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«Mes enfants ont peur de prendre ce bus»

15 janvier 2020 | Edition N°2662

Plusieurs élèves empruntant la ligne Travys 605 doivent se rendre à pied à l’école, tant le bus est bondé. La compagnie annonce des mesures.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le remodelage de la ligne  Travys 605, entré en vigueur à la mi-décembre, est loin d’être un long fleuve tranquille. Suite aux polémiques concernant des suppressions d’arrêts (lire La Région du 13 décembre), c’est la capacité des bus qui agace certains usagers depuis la fin de l’année 2019. Plus précisément, ce sont des parents qui manifestent leur mécontentement. Depuis la fermeture de la ligne provisoire 606, le 605 dessert en effet les deux écoles du nord d’Yverdon-les-Bains, à savoir le collège des Rives ainsi que celui des Prés-du-Lac.

Le problème? Monter dans ce bus aux heures de pointe s’est révélé mission impossible pour de nombreux élèves, et ce dès le premier jour du nouveau tracé. À tel point que certains ont rapidement abandonné leurs tentatives. C’est le cas de Fatima*: «Une fois, il y avait tellement de monde dans le bus que le chauffeur n’a pas voulu démarrer. Il nous a dit de dégager. C’était 8h et les cours débutent à 8h05. Depuis, pour ne pas risquer d’arriver en retard, je n’attends même pas le bus et je me rends au collège à pied.»

Un abonnement pour rien?

Après tout, la nouvelle école ne se trouve qu’à une dizaine de minutes à pied de la gare. «Ma fille peut marcher, concède la mère de Fatima. Mais je paie son abonnement 480 francs par année. Il n’est donc pas normal qu’elle ne puisse pas profiter de ce bus.» Un argument avancé par tous les parents que nous avons contactés.

Si le professeur de Fatima s’est montré compréhensif et n’a pas gratifié l’élève d’une arrivée tardive, ce n’est pas le cas de chaque enseignant. «Mes filles ont plusieurs fois dû courir afin d’arriver à l’heure aux Rives et de ne pas être punies, confie une autre maman. Du coup, je les conduis en voiture à l’école avant de me rendre au travail.»

Selon cette dernière, recevoir des heures de retenue n’est pas le seul risque pour les voyageurs du 605. «Les élèves se poussent pour tenter d’entrer dans le bus. Au point d’en faire tomber d’autres, qui ont cassé leur portable ou leurs écouteurs. Mes filles ont peur de monter dans ce bus.» Martine Blanc-Dély, directrice de l’établissement secondaire De Félice dont dépend le collège des Rives, indique ne pas avoir été interpellée au sujet d’un quelconque problème lié à la ligne 605.

Ce souci ne concerne pas uniquement les «grands» écoliers. Le collège des Prés-du-Lac, qui accueille des classes primaires, est également touché. «Aux alentours de 8h, le bus est toujours rempli, s’agace une maman. À plusieurs reprises, j’aurais dû effectuer le trajet depuis la gare jusqu’à l’école en cinq minutes pour que ma fille ne soit pas en retard, car le car était plein. Mais elle n’a que 4 ans et ne court pas vraiment. C’est une situation très stressante.»

Travys réagit

Le problème est connu de la compagnie de transports publics. Celle-ci a annoncé hier des solutions. «Nous avons identifié deux courses qui sont en surcapacité, note Daniel Reymond, directeur de Travys. La première peu avant 8h et la seconde aux alentours de 11h40. Des bus supplémentaires seront prévus pour ces horaires. Dès demain (ndlr: mercredi), un car additionnel sera affecté le matin. Celui de midi devrait être programmé dans les prochains jours. Tant qu’ils sont utilisés ces bus seront maintenus.» Mais pourquoi cette correction n’arrive-t-elle qu’un mois après le lancement du nouveau tracé? «Il est difficile d’anticiper une course en surcapacité, explique Daniel Reymond. Nous avons cependant rapidement remarqué cette problématique. Nous avons averti la Commune dès décembre et avons tout fait pour trouver une solution dans un délai raisonnable.»

*Prénom d’emprunt

Massimo Greco