Main dans la main pour parler cancer
9 janvier 2025 | Textes: LENA VULLIAMY | Photos: Michel DuperrexEdition N°3866
Pour combler un manque dans la région, Chloé Tissot-Daguette et Isabelle Küffer ont créé Et si on parlait cancer. à travers des ateliers thématiques, l’association vise à accompagner – pendant et après – les personnes atteintes de cette maladie.
En décembre 2022, Chloé Tissot-Daguette vient de sortir de sa mastectomie quand elle se rend chez son hypnothérapeute Isabelle Küffer. On lui annoncera plus tard qu’elle est atteinte d’un cancer du sein hormonodépendant. Hasard du destin, Isabelle sera diagnostiquée elle aussi deux mois plus tard.
L’amitié entre les deux femmes se soude et elles s’accompagnent mutuellement dans leur parcours à travers la maladie. Pour Isabelle et Chloé, force est de constater que malgré la Ligue vaudoise contre le cancer ou La Cassya, il manque dans la région un espace de discussion, un forum pour créer de la sororité, pourtant primordiale dans la traversée d’une telle tempête. C’est pourquoi elles ont lancé en décembre dernier une association baptisée Et si on parlait cancer (ASPC), dont l’inauguration se tiendra le 20 janvier à Yverdon.
Un lundi par mois
Le concept imaginé par les deux femmes est le suivant: un lundi par mois, entre 18h et 20h au local de Mum to Be à la rue des Remparts 20, des prestataires familiers avec le milieu oncologique dispenseront des ateliers.
Ces rendez-vous porteront sur des thématiques liées au cancer et, surtout, à l’après-maladie. «Parce qu’au moment des traitements, on est très accompagné, c’est presque invasif. Je me suis amusée à compter le nombre de professionnels à qui j’ai eu affaire: je suis arrivée à 73», révèle Isabelle Küffer, rappelant que dès le moment de l’annonce, la prise en charge est extrêmement rapide, même brutale, car le quotidien change du jour au lendemain et la priorité devient le traitement du cancer. «Mais ensuite, il n’y a plus rien. On ne nous prépare pas à l’après. Les médecins et l’entourage ont envie de tourner la page, mais ce n’est pas si simple.»
Les sujets abordés iront de la réappropriation de l’image de soi à la gestion des douleurs, en passant par la thématique des effets secondaires et de la fatigue.
Pour rendre l’espace le plus accessible possible, et parce que la question financière est parfois délicate pendant la maladie (tout n’est pas pris en charge pas la caisse maladie), l’entrée sera libre et il ne sera pas obligatoire de payer des cotisations. Un QR Code sera cependant affiché et les deux femmes sont en pleine recherche de fonds.
Le début d’un réseau
Loin de vouloir cantonner leur projet à ces réunions, Isabelle et Chloé aimeraient créer un réseau, s’alliant aux autres associations, aux gynécologues, plasticiens et oncologues de la région. Elles ont aussi eu un retour favorable des EHNV, même si elles tiennent à organiser leurs rencontres en dehors de l’hôpital. «Le personnel est véritablement incroyable, mais on en a marre des blouses blanches. On veut amener de la légèreté au milieu de ce processus qui peut être très lourd.»
Partager les vécus permettra ainsi de développer une boîte à outils, aussi pour que chacune se rende compte qu’elle peut être actrice de son parcours médical. «Si vous n’êtes pas d’accord, si vous n’avez pas compris, dites-le. C’est un travail d’équipe.» Les deux coprésidentes, bientôt rejointes par une troisième acolyte, seront d’ailleurs à l’écoute des demandes pour l’élaboration des futures thématiques.
Le cancer du sein, maladie omniprésente
Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique révèlent qu’une femme sur huit développe un cancer du sein en Suisse. 6500 cas sont détectés et 1400 décès sont recensés chaque année, faisant de cette maladie la principale cause de mortalité chez la femme. L’occasion de rappeler que pour pouvoir traiter un cancer du sein le plus tôt possible, il est primordial de faire de l’autopalpation. En cas de creux ou de nodules, de rougeurs ou d’autres changements visibles ou ressentis de la peau, ou autres modifications anormales de l’aspect des mamelons, il faut prendre contact avec son gynécologue.
Infos pratiques
Et si on parlait cancer: premier atelier le 24 février. Informations sur les comptes Facebook, Instagram et Linkedin, par mail à contacter.aspc@gmail.com ou en contactant Isabelle Küffer (078 805 34 32) ou Chloé Tissot-Daguette (078 692 67 69).