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Louer votre place de parc à un privé

16 octobre 2013

Pour tenter d’offrir une réponse au manque de places de stationnement dans les villes de Suisse romande, dont Yverdon-les-Bains, un habitant d’Epalinges a décidé de lancer un site de partage de places privées.

Le concept de «Shared Parking» permet de louer une place, à l’heure, à la semaine ou au mois, lorsque son propriétaire ne l’utilise pas. Un concept qui a déjà séduit près de 7000 utilisateurs.

C’est une expérience personnelle qui a poussé, en 2007, Azzedine Lachhab, 39 ans, a créer le site «Shared Parking». «J’habite à Epalinges où je dispose d’une place de stationnement, mais la journée je travaille à l’extérieur et j’ai besoin de mon véhicule. Aussi, lorsqu’un ami m’a dit qu’il ne trouvait pas de place dans le secteur où je réside, je lui ai proposé de lui louer la mienne.»

Une idée que le fondateur de ce qui deviendra une véritable plate-forme de partage de places de stationnement décide de développer à plus grande échelle. Et ce partant du simple constat que, comme lui, plusieurs locataires n’utilisent pas leur place de parc la journée et, inversement, que près de 20% des places de parc de son quartier, occupées par des commerçants, sont libres le soir.

«Je me suis alors dit que beaucoup de personnes ayant une place de parc à disposition, mais qu’ils n’occupent pas forcément toute la journée, pourraient alors être intéressées par le concept.»

Et les chiffres semblent lui donner raison, puisqu’aujourd’hui près de 7000 personnes, en provenance principalement de Suisse romande, sont inscrites sur la plate-forme. «Un chiffre qui ne cesse de croître, puisque depuis le mois de décembre dernier, nous enregistrons une hausse de 30% du nombre d’utilisateurs», se réjouit le fondateur de «Shared Parking».

Des utilisateurs parmi lesquels figurent, notamment, beaucoup de personnes qui travaillent à temps partiel ou des étudiants pour qui il est intéressant de pouvoir partager le prix d’une place qui devient de plus en plus difficile de s’offrir dans les villes. «Sans oublier, dans une ville comme Yverdon-les-Bains, les frontaliers et les personnes venant de petits villages qui ne peuvent pas se passer de la voiture », explique Azzedine Lachhab.

Trafic diminué

A l’instar de cette maîtresse enfantine, habitant Pailly, qui, comme une vingtaine d’autres personnes, cherche une place de stationnement dans la Cité thermale. «En effet, je travaille dans un collège et, avec mon bébé de trois mois à amener chez la maman de jour avant d’enseigner, il m’est impossible de devoir chercher une place au dernier moment», écrit-elle sur le site.

Une solution de partage en apparence séduisante qui, «si en plus de permettre un partage des coûts et une meilleure utilisation des places permet également de limiter une grosse partie du trafic généré par les automobilistes à la recherche d’une place et, par la même occasion, de participer à la réduction des émissions de CO2», comme l’explique Azzedine Lachhab, ne fait pourtant pas l’unanimité.

«Certaines municipalités de grandes villes, qui de toute manière ne veulent pas développer leur offre en matière de stationnement, craignant que ce système contribue à faire un appel d’air», admet le fondateur du site.

Des craintes qui, pour l’heure, ne sont pas partagées à Yverdon-les-Bains, où la révision du plan de stationnement a mis, un peu plus encore, les problématiques liées aux places de parc sur le devant de la scène. Le responsable de la filière mobilité de la Ville, Luc Tomasetti, jugeant le concept «d’alternative louable, en tous les cas, dans les proportions qu’elle occupe aujourd’hui à Yverdon-les-Bains».

 

Le nombre de places à Yverdon-les-Bains

Selon la plaquette de présentation de la révision du règlement du stationnement publiée par la Municipalité d’Yverdon–les–Bains, «aujourd’hui comme demain, Yverdon-les-Bains disposera d’environ 6500 places de stationnement sur l’espace public».

Des chiffres qui, dans la pratique, «incluent toutes les places privées accessibles au public, comme celles disponibles, par exemple dans les centres commerciaux», concède Luc Tomasetti, avant d’estimer à environ 4000 le nombre de places disponibles sur le domaine public et donc accessibles jour et nuit.

Raphaël Muriset