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Marais sous hautes températures

4 juillet 2025 | Texte: Maude Benoit Photo: Gabriel lado
Edition N°3971

L’été à peine commencé, il est déjà caniculaire. Ses effets, encore difficilement mesurables, pourraient impacter la faune et la flore de la Grande Cariçaie.

Il fait chaud, très chaud. Une information qui ne doit certainement pas avoir échappé à notre cher lectorat. Si les humains souffrent de cette chaleur, la faune et la flore aussi.

Dans le Nord vaudois, la Grande Cariçaie – cette zone marécageuse du bord du lac de Neuchâtel qu’on ne présente plus – abrite un nombre important de populations animales et végétales tributaires des zones humides, voire aquatiques. Libellules, truites lacustres, rainettes vertes, tritons alpestres, couleuvres à collier, grands cormorans ou encore castors, autant d’espèces qui s’épanouissent dans cet écosystème aqueux.

«Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de la canicule que nous vivons sur les populations animales de la Grande Cariçaie, explique Sophie Marti, biologiste coresponsable des suivis de la faune, hormis les oiseaux. En effet, c’est seulement sur le long terme qu’on pourra évaluer un impact de la canicule sur la reproduction et donc d’éventuelles diminutions de populations, par exemple dès l’an prochain, au moment du décompte du nombre d’individus. Actuellement, il y a toujours de l’eau dans les marais, grâce aux intempéries de 2024 et à celles du début d’année. Toutefois, «la canicule est déjà longue et d’ampleur importante. Et nous ne sommes qu’à la fin du mois de juin, continue Sophie Marti. Si elle se poursuit avec peu de précipitations, cet été pourrait avoir un impact important sur les populations de la Grande Cariçaie.»

À sec

Empiriquement, les effets des chaleurs caniculaires s’observent notamment au niveau des étangs. Certains, peu profonds ou moins profonds que d’autres peuvent s’assécher. Un phénomène qui perturbe la reproduction de certaines espèces au moment de la ponte des œufs. Ensuite, si certaines espèces d’amphibiens et d’insectes arrivent à s’adapter aux eaux peu profondes ou à l’assèchement pendant une courte période, sur le long terme et à grande échelle, leur développement risque d’être troublé.

«Il y a aussi la question de l’effet de l’augmentation de la température de l’eau des étangs qui devra certainement être posée à l’avenir», réfléchit tout haut Sophie Marti.

Un ou deux ans ça va, trois en revanche…

Un été caniculaire n’est pas synonyme de dépeuplement irrémédiable. Les espèces, en fonction de leur adaptabilité, sont souvent en mesure de survivre à un été particulièrement chaud avec peu de précipitations. «Ce qui est problématique, c’est le cumul d’événements extrêmes comme les sécheresses», explique l’experte. À ce titre, les étés 2022 et 2023 ont été particulièrement secs et une diminution importante des individus a pu être observée. A contrario, l’été 2024 ayant été très humide, plusieurs espèces ont vu leur population reprendre du poil de la bête. «Mais pas suffisamment pour recoloniser complètement ce qui avait été perdu.»

Si l’assèchement de certains étangs devenait définitif, des populations seraient poussées à se déplacer. Or, certaines, en dehors de la Grande Cariçaie, n’ont plus de biotope adapté à leurs besoins. C’est le cas, notamment de la déesse précieuse (Nehalennia speciosa), la plus petite des libellules indigènes.

La déesse perd ses autels

Petit invertébré vivant dans les marécages, la déesse précieuse est l’une des espèces que les canicules menacent le plus. En 2022 et 2023, nombre de prairies humides qu’elle affectionne pour sa reproduction ont été asséchées impactant fortement le nombre d’individus. Si les conditions humides de l’année passée lui ont offert un répit bienvenu pour reconstituer ses populations, la canicule actuelle menace à nouveau son équilibre.

Éteintes en France et présentes en petit nombre au bord du lac de Zurich et au sud de l’Allemagne, les prochaines populations importantes se trouvent en Suède. À long terme, l’éventuelle perte de leur habitat dans la Grande Cariçaie serait donc préoccupante pour l’espèce.

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