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L’homme aux 40 000 autographes

10 janvier 2014

Pierre-André Hugentobler collectionne les autographes depuis plus de quarante ans. Sportifs, acteurs, chanteurs ou hommes politiques, le passionné ne recule devant rien.

Pierre-André Hugentobler détient plus de cent huitante albums remplis d’environ deux cent cinquante autographes.

Pierre-André Hugentobler détient plus de cent huitante albums remplis d’environ deux cent cinquante autographes.

Pelé, Zidane, David Douillet, Usain Bolt, Tom Hanks ou encore Albert de Monaco se côtoient parmi les nombreuses étagères del’Yverdonnois. Cet ancien policier de 68 ans a, en effet, une véritable passion pour les autographes. Depuis qu’il a 19 ans, ce grand passionné de sport collectionne les signatures de personnalités du monde sportif mais également du monde culturel ou politique. Son premier autographe ? Pierre- André Hugentobler s’en rappelle comme si c’était hier : «J’avais 19 ans, j’étais à une réunion de cyclistes au vélodrome à Lausanne, j’ai vu plusieurs champions du monde et là j’ai eu un déclic ! J’ai échangé quelques mots avec eux et c’est parti comme ça !»

Après plus de quarante ans de collection, le retraité a emmagasiné plus de quarante mille autographes. Cependant, malgré ce nombre impressionnant, il explique qu’il ne fait pas tout cela pour les chiffres : «Je ne compte pas mes signatures, c’est surtout le contact qui m’intéresse, c’est ce côté-là qui me passionne.» Afin de créer ce contact, Pierre- André Hugentobler a une méthode bien précise :

L’acteur Tom Hanks ainsi que l’actrice Sean Young font partie des quarante mille autographes de la collection.

L’acteur Tom Hanks ainsi que l’actrice Sean Young font partie des quarante mille autographes de la collection.

«Avec le respect et la politesse, vous allez n’importe où. Il faut choisir le moment, l’endroit mais il faut essayer, dans la mesure du possible, de ne pas approcher les athlètes le jour de la compétition.» Ce féru de sport précise qu’il a participé à trente-cinq éditions d’Athletissima et qu’il a, notamment, obtenu un autographe d’Usain Bolt. Son secret ? Il va voir les athlètes deux jours avant à l’hôtel, lorsque ceux-ci sont décontractés.

La patience est une autre qualité importante selon le collectionneur : «Il ne faut pas compter son temps ! J’ai attendu cinq heures et demie pour avoir une signature du groupe des L5 et une autre fois j’ai patienté pendant quatre heures et demie à Lausanne pour avoir un autographe de Pelé.» D’après lui, 99,9% des personnalités qu’il a approchés ont joué le jeu même s’il a quand même dû subir quelques refus : «Certains ont la grosse tête, c’est le cas de Barthez ou Vincent Lagaf’. Le premier a fait un coup de crayon sur mon livre et le deuxième a refusé de signer.»

Sans limite

Pierre-André Hugentobler pose fièrement avec David Oliver, champion du monde en titre du 110 mètres haies.

Pierre-André Hugentobler pose fièrement avec David Oliver, champion du monde en titre du 110 mètres haies.

Pierre-André Hugentobler n’a pas de limite. En effet, il avoue qu’il serait capable de faire trois cents kilomètres afin d’obtenir un autographe : «Si je ne suis pas sur mon vélo, c’est que je cours après les gens !», lance-t-il tout sourire. «Je fais beaucoup de bénévolat dans les manifestations sportives. Je croise, par exemple, régulièrement des personnalités régionales du monde du sport.» Cependant, le passionné avoue qu’il ne peut pas rencontrer tout le monde pour obtenir ces précieuses dédicaces. «J’écris tous les jours et j’envoie plusieurs lettres également », explique-t-il. «Je reçois, ensuite, mes autographes quelques mois après.» Pour les jeunes générations qui souhaitent faire comme lui, Pierre- André Hugentobler précise qu’ils ne doivent pas se précipiter : «Il faut approcher la personne tranquillement et demander quelque chose de faisable. Par exemple, quand je vais voir le Lausanne Sport, je vois des jeunes qui demandent des maillots dédicacés mais il faut savoir que les joueurs ne peuvent pas gaspiller des maillots comme ça !»

Une rencontre émouvante

S’il ne devait retenir qu’une rencontre, Pierre-André Hugentobler explique, visiblement ému, que ce serait celle avec Martin Gray, un rescapé du camp d’extermination de Treblinka : «C’est la personne qui m’a le plus touché, j’ai pleuré et je n’ai pas honte de l’avouer. J’ai lu son livre («Au nom de tous les miens») une vingtaine de fois, il me l’a dédicacé et c’était un grand moment !» Malgré toutes ces belles rencontres, Pierre-André Hugentobler ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : «Tant que j’ai envie je poursuivrai, j’espère que mes enfants et petits-enfants continueront après !»

Gianluca Agosta