Logo
La Région (pub top petite)
L’incroyable parcours de César Meylan et du Canada jusqu’au Qatar
Les Canadiens se sont souvent entraînés le soir au Qatar, afin d’éviter les grosses chaleurs. Ici, César Meylan (en noir) dirige avec le sourire Jonathan Osorio, Mark-Anthony Kaye et Samuel Piette. © Nathan Denette/The Canadian Press via AP

L’incroyable parcours de César Meylan et du Canada jusqu’au Qatar

8 décembre 2022

Préparateur physique, le fils de Bouillon a vécu la Coupe du monde de l’intérieur.

Pour le Canada, la Coupe du monde a démarré bien avant de mettre un crampon à Doha. Le chemin qui a mené l’équipe au Qatar a été long, très long. Il a nécessité vingt matches de qualification, au sein de la Concacaf. Un voyage entrepris en mars 2020.

L’épopée des Canadiens a même fait l’objet d’un documentaire en sept épisodes, disponible sur Youtube, sous la dénomination We Can, référence au célèbre slogan qui a accompagné Barack Obama et, à la fois, jeu de mot signifiant «Nous, le Canada.» Les épisodes suivent l’équipe tout au long des nombreuses étapes à franchir. «Ma fille, qui a 7 ans, a ainsi un peu pu voir comment se déroule mon travail, se réjouit César Meylan, qui fait partie de l’aventure depuis ses débuts. Et cela donne une bonne idée de ce qu’est la Concacaf. Car généralement, les gens ne réalisent pas vraiment ce que c’est que d’aller jouer à Haïti, au Salvador, au Honduras, etc.»

Directeur de performance pour la sélection de football du Canada, le Vaudois de 42 ans, fils du célèbre humoriste combier Bouillon, était de passage durant trois jours en Suisse, après l’élimination de l’équipe lors du Mondial au Qatar. Le temps de revoir parents et proches, avant de rejoindre sa famille pour des vacances bien méritées au Mexique, après plus d’un mois d’absence. «Cela m’a aussi permis d’aller à la Revue de Thierrens, que je n’avais plus vue depuis quinze ans!»

Spécialiste de la préparation physique, il avait vécu trois Coupes du monde féminines avant de connaître, au Qatar, son premier Mondial masculin. «Une expérience humainement fantastique, raconte-t-il. Les valeurs prônées au sein de l’équipe sont restées fortes, même si au bout du compte, on a été déçus d’être éliminés, et de ne pas être parvenus à obtenir un point. Au final, ça été beaucoup d’apprentissage.»

Au Qatar, les Canadiens ont d’abord largement dominé la Belgique, avant de s’incliner 1-0. Ils ont ensuite fait trembler la Croatie (défaite 4-1), puis le Maroc (2-1), sans parvenir à décrocher le moindre point. «Lors des deux premiers matches, on a encaissé un but juste avant la mi-temps, qui a fait mal. Cela dit, dans le jeu contre la Belgique, durant 25 minutes face à la Croatie, ou lors de la dernière heure de jeu contre le Maroc, on a montré de la vitesse, de l’agressivité et de l’énergie. La vraie identité de l’équipe, lance César Meylan. On ne voulait pas barricader derrière, comme le Costa Rica, par exemple. C’est peut-être un peu naïf, mais ça aurait pu fonctionner si on avait fait preuve d’un peu plus de réalisme. Au pays, les gens étaient fiers de la façon dont on a joué.»

Un sentiment partagé depuis un bout de temps déjà, lors du parcours de qualification des «Canucks», le surnom donné à l’équipe. Il a d’abord fallu dominer un groupe à cinq face à des petites nations caribéennes (quatre matches), puis disputer deux rencontres de barrage. Enfin, les billets pour le Qatar ont été validés lors de la phase nommée «l’Octogone», à huit nations pour quatorze parties en cinq fenêtres internationales. Une compétition remportée, notamment grâce à des victoires devant les Etats-Unis et le Mexique.

Une qualification qui a demandé beaucoup d’énergie avec, au temps des restrictions sanitaires sévères au Canada, six matches à domicile disputés aux Etats-Unis, en Floride et plus au nord durant les mois chauds. «L’entraîneur des gardiens s’est retrouvé à devoir travailler avec les ambassades pour pouvoir obtenir des autorisations exceptionnelles», sourit le Suisse de Canada Soccer.

Il y a aussi eu des séquences épiques, avec deux déplacements en Amérique centrale, par plus de 30 degrés, entourant un match au Canada, dans des températures négatives en plein mois de janvier. Le tout, en une semaine, avec les vols et toute la logistique nécessaire à gérer. Cela, entrecoupé de la Gold Cup 2021, où les Canadiens ont atteint les demi-finales.

«Au fur et à mesure des résultats, l’engouement est monté, se réjouit César Meylan. En novembre 2021, on a joué devant 50 000 spectateurs à Edmonton.» Une ambiance de feu retrouvée au Qatar, notamment contre le Maroc. «Il y avait la foule, on se serait crus à Marrakech!»

Il a également assisté à trois rencontres en tant que spectateur: Ghana – Portugal, Brésil – Suisse et Serbie – Suisse. «J’ai toujours rêvé de la voir jouer une fois à une Coupe du monde.» Dans l’avion pour le Mexique mardi, alors que la Suisse affrontait le Portugal, César Meylan s’est au moins épargné le calvaire final de la Nati…

 

Le Canada bien loin des polémiques

Si, en Europe, il n’y a pas un jour, depuis des mois, sans qu’on lise des prises de position contre la Coupe du monde au Qatar, tout semble bien différent ailleurs dans le monde.

Et au Canada, comment est perçu le tournoi? «Les discussions ont avant tout tourné autour de l’équipe nationale, pour qui une telle participation est historique, coupe César Meylan, établi dans la région de Vancouver. On a très peu entendu parler de tout ce qui concerne l’extrasportif.»

La famille de son épouse lui a bien posé quelques questions à propos des polémiques européennes, mais rien de plus. «Il faut aussi dire que le Moyen-Orient est très loin du Canada. Ce n’est pas la même relation géopolitique que celle que peut avoir l’Europe avec le Qatar.»

Sur place, lui a pris énormément de plaisir. «Les gens étaient super sympas, même si ceux que l’on côtoyait n’étaient pas des Qataris, mais des étrangers venus y travailler, relève-t-il. A part les super infrastructures de l’hôtel et du centre d’entraînement – où je me rendais tôt, bien avant l’équipe –, je n’ai pas vu grand-chose, hormis au lendemain de notre élimination, quand je suis passé par la fanzone.»

 

1986

Voilà 36 ans que le Canada n’avait plus disputé le Mondial. C’était alors au Mexique, et les «Canucks» y faisaient leur première apparition. L’édition 2022, au Qatar, aura donc été la deuxième expérience. A Doha, l’équipe de John Herdman a réussi à inscrire son premier but en Coupe du monde, par Alphonso Davies, contre la Croatie. Elle en a même marqué un autre face au Maroc, mais n’a pas été capable d’obtenir son premier point au Mondial. Ce n’est que partie remise.

 

«Pour le moment, j’évite de me projeter. J’ai besoin de respirer.»

César Meylan, à propos de la Coupe du monde 2026, qui se déroulera aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada, tout en évoquant déjà la Gold Cup 2023…