L’UAPE du village est dans la tourmente. Un appel aux économies lancé en juin concernant le Centre de vie enfantine (CVE), qualifié alors de «gouffre financier», a mis le feu aux poudres et instauré un climat d’anxiété parmi les collaboratrices et les parents.
L’affaire débute lors de la séance du Conseil communal de juin 2024, alors que le préavis concernant les comptes de la Commune 2023 est apporté à la discussion. Le Conseil fait alors remarquer que l’UAPE représente un poste très coûteux et un audit est réclamé «sur le Centre de vie enfantine vu le gouffre financier» qu’il représente. Le syndic Olivier Mettraux avait ainsi demandé aux conseillers de faire preuve de patience alors que le dossier, considéré comme la «priorité du moment», était étudié de près.
Cet appel aux économies s’est toutefois répercuté de manière plus large parmi les collaboratrices du CVE et les parents du village. Allant de manière croissante, les inquiétudes suscitées alors ont rejailli lors de la dernière séance du Conseil, mardi 29 octobre.
«Situation nébuleuse»
Initialement non présent à l’ordre du jour, le sujet du CVE s’est emparé d’une bonne part des débats ce soir-là, notamment après la lecture de deux courriers adressés au Conseil et signés par les collaboratrices du centre pour l’un, et par une trentaine de parents et citoyens de Baulmes pour l’autre.
La lettre signée par les employées rapporte un «environnement de travail bouleversé». L’appel à l’économie aurait alors «généré angoisses, incertitudes, colère et désaccord parmi un personnel fragilisé». Le courrier rapporte aussi plusieurs changements, au sein de la structure, ne respectant pas les contrats de travail signés et réclame que les restructurations financières ne se fassent pas au détriment des enfants. Les signataires demandent à «reconsidérer cette restructuration, inadéquate et trop rapide».
Dans leur courrier, les parents et citoyens rapportent leurs «inquiétudes concernant le CVE, une ambiance tendue, un arrière-fond de mal-être et une situation nébuleuse et anxiogène». Les signataires indiquent comprendre les mesures économiques, mais réclament une communication claire alors que s’installe la «peur du naufrage de cette institution».
Les deux courriers adressés au Conseil font également état d’une baisse générale du nombre d’activités pédagogiques et des sorties organisées au CVE.
Parallèlement, un autre coup du sort est venu fragiliser la structure avec le départ de la directrice, en congé maladie depuis le 1er juillet 2024.
Haro sur le gaspillage
«Je rappelle que la gestion de ce dossier n’est pas une compétence du Conseil», a alors clamé le syndic après la lecture desdits courriers. Et d’ajouter: «Mais je vous promets que c’est un point qui me tient à cœur et que la situation des enfants et des employés est une priorité pour la Commune. Après le départ de la directrice, nous avons tout mis en place afin d’assurer la suite. Nous avons toutefois eu la surprise, à la rentrée, de remarquer que les plannings pour les enfants et le personnel n’étaient pas faits comme attendu.»
Concernant les économies recherchées – une démarche qui concerne en réalité tous les dicastères à Baulmes, où la situation économique s’annonce difficile au moment de penser au budget 2025 et au vu de l’évolution globale des coûts –, le syndic affirme que des efforts ont déjà été fournis pour réduire les dépenses. Un exemple à l’appui: le cas de la nourriture où, après avoir constaté la grande quantité de restes jetés après les repas, plusieurs milliers de francs d’économie ont pu être trouvés. «Nous nous sommes concentrés sur la partie administrative, car la pédagogie n’est pas notre métier. Ensuite, concernant la baisse du nombre de sorties, je dirais qu’il suffit de regarder la météo maussade de cette année», a ajouté le syndic, qui soutient que l’UAPE ne disparaîtra pas. «Nous sommes convaincus que nous ne gagnerons pas un franc avec cette structure, ce n’est pas le but, et nous sommes aussi convaincus qu’il s’agit d’un atout pour l’attrait du village.»
Et Fabienne Liechti, municipale en charge du dossier, d’ajouter: «Je comprends parfaitement les inquiétudes de tous, mais nous n’avons jamais évoqué la fermeture du CVE. Elle est toutefois envisageable si nous n’intervenons pas sur les coûts. Je précise aussi qu’aucun contrat de travail n’a été modifié et que la directrice a été remplacée par la directrice adjointe et son assistante en accord avec l’OAJE (ndlr, Office de l’accueil de jour des enfants).»
Soucis de transparence
Des commentaires qui n’ont pas satisfait les conseillers communaux. «C’est une réponse bâclée selon moi», a commenté la conseillère Léana Cuérel à propos de la réponse apportée par le syndic. «Je ne suis pas à l’aise avec la réponse de la Municipalité. C’est une chance de disposer de cette structure au village. Il faudrait prendre davantage au sérieux les courriers des parents et surtout du personnel du CVE», a à son tour jugé le conseiller Patrick Tharin.
De manière générale, le Conseil a exigé plus de transparence et une meilleure communication sur cette affaire de la part de la Municipalité, des éléments qui auraient cruellement fait défaut jusqu’à présent.
«Nous allons appeler un expert de Partenaire Enfance & Pédagogie pour un audit externe et faire un état des lieux», a fini par annoncer la municipale Fabienne Liechti.
Pris en tenaille
Contactés par La Région après coup, ni le CVE, tenu au «secret professionnel», ni Fabienne Liechti n’ont souhaité commenter d’avantage sur le sujet.
Le syndic Olivier Mettraux a toutefois affirmé vouloir souligner le côté épineux de cette affaire: «Nous comprenons que des personnes s’inquiètent de la situation, mais il y a aussi eu beaucoup d’extrapolation, plus d’inquiétudes que de réels changements. Nous sommes malheureusement acculés, pris en tenaille car, comme ce dossier est encore sur le bureau, nous ne pouvons pas communiquer franchement. Certains citoyens nous demandent de prendre des engagements dès à présent, mais il ne faut pas oublier les parents et les collaborateurs. Nous ne pouvons pas dire ou faire n’importe quoi et la seule consigne que nous avons donnée jusqu’à présent était d’éviter les dépenses à tout-va et de mieux contrôler les coûts. Pour l’instant, la Municipalité va attendre la réponse que formulera le Conseil communal à ces courriers. Après quoi, nous confirmerons nos objectifs et ce qui va être fait.»
Plus de peur que de mal donc? En tout cas, il est facile de remarquer à quel point ce sujet est sensible pour certains Baulmérans, à une époque où les centres d’accueil pré et parascolaires deviennent une denrée rare en Suisse romande et un véritable atout pour les communes qui en possèdent.