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Marjorie Roulin, la femme au pistolet d’or

5 mars 2014

Tir sportif – La Chavornaysane des Pistolet-Carabiniers d’Yverdon est devenue championne vaudoise élite à 10 mètres. Rencontre.

Marjorie Roulin défendra ses chances à Berne vendredi.

Marjorie Roulin défendra ses chances à Berne vendredi.

«Quand une balle part, c’est un souci qui part avec.» Marjorie Roulin appréhende son sport avec une certaine poésie. Celle d’une femme calme et déterminée. Les qualités qui lui ont permis de devenir championne vaudoise élite au pistolet à 10 mètres il y a quelques jours. «Ce n’est pas l’arme qui m’intéresse, mais la concentration que son utilisation requiert, raconte la Chavornaysane, qui a grandi à Bavois. On oublie tout ce qui se passe autour, on rentre dans notre bulle, on se concentre entièrement.»

De cette quiétude resurgit l’esprit de compétition, l’implication, le souci de mettre dans le mille. Une obsession qu’elle a découverte dans son enfance, à la carabine lors des fêtes foraines, qu’elle a entretenue lors d’abbayes -elle a été deux fois reines des jeunes- et à 300 mètres, au fusil d’assaut, dans son village, puis, enfin, qu’elle a développée à 16-17 ans, lorsqu’elle a tiré pour la première fois au pistolet à air comprimé à Yverdon, convaincue par l’amie de son frère de venir s’essayer à l’art en question.

Aujourd’hui âgée de 27 ans, Marjorie Roulin fait la fierté de la société yverdonnoise des Pistolet- Carabiniers. C’est que, dès son arrivée, les membres ne l’ont littéralement pas lâchée. «Il y a peu de filles, peu de jeunes, alors l’encadrement est excellent, sourit-elle. Le président d’alors, Jean-Pierre Bresch, m’a prise sous son aile.» Des débuts couronnés de succès, puisqu’elle a rapidement trusté les podiums cantonaux dans les catégories juniors. Est-ce dire qu’elle a la gâchette facile ? En tout cas rapide, une fois devant la cible. Avec l’expérience, elle a appris à tempérer son rythme de tir, sans pour autant aller contre nature : «Tant que ça va, je continue !»

Saint-Valentin dorée

C’est en salle qu’elle s’épanouit, qu’elle trouve son équilibre et qu’elle performe. A Malley, pour les Vaudois, elle a réalisé son meilleur total, 372 sur 400, pour décrocher son premier titre élite. Un résultat que la néo-Chavornaysane minimise un peu, car, dans la nouvelle catégorie réservée aux dames, elles n’étaient que cinq. «Il faut dire que c’était le soir de la Saint-Valentin…» Ce qui en a retenu plus d’une. Marjorie Roulin, elle, avait un titre à gagner.

Le dimanche, dans la compétition par groupes, les Pistolet-Carabiniers se sont parés d’argent. Une deuxième médaille dans l’escarcelle de Marjorie Roulin, bien qu’elle ait été moins à l’aise à cette occasion. Peu importe, grâce à son score en individuel, elle s’en ira vendredi aux Championnats suisses, à Berne, avec l’ambition de passer le cap des 370 points. «Cela ne devrait pas suffire pour le podium, dit-elle. C’est du haut niveau.»

Elle le reconnaît volontiers, elle n’est pas aussi assidue que ne le sont d’autres, notamment en été, appréciant moins le tir en extérieur. «Ce n’est pas une très bonne chose, car chaque automne, au retour au stand, je reprends presque à zéro, admet-elle. Mais le tir n’est pas ma seule passion. Je joue aussi au volley et j’ai un cheval, dont je dois m’occuper et avec lequel je vais me balader et fais quelques rallyes.»

D’autres activités qui ne l’ont pas empêchée, le 14 février dernier, de toucher le coeur de cible et, ainsi, de convertir ses soucis en or.

Manuel Gremion