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L’incubateur tient sa première naissance

6 mars 2013

Après deux ans dans l’espace d’Y-Parc réservé aux start-up, une nouvelle société va innover de ses propres ailes.

Sébastien Weber (ingénieur système) Mark Vincent, co-fondateur, Marc-Henri Primault, Jérôme Caillet et Michel Dommen (développeurs) vont quitter prochainement leurs locaux actuels pour le bâtiment situé en arrière-plan.

Créé en mars 2011, l’incubateur d’Y-Parc héberge dix entreprises au stade embryonnaire, un contingent duquel va se soustraire Sysmosoft à la fin du mois. Cette start-up fondée par Julien Probst et Mark Vincent, deux étudiants de l’Institut des technologies de l’information et de la communication (ICT) de la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD), est spécialisée dans la protection des données (lire plus bas). Elle arrive au terme de la période d’accompagnement de deux ans assurée par la pouponnière technologique yverdonnoise et déménagera prochainement dans le bâtiment CEI 3 d’Y-Parc, occupé par l’Etablissement cantonal d’assurance (ECA), poursuivant le parcours type imaginé pour les pensionnaires de l’incubateur.

Un délai approprié

«Cet endroit sert de trait d’union entre les instituts de recherche et développement de la HEIG-VD et le parc technologique», déclare Sandy Wetzel, directeur d’Y-Parc, précisant que, dans le cas de Sysmosoft, le délai de deux ans correspond au rythme de développement de la société. Il ajoute que la durée du séjour dans la pépinière de start-up nord-vaudoise a été déterminé sur la base d’observations et de statistiques réalisées dans les secteurs d’activités majoritairement représentés par les entreprises secondées, comme les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’électronique, la microélectronique et la micromécanique. «Ce délai ne serait pas approprié pour les entreprises dans les biotechnologies et les sciences de la vie, où les étapes cliniques sont plus longues», signale Sandy Wetzel. Pour autant, aucun contrat fixe n’étant signé avec les start-up, le laps de temps imparti tient du cadre théorique. «Nous effectuons des points de situation réguliers et pourrions très bien décider d’arrêter de d’accompagner une société si nous constatons, au bout de six mois ou une année, qu’elle a atteint son rythme de croisière», indique le directeur d’Y-Parc.

Deux départs préalables

Avant Sysmosoft, deux start-up, Combagroup et ViaCam Sàrl, ont déjà quitté l’incubateur. Arrivée au début 2012, la première citée, qui propose des solutions concernant l’automatisation de la culture de laitues, s’est tourné vers l’Agropôle de Molondin en septembre dernier, une structure plus adaptée à son domaine d’activités. Quant à la seconde, ses créateurs ont décidé de faire machine arrière car leur présence au sein de l’incubateur n’était pas pertinente à ce stade de leur développement.

Les incertitudes liées au lancement d’un business demandent de procéder à un accompagnement au cas par cas. Plusieurs occupantes de la pépinière ont d’ailleurs obtenu une prolongation d’un trimestre.

Sandy Wetzel indique qu’aucun échec n’a à ce jour été constaté parmi les jeunes sociétés hébergées dans la périphérie de la ville d’Yverdon. Il explique un tel résultat par la rigueur du processus de sélection à l’entrée. Une fois choisies, les start-up se voient attribuer des bureaux privés et des ateliers à bas prix, bénéficient de services mutualisés (accueil, réseaux informatiques), d’une mise en relation avec des prestataires publics et parapublics susceptibles de les encadrer, et ont la possibilité de sous-traiter les tâches chronophages (gestion administrative, des RH et comptabilité).

Le directeur tient toutefois à rappeler que, à l’instar de ses hôtes, l’incubateur d’Y-Parc n’est pas vieux: «On apprend en faisant», observe-t-il. Les échéances chonologiques du suivi des start-up ne sont par exemple pas encore fixées de manière uniformisée. «Nous allons formaliser tout cela. A priori, un pointage sur des paramètres bien définis aura lieu tous les trois mois auprès de chaque structure», affirme Sandy Wetzel. Il ajoute que, dans le cadre du projet Innovaud déjà évoqué dans nos colonnes, un conseiller en innovation va rejoindre prochainement l’équipe d’Y-Parc. De quoi favoriser encore un peu plus l’émergence d’autres Sysmosoft.

 

La start-up spécialisée dans la sécurité mobile est déjà présente en Arabie Saoudite et au Luxembourg

Sysmosoft veut poursuivre sa croissance à l’international

Co-fondateur de la société en passe de quitter l’incubateur, Mark Vincent avoue que l’objectif visé par sa structure est de s’implanter hors de nos frontières. «Nous devons grandir pour suivre la concurrence, essentiellement composée d’entreprises américaines», indique le jeune entrepreneur.

L’aventure Sysmosoft a commencé en 2010, dans le but de commercialiser les fruits d’un projet de diplôme réalisé dans le cadre de l’école d’ingénieurs. Le tandem qu’il formait initialement avec Julien Probst a rapidement été rejoint par Frédéric Maugère, également étudiant de la HEIG-VD. Désireux de quitter leur bureau au sein de l’école pour évoluer dans un environnement professionnel, les trois associés ont pu intégrer la structure d’accompagnement d’Y-Parc, qui voyait le jour parallèlement à leur start-up. «Nous n’avons pas eu à présenter notre candidature car l’intérêt était de commencer à occuper les lieux. Stefano Ventura, le facilitateur de l’incubateur, était le directeur de notre institut. Il a dû nous appuyer», commente Mark Vincent.

Bientôt rejoints par un quatrième larron, les membres de Sysmosoft, dont le savoir-faire consiste à développer des solutions iPad, iPhone et Android pour protéger les données sensibles des clients, ont établi leurs quartiers dans l’un des modules dévolus aux start-up d’Y-Parc. Alors que son déménagement est imminent, la société compte dix collaborateurs, répartis dans un espace correspondant au double de celui d’origine. L’investisseur trouvé l’année dernière permet à Sysmosoft de continuer sa croissance avec, dans le viseur, l’Arabie Saoudite, le Luxembourg, Singapour, puis le Canada.

«Nous allons partager un espace de 400 mètres carrés avec la société Netguardians, également spécialisée dans la sécurité informatique. Un pôle de compétences est en train de voir le jour», se réjouit Mark Vincent, qui, en deux ans, a vu s’agrandir notablement l’incubateur. 

 

Ludovic Pillonel