coeur des débats depuis plusieurs années.

C’est l’épilogue d’un bras de fer qui fait rage à Baulmes depuis plusieurs années.

Présenté au Conseil communal en novembre 2012, le projet d’extension de la gravière des Ages avait fait l’objet, un an plus tard, d’une opposition collective munie de 153 signatures.

Jacqueline de Quattro, cheffe du Département du territoire et de l’environnement, a tranché, en septembre dernier, en faveur de l’exploitant Cand-Landi S.A., mais son verdict pouvait être contesté par le biais d’un recours auprès de la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal. Une opportunité que les opposants ont décidé de ne pas saisir. «Les chances d’aboutir étaient beaucoup trop faibles. Notre mobilisation aura au moins entraîné la réalisation d’une étude d’impact plus solide et la mise en place de meilleures mesures compensatoires», constate le biologiste baulméran Benoît Renevey.

«Pas dans l’illégalité»

Du côté de Pro Natura Vaud, l’autre contestataire, l’option du renoncement a aussi été prise. «Nous aurions eu peu de chances d’avoir gain de cause. Le projet n’est pas souhaitable, mais il n’est pas illégal », relève Michel Bongard, secrétaire exécutif de la section.

Le géologue cantonal Renaud Marcelpoix indique, pour sa part, que les engagements supplémentaires pris par Cand-Landi ont joué un rôle dans la pesée cantonale des intérêts. «2000 m2 ont été retirés du périmètre initial pour préserver des bosquets et la parcelle aura le statut de zone agricole protégée après sa remise en état. Des mares et des falaises seront aménagées pour les hirondelles de rivage durant l’exploitation, qui se fera par étapes, afin de limiter l’atteinte au paysage », tient-il à souligner.

La transformation d’une portion du territoire communal dont la beauté enthousiasme les promeneurs : voici précisément ce qui a poussé des habitants de Baulmes à monter au créneau. La promesse de redonner à l’endroit son visage initial après son exploitation ne suffit pas à convaincre dans leurs rangs. «La reconstruction des haies et des arbres -certains d’entre eux ont sans doute plus de 100 ans- prendra des dizaines d’années. Et il n’est pas sûr que certaines espèces, comme le pipit des arbres, fassent leur retour. Or cet oiseau dépendant des milieux semi-ouverts se trouve déjà dans une situation critique», déplore Benoît Renevey.

Le syndic de Baulmes Julien Cuérel salue, quant à lui, la concrétisation de l’extension, pour laquelle la Commune encaissera une redevance d’environ 2,5 millions de francs. Un montant providentiel dans l’optique de la rénovation de l’Hôtel de Ville et de la création nécessaire d’une structure d’accueil.

Des vérifications administratives, la planification de la remise en état des lieux, ainsi que la transmission, au Canton, de garanties de suivi du projet par des bureaux spécialisés, seront les dernières étapes à franchir avant l’octroi du permis d’exploiter à Cand-Landi.

Des besoins à anticiper pour les quinze prochaines années

La gravière des Ages fait partie du Plan directeur des carrières, entré en vigueur en juin 2015. Ce répertoire vaudois, qui englobe plusieurs emplacements entre Vallorbe et Concise, sera bientôt complété par un nouvel outil -le Programme de gestion des carrières-, en passe d’être finalisé par le Canton. «Des chantiers importants, comme celui de la gare de Lausanne, vont se succéder dans les quinze prochaines années, d’où la nécessité d’ouvrir suffisamment de gravières pour les alimenter. A l’heure actuelle, 30% de la matière première utilisée provient de l’étranger. Cela pose le problème de la sécurité de l’approvisionnement, sans oublier l’impact sur l’environnement lié aux émissions de CO2 des véhicules et les nuisances du trafic», relève le géologue cantonal Renaud Marcelpoix. Même si les réserves naturelles couvrent les besoins pour plusieurs générations, les matériaux alluvionnaires -sables et graviers- prélevés, entre autres, à Baulmes tendent à s’épuiser progressivement, ce qui a favorisé l’intégration, dans la planification cantonale, des sites à roches calcaires, concassées pour fabriquer des granulats. La carrière de La Combe Noire, au Lieu, est un exemple régional illustrant cette stratégie. «Son extension a reçu le feu vert de la Confédération et des services cantonaux concernés. La mise à l’enquête devrait donc démarrer prochainement», précise Renaud Marcelpoix.

Exploitant soulagé

Antoine Maillard, administrateur délégué de Cand-Landi S.A., se réjouit du feu vert donné à l’extension, qui permettra d’extraire entre 500 et 600 000 m3 de gravier sur environ dix ans «Nous essayons de déranger le moins possible, de préserver au mieux l’environnement», affirme le représentant de l’entreprise. Et de préciser que la gravière de Sergey, où seront acheminés la grande majorité des matériaux prélevés, est certifiée «Nature & Economie».

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Philippe Villard