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L’incroyable parcours du pyromane

16 décembre 2013

La police a interpellé un incendiaire multirécidiviste en flagrant délit à proximité du Théâtre Benno Besson à Yverdon-les- Bains. Ce dernier a été placé en détention provisoire.

Le hangar CFF de la rue Saint-Roch a été entièrement détruit en septembre dernier.

Le hangar CFF de la rue Saint-Roch a été entièrement détruit en septembre dernier.

Le sujet était sur toutes les bouches, samedi matin, en ville d’Yverdon-les-Bains. «Il paraît qu’ils ont arrêté le pyromane.» Un raccourci, certes, mais le fait est qu’un Suisse, âgé de 47 ans, domicilié au centre-ville d’Yverdon- les-Bains, a bel et bien été interpellé, en flagrant délit, jeudi matin peu après 11h, par les inspecteurs de la Police de sûreté vaudoise. Et si l’enquête, actuellement menée par les inspecteurs de l’Identité judiciaire en collaboration avec les spécialistes du Groupe incendie de la Police de sûreté, devra établir l’implication de ce dernier dans tout ou partie de la septantaine d’incendies volontaires boutés dans la Cité thermale depuis le début de l’année, c’est peu dire que le parcours de l’homme laisse peu de place au doute.

En effet, celui qui depuis jeudi est placé en détention provisoire sur demande du procureur en charge de l’affaire, Patrick Galeuchet, est un multirécidiviste bien connu de la justice, puisque, comme le révélait Le Matin, ce dernier, surnommé «l’homme aux cent brasiers », a déjà écopé de plusieurs peines. Notamment, une de six ans de prison, en 1995, pour avoir déclenché 91 feux dans la région lausannoise, dont un à l’Etablissement cantonal d’assurance incendie.

Déjà aux Philosophes

Une peine qui n’avait malheureusement pas permis de calmer les pulsions de ce pyromane. En effet, ainsi que l’avait craint, avant son procès de 1995, l’expert psychiatre, qui «n’excluait pas un risque de récidive», l’incendiaire a malheureusement rejoué avec le feu le 1er avril 2010.

Ce dernier a alors mis le feu à un véhicule, dont il avait aspergé l’intérieur de térébenthine, dans un garage individuel, situé à la rue des Philosophes à Yverdon-les-Bains. Soit, à quelques pas à peine de l’endroit où, le 20 septembre dernier, un incendie volontaire était déclenché dans la cave d’un immeuble qui avait dû être évacué. Une bien étrange coïncidence. Un sinistre de 2010 dans lequel, en tous les cas, l’homme a failli perdre la vie s’étant alors retrouvé prisonnier des flammes et gravement intoxiqué. L’alerte donnée par deux adolescents avait finalement permis de le sauver.

Un énième acte criminel pour lequel il a été condamné, en mars 2011, à douze mois de prison ferme, comme l’avait préconisé le procureur de l’époque… Patrick Galeuchet. Une peine qui avait finalement été commuée en traitement psychiatrique en institution, afin de soigner et ses troubles mentaux et les nombreuses addictions de ce polytoxicomane. Ce qui n’avait par ailleurs pas empêché la présidente de l’époque de marteler au pyromane : «Malgré vos promesses de vous faire soigner, vous ne paraissez pas affecté par tout ça. Vous ne donnez pas l’impression d’avoir pris la pleine mesure de ce que vous avez fait.» Une analyse qui semble, hélas, se confirmer aujourd’hui.

 

Une étrange attitude avant son arrestation

L’arrestation du pyromane, jeudi, alors qu’il venait de mettre le feu à un container, situé à proximité du Théâtre Benno Besson, «n’a rien du hasard, mais est le fruit d’un important travail d’investigation», selon le porte-parole de la Police cantonale vaudoise Jean-Christophe Sauterel. En effet, selon nos informations, l’homme était bel et bien surveillé depuis plusieurs semaines.

Et ceci d’autant plus ces derniers temps, le travail d’enquête ayant permis de définir qu’il repasserait tout prochainement à l’acte. Reste que l’attitude de ce dernier, peu avant son arrestation, suite à laquelle il aurait dans un premier temps refusé de décliner son identité, est pour le moins étrange. En effet, toujours selon nos sources, ce dernier, après avoir bouté le feu, serait entré dans le théâtre afin de donner l’alerte. Face au peu de réactions, il aurait alors éteint lui même l’incendie à l’aide d’une poubelle en plastique. A-t-il subitement regretté son acte ? Se savait-il surveillé ? A-t-il eu peur d’avoir été remarqué par les ouvriers de la Ville qui travaillaient à proximité ? Autant de questions auxquelles l’enquête devra s’attacher à répondre.

Raphaël Muriset