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Max Reichel, le champion éphémère de l’aviron d’Yverdon

5 juillet 2013

Aviron – L’Allemand de 15 ans, venu étudier au gymnase, a découvert la discipline il n’y a même pas une année. Ce week-end, il sera le favori de sa catégorie aux Championnats suisses, avant de repartir chez lui, à Hambourg.

Séduit par l’aviron à Yverdon, Max Reichel ne sait pas s’il pourra continuer de retour à Hambourg, ou revenir au handball.

Du handball à l’aviron, il n’y a parfois qu’un pas. Celui qu’a franchi Max Reichel de Hambourg à Yverdon, il y a de cela bientôt une année.

A 15 ans, ce handballeur, membre des cadres nationaux allemands, a atterri dans le Nord vaudois pour une année d’études au gymnase. «Je voulais partir pour les Etats-Unis, l’Australie ou Singapour, mais c’était complet», s’amuse à relever le jeune homme, dans un excellent français. Le début d’une histoire incroyable.

Sportif d’élite habitué à pratiquer tous les jours, il a alors immédiatement prospecté du côté du club de handball yverdonnois. Mais, trop fort, il n’a pas insisté. «Il était exclu que je ne fasse rien. J’ai besoin de faire du sport et cela permet aussi de rencontrer des gens, de m’intégrer. Et comme mon père a fait de l’aviron, je me suis dit que j’allais essayer ici.» Quand Rolandas Kazlauskas, l’entraîneur de l’Union nautique d’Yverdon, a vu le gabarit et le potentiel de Max Reichel, il l’a poussé à persévérer, malgré les nombreuses chutes inéluctables à l’apprentissage de l’aviron. «Au début, il n’y avait que deux entraînements par semaine, mais le club s’est beaucoup ouvert et développé depuis, et, à présent, je rame deux fois par jour», se réjouit le gymnasien, pas avare en effort.

Après quelques semaines de pratique, il s’essayait déjà à la compétition, en fin d’été dernier, en double. «On a fait la course en zigzag», glisse-t-il, hilare en se remémorant la scène.

Puis, est arrivé l’hiver. Dans la salle du club yverdonnois, Max Reichel a peaufiné ses talents de rameur à l’ergomètre, jusqu’aux Championnats suisses, lors desquels il a tout bonnement écrasé la concurrence, lui, le néophyte.

En avril, de retour sur l’eau, il prend part à sa première régate en skiff (bateau à une place). Dans les vagues le premier jour, il «rame». Le lendemain, alors que le plan d’eau est redevenu calme, il remporte la finale B, avec le meilleur chrono total! Ceci, alors qu’il ne voulait pas participer suite à son échec du jour précédent: «Je déteste perdre», reconnaît-il. Depuis, il gagne tout en Suisse, même dans la catégorie supérieure des M19.

Mais voilà, dès la semaine prochaine, il retourne en Allemagne. Juste le temps, pour lui, de participer aux Championnats suisses sur le Rotsee ce week-end, où il sera le favori de sa catégorie.

Tandis que Rolandas Kazlauskas, conscient du talent qu’il tient entre les mains, tente inlassablement de convaincre Max Reichel de revenir, le jeune Allemand promet qu’il reviendra… passer des vacances ici. «Ça a été l’année la plus magnifique de ma vie, s’exclame-t-il. Je me suis fait des amis au club et au gymnase. Chez moi, j’ai deux frères. Ici, dans ma seconde famille d’accueil, j’ai eu deux soeurs. Ça m’a permis d’évoluer, de changer ma personnalité.»

Ce matin, à 6h, il prendra une fois encore son bateau et s’en ira au large, sur le lac. «Le soleil se lève, le bateau glisse. C’est un sentiment magnifique», termine-t-il, sous le charme.

 

Les talents du club

Venu d’un sport d’équipe, Max Reichel a parfois souffert d’une certaine solitude l’hiver, quand il était seul à s’entraîner à l’ergomètre. «J’aurais aimé pouvoir ramer sur de plus grands bateaux. C’est un sentiment différent, tu ne peux pas abandonner, car il y a les autres, dit-il. Mais la motivation revient toujours avec les résultats!»

L’Union nautique d’Yverdon a accueilli plusieurs nouveau membres, et notamment des juniors, durant la dernière année. Un développement qui réjouit l’Allemand, qui s’est beaucoup entraîné avec Mia Bolli, 16 ans, et Bruno Sutterlet, 14 ans. Ces deux-là, qui ont commencé il y a un peu plus d’une année, seront les autres représentants yverdonnois aux Championnats suisses de ce week-end. «Ils ne se rendent pas compte que ce n’est pas normal d’avoir débuté il y a si peu de temps et de déjà avoir de si bons résultats», glisse Enrico Induni, membre du comité.

Bruno Sutterlet participera seulement à sa deuxième régate sur l’eau, ambtionnant de décrocher une place dans une finale. Quant à Mia Bolli, sixième aux Championnats suisses d’ergomètre M17, alors qu’elle n’était pas en forme, elle visera une place en finale A.

Les deux jeunes talents ont beaucoup appris au contact de Max Reichel. «Des fois, c’était dur, car en rentrant, Max n’était même pas fatigué, alors que moi, j’étais morte», révèle-t-elle. Souvent, à l’entraînement, elle part avec un peu d’avance sur Max. «Cela nous pousse tous les deux: lui à revenir sur moi, et moi à ne pas me faire rattrapper!»

 

Manuel Gremion