Biathlon – Les soeurs Selina, Elisa et Aita Gasparin étaient de passage à Champagne, hier, pour un film promotionnel de leur sponsor, Roland, à la Fabrique Cornu S.A. Rencontre avec l’aînée du trio.
En marge de ses activités d’ambassadrice pour la marque Roland de Champagne, la vice-championne olympique Selina Gasparin a pris, hier, le temps de raconter à La Région Nord vaudois sa double vie d’athlète de pointe et de maman.
Selina, vous avez repris la compétition la saison dernière après une pause maternité. Parlez-nous de cette nouvelle vie…
J’ai dû apprendre à jouer deux rôles. D’un côté, il y a le plan sociétal, où je suis maman et épouse. D’un autre, je suis l’athlète égoïste. J’aime beaucoup cette situation, même si cela a demandé un gros travail sur le plan logistique. Afin d’éviter des allers et venues chez les grands-parents, nous avons confié la garde de notre fille à une nounou hongroise. Ce n’est pas facile, parce qu’il faut quand même tout prévoir, organiser, planifier. On a fondé une Sàrl avec mes deux soeurs, au sein de laquelle nous employons deux personnes: la nounou de ma fille et notre coach privé, Martin Janousek.
L’hiver dernier a été celui de votre retour en Coupe du monde. Comment jugez-vous votre bilan, dans ce contexte particulier?
Sans suprise, j’ai eu de la peine au tir en début de saison. Il est courant que les biathlètes qui reviennent à la compétition après une grande pause rencontrent des difficultés au tir, en épreuve. Car les entraînements sont une chose, la compétition en est une autre. Vers janvier, j’ai vraiment retrouvé mes marques. Il y a eu une 5e place à Ruhpolding, puis le podium (réd: 2e rang) à Anterselva. Ensuite, mes Mondiaux ont été très mauvais. Avant ces Championnats du monde, mon étourage et moi étions face à un dilemme. Fallait-il participer à la tournée nord-américaine et disputer toutes les courses ou, au contraire, en faire l’économie et me préparer spécifiquement pour les Mondiaux, en entraînant chez moi les fondamentaux. Pour des raisons notamment de classement des nations, on a opté pour la première solution. Cela m’a empêchée de faire du travail spécifique et a péjoré mes performances à Oslo.
La saison 2015-2016 est derrière vous. Vous travaillez évidemment déjà d’arrache-pied en vue de l’hiver prochain. Comment se trame une journée-type de votre préparation, actuellement?
Elle se compose de trois séances d’entraînement, une le matin et deux l’après-midi. L’une d’elles est consacrée au tir, les deux autres au physique. Leur programmation, leur contenu et leur intensité sont variables. Pour le physique, on fait soit du ski à roulettes, soit de la course à pied, du vélo ou de la force. Je m’entraîne beaucoup avec mes soeurs et on a deux ou trois semaines de camps d’entraînement avec l’équipe nationale par mois.
Au fil de la préparation, quels sont les éléments qui vous permettent de déterminer le niveau auquel vous évoluez?
C’est compliqué. Je peux recueillir des enseignements en confrontant les résultats de mes tests à Macolin à ceux des saisons précédentes. Je peux également comparer mes chronos à ceux de mes compagnes d’entraînement. Mais si, l’an dernier, j’avais une minute d’avance et cette fois-ci je n’ai plus que 55 secondes sur un même tronçon, c’est difficile de déterminer ce que ça signifie. Ai-je le même niveau et les jeunes ont progressé -au stade de leur carrière, elles sont obligées de le faire-? Les jeunes ont-elles beaucoup progressé et moi aussi un peu? Ou encore ai-je régressé et permis aux autres de combler un peu l’écart? La seule réalité, l’unique moyen de se jauger, c’est la compétition. Le premier week-end de Coupe du monde livre ses verdicts.