Logo

Loin de tout, proches des chevaux

11 juin 2025 | Textes et photo: Elisa Oltra
Edition N°3957

Vivre à plus de 1000 mètres d’altitude et performer sur le circuit de compétition poneys, c’est le défi relevé en toute simplicité par les trois sœurs de la famille Genoud.

Par un mardi après-midi ensoleillé de mai, nous avons pris de la hauteur et mis le cap sur Bullet pour y rencontrer les sœurs Genoud, toutes trois cavalières de concours en catégorie poneys (moins de 16 ans). À la sortie du petit village du Balcon du Jura, saturé de trafic en raison de la fermeture de la route menant à Sainte-Croix, on chemine en direction de la ferme familiale isolée, qui offre une vue imprenable sur la plaine de l’Orbe et le lac de Neuchâtel, avec les Alpes en arrière-fond.

Si le cadre est unique, le mode de vie des trois sœurs l’est aussi. Alors que les jeunes filles de leur âge passent le plus clair de leur temps libre dans les manèges et les centres équestres, où leur compagnon à quatre pattes vit sa vie de pensionnaire, leurs poneys s’ébattent pour ainsi dire dans leur jardin, et elles pratiquent leur passion en totale liberté. Ainsi, pendant que nous allons chercher au pré Derrylough Daisy, la ponette de l’aînée Kelly, et Cinq Sous de Mons, la nouvelle recrue de la cadette Océane, la benjamine Garance nous rejoint au petit trot, à cru et au licol, sur son adorable Bollera Boslust, dite Luna, une ponette louée à la famille Leuba, de L’Auberson.

Un lien particulier

C’est cette proximité qui permet aussi aux sœurs Genoud de créer une relation particulière avec leurs poneys: «Ils sont toute notre vie. De toute manière, ce n’est pas un sport où il suffit de mettre des baskets et d’aller courir, là, on est avec eux du matin au soir. Il y a un lien incroyable entre nous.»

Il ne faut pas s’y méprendre: si avoir ses chevaux à la maison offre une grande liberté, cela s’accompagne aussi de sacrées responsabilités. Les animaux, c’est sept jours sur sept, 365 jours par an. Et là, pas question de laisser leur maman ou leur papa – qui a fort à faire avec une cinquantaine de vaches laitières – se débrouiller seuls! Bien au contraire.

Depuis qu’elles sont toutes jeunes, le trio met volontiers la main à la pâte, et la famille a mis en place un système de points, à la fois gratifiant et responsabilisant. «Un point, c’est 5 francs. Quand on donne un coup de main, on reçoit des points qui permettent de payer les concours», explique Kelly (15 ans), qui travaille aussi quelques heures par semaine dans une écurie à Sainte-Croix. «Quand on voit comment s’occupent certains de nos camarades après l’école, toujours devant les écrans, on préfère cela, c’est le paradis!» complètent ses sœurs, également scolarisées au collège de la Poste à Sainte-Croix.

Le prix de la liberté

Il faut dire qu’à Bullet, les trois cavalières vivent au cœur d’un vrai petit paradis en bordure de forêt. En plus de la partie bétail du domaine – dans la famille depuis plus de 20 ans –, les Genoud ont aménagé une écurie pour les chevaux, qui ont aussi droit à de grands pâturages.

Au total, une trentaine d’équidés y vivent, dont une vingtaine appartenant à des pensionnaires. Une partie d’entre eux vit en stabulation libre. Les installations sont complétées par un petit paddock extérieur en sable – avec probablement la plus belle vue du district! –, un rond de longe intérieur et une piste de galop de près de 4 km. L’hiver, celle-ci se transforme en piste de skijöring. Sans manège intérieur et à plus de 1000 mètres d’altitude, les hivers sont rudes, mais fun! «Un de nos poneys, Weydown Honey Buzzard, qui avait fait les Championnats de Suisse d’attelage, adore cela», explique la maman, Aline.

Le revers de la médaille, c’est le fait d’être loin de tout, faisant de chaque entraînement à l’extérieur et de chaque compétition un vrai périple. Les filles s’entraînent avec leur maman, qui les coache aussi en concours, mais elles prennent aussi des cours de dressage avec l’écuyère du coin Laurie Gander et vont sauter à La Mauguettaz, chez Vincent Deller, dans le cadre des cours proposés par le Club équestre du Nord vaudois (CENV). Les qualités de celui-ci seront résumées en un mot et en cœur: «Incroyables!»

Outre le temps passé sur les routes, la famille doit aussi jongler avec le rythme de la ferme. Deux jours après notre rencontre, le trio et leur maman partaient pour quatre jours au concours de Sion, une sacrée organisation. Sans compter que dénicher des poneys pour équiper les trois jeunes filles est devenu un vrai chemin de croix, le prix des montures pour pratiquer ce sport déjà globalement cher ayant pris l’ascenseur. Mais avec un peu de chance, beaucoup d’huile de coude et une bonne planification, les Genoud prouvent que rien n’est impossible.


Quezane comme trait d’union

La star de la famille, c’est la ponette de 16 ans Quezane de la Broye CH, qui avait permis à Kelly de décrocher le titre de championne vaudoise et la 3e place du classement annuel du Tour Or du Poney Sport Romand, l’an dernier. Fille de l’étalon superstar Machno Carwyn, double champion d’Europe poneys avec la Fribourgeoise Faye Schoch, l’alezane a collectionné les classements et compte plus de 35 podiums à son actif.

La plupart ont été réalisés avec Kelly, qui l’a montée de 2021 à 2024, mais Océane a repris le flambeau avec déjà plus de dix classements dans le trio de tête.

À Sion, il y a peu, les sœurs ont d’ailleurs chacune fait un tour de piste avec leur ponette de cœur: «C’est la meilleure, elle aime sauter et elle est si régulière. Elle ne vieillit pas et a toujours la même envie. On a de la peine à se dire qu’un jour, elle prendra sa retraite. Avec ses origines de fou, on espère qu’elle fera des poulains.» Rien qu’en évoquant cette possibilité, les yeux des trois sœurs s’illuminent.


Kelly, Océane et Garance forment un trio complémentaire

Si elles ont les trois un caractère bien affirmé et partagent l’amour du cheval bien avant l’obsession des résultats, les sœurs Genoud ont chacune leurs atouts.

Kelly est décrite par ses cadettes comme étant celle qui a le plus la niaque. Cet été, une fois sa scolarité terminée, elle entamera un apprentissage de professionnelle du cheval au Chalet-à-Gobet. Sur les hauts de Lausanne, l’amazone de 15 ans bénéficiera notamment des conseils de Mélody Johner, qui compte deux participations aux Jeux olympiques (Tokyo 2020 et Paris 2024) en concours complet (4e par équipes à Versailles) à son actif, ainsi que de son époux Benoît, également cavalier de Grand Prix.

De son premier concours interne, où elle était tombée sept fois, à ses premières réussites en compétition officielle, la Bullatonne n’a jamais baissé les bras. Même en ce moment alors que les choses ne se passent pas comme escompté avec sa ponette Derrylough Daisy: «Je galère, c’est une ponette très compliquée au saut. C’est la raison pour laquelle on a trouvé un autre poney pour mes sœurs. Comme je ne suis pas très grande, j’espère pouvoir la garder durant mon apprentissage pour faire du dressage, car elle est excellente dans cet exercice.»

Océane (13 ans) est décrite comme étant la plus patiente. Élève en 10H, la «scolaire» de la bande rêve de monter un jour un Tour Master, soit le plus haut niveau poney en Suisse. Depuis peu, elle peut compter sur le bel hongre de 13 ans Cinq Sous de Mons, 5e au concours du Plan-Jacot à Bevaix le mois dernier.

Quant à la petite dernière Garance, écolière en 7H, elle est réputée pour sa persévérance et, sur le plan technique, la qualité de sa main. Elle a commencé les concours l’an dernier, notamment avec Bollera Boslust.

Pour toutes les trois, monter à cheval était comme une évidence. «On est nées ici, c’est venu tout seul. Notre maman monte aussi depuis qu’elle est toute petite, on a toujours eu des poneys et des chevaux autour de nous», expliquent-elles.

Résumé de la politique de confidentialité

La Région S.A.s'engage à protéger votre vie privée. Contactez-nous si vous avez des questions ou des problèmes concernant l'utilisation de vos données personnelles et nous serons heureux de vous aider.
En utilisant ce site et / ou nos services, vous acceptez le traitement de vos données personnelles tel que décrit dans notre politique de confidentialité.

En savoir plus