L’union fait la force
4 juin 2025 | Texte: Maude Benoit | Photos: Gabriel LadoEdition N°3954
Les conseils généraux des deux communes ont accepté la convention de fusion lundi soir. Un événement de bon augure en vue de la votation populaire qui fixera l’avenir commun ou non des deux villages.
«Fusion». Le mot qui fait trembler nombre de communes du canton de Vaud. Chez certaines, cependant, l’idée fait son chemin un peu plus sereinement que chez d’autres. En route depuis décembre 2023 dans les esprits des communes de Mathod et de Suscévaz, le projet a franchi une nouvelle étape lundi soir. La convention de fusion qui verrait naître la commune de Mathod-Suscévaz a été acceptée par les deux conseils généraux organisés simultanément.
Les dés n’étaient toutefois pas jetés. À Suscévaz, dix conseillers se sont fait assermenter spécialement pour ce vote. Au final, le résultat y a été positif avec 20 «oui», 7 «non» et une abstention. Du côté de Mathod, on dénombre 44 «oui», 8 «non» et une abstention. «La population nous a envoyé un message aussi clair qu’encourageant et nous a montré qu’elle avait aussi besoin d’aller de l’avant», commente Eliane Piguet, syndique de Mathod. Un résultat qui est aussi le fruit d’un grand travail de communication et de discussion avec la population qui a pu poser ses questions à plusieurs reprises. Ainsi, «le train passe et nous pouvons monter dedans de manière sereine, tout en maîtrisant la situation», ajoute-t-elle.
«On fusionne des communes, pas des villages»
C’est la phrase qui a été énoncée lors de la présentation de la convention de fusion. En effet, il est souvent difficile pour les villages aux fortes identités de fusionner, au risque de perdre leur âme respective. Comme ailleurs, la question s’est posée pour la future commune de Mathod-Suscévaz. Le sujet du nom («pourquoi Mathod-Suscévaz et pas Suscévaz-Mathod»?) et de l’emblème était d’ailleurs sensible. Toutefois, les communes ne sont pas non plus étrangères l’une à l’autre. «Nous avons déjà plusieurs sociétés locales en commun, c’est peut-être ça qui a facilité la discussion», explique la syndique des Mathoulons. Pierre-André Tharin, syndic de Suscévaz, abonde également en ce sens en ajoutant que les communes vont pouvoir «s’appuyer sur les liens qui unissent déjà les deux villages» pour faciliter la fusion.
Fusion de raison, avant d’être poussé par le Canton
«Il s’agit avant tout d’une fusion administrative, affirme la syndique. Elle permettra d’avoir une administration plus disponible pour la population et d’avoir une meilleure capacité d’investissement.» De plus, avec cette union, la future commune devrait, à terme, atteindre la barre des 1000 habitants. Un nombre symbolique qui lui permettra d’être mieux représentée sur le plan régional et d’avoir plus de poids sur le plan cantonal. Pour les deux communes, c’est l’opportunité de prendre les devants face aux pressions du Canton qui pousse aux fusions, tout en gardant la maîtrise de la situation.
«Il faut aussi penser à la relève, faire en sorte qu’une nouvelle génération s’investisse. Car j’ai quand même le souci qu’il n’y ait plus personne pour s’asseoir autour de la table et discuter des affaires communales», confie le syndic des Susçons. À noter que si la fusion est acceptée, la législature sera allongée de six mois, jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle commune fusionnée au 1er janvier 2027.
Pierre-André Tharin souligne toutefois que «la convention ne reste qu’une étape dans le processus». Prochain objectif donc, préparer la votation du 28 septembre où les villageois devront se prononcer si oui ou non, ils acceptent de devenir des Mathoulons-Susçons.