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Michel Bühler tout entier, en attendant la suite

23 octobre 2014

L’artiste sainte-crix livre le contenu de 19 albums au format mp3, ainsi que divers bonus, dans «L’intégrale». La production très étoffée d’un homme serein et résolument optimiste.

Michel Bühler trouve dans son domicile sainte-crix le calme dont il a besoin pour écrire. © Camille Bardet

Michel Bühler trouve dans son domicile sainte-crix le calme dont il a besoin pour écrire.

Que les inconditionnels de Michel Bühler se rassurent. La sortie récente de son DVD «L’Intégrale» ne coïncide pas avec la fin de carrière de l’artiste sainte-crix. «Beaucoup de mes CDs sont épuisés. C’était l’occasion de tout mettre sur un DVD. Mais je n’envisage pas d’arrêter de chanter», affirme le retraité, assis sur le balcon de sa maison, rue de l’Industrie.

A bientôt 70 ans, il les fêtera l’année prochaine, sans doute à la Casba avec des amis, comme chaque dizaine, l’homme affiche une sérénité comparable au bel après-midi d’automne théâtre de l’entretien.

«Je me suis remis à l’écriture de chansons, tout tranquillement. Je sortirai peut-être un disque l’année prochaine. Je suis moins stressé, car j’arrive à vivre avec ce que j’ai», souligne-t-il. Cette déclaration qui, dans la bouche de l’écrasante majorité des chanteurs romands, aurait le poids d’un mensonge, valide un vieux pari. Celui de quitter, à la fin des années 60, l’enseignement pour la chanson. «J’avais déjà fait un ou deux 45 tours à Paris. Je me suis dit que j’allais essayer six mois ou une année », admet-il, sans oublier de rappeler que la situation favorable du marché de l’emploi avait facilité sa décision. Une conjoncture révolue, comme la chanson «sociale».

«Les gens chantaient beaucoup, même dans les bistrots. Il s’agissait d’un moyen de rencontre et de communion. C’est difficile d’être l’ennemi de quelqu’un avec qui l’on chante», relève Michel Bühler, dont l’entourage donnait volontiers de la voix, tant lors des balades que des réunions de famille.

Les gens du coin

Chanter oui, mais sur «les gens d’ici». Sainte-Croix, pas Bruxelles, ni Paris ou Québec. Parce que «si l’on veut arriver à l’universel, on part du particulier ». Et que «l’on ne parle bien que de choses que l’on connaît».

Sainte-Croix. Ses «gens réservés», «forgés par le paysage et le climat». Son passé industriel florissant aussi. Avant la décadence, vécue de l’intérieur, avec les ouvriers d’Hermes Precisa, dont il relate la lutte, lors de la fermeture de leur usine, dans «La parole volée».

Michel Bühler s’essaie également au théâtre. Un exutoire dans une période noire de sa vie, marquée par le décès de son père, une séparation d’avec sa «copine» et sa maison de disque. C’est «Le retour du Major Davel». En chanson, dans ses livres ou sur les planches, Michel Bühler exprime son opinion. Quitte à déplaire. «Certaines personnes du village ont de la peine à me saluer. Ce n’est pas grave», déclare-t-il.

Au Conseil communal depuis de nombreuses années, il fait partie des opposants au projet éolien. Pas au développement durable, comme en témoignent les panneaux solaires sur sa maison, qui lui permettent de «produire plus d’énergie qu’il n’en consomme ». L’exploitation frénétique des ressources de la planète l’inquiète. Tout comme le modèle de société «ultralibéral», qui creuse le fossé entre les riches et les pauvres. L’attachement de Michel Bühler à son coin de pays ne l’a pas empêché de vivre à Paris et de beaucoup voyager. Pour assouvir son «côté Tintin ». Ou chanter son soutien au peuple palestinien.

Le corrolaire de toutes ces pérégrinations, «les braves gens» sont beaucoup plus nombreux que «les crapules» et ont «envie de vivre peinards », alimente son refus du pessimisme.

Sainte-Croix-Paris

Michel Bühler partage sa vie entre son domicile sainte- crix -il s’agit en fait de l’ancien poste de l’Armée du Salut- et Paris, où travaille la femme avec laquelle il a commis l’«erreur de jeunesse» de se marier, voici deux ans. Un quotidien vécu avec «la liberté que donne la vieillesse». Et l’envie toujours intacte de se confronter à la page blanche, «sans savoir ce qui va en sortir». Avec une conviction sans cesse renouvelée, quitte à déchanter par la suite. «A chaque fois que je suis en train d’écrire, je me dis: c’est la meilleure chanson que j’aie jamais faite», observe-t-il. Le titre dont il est le plus fier? «Ainsi parlait un vieil indien». A découvrir dans sa compilation. En attendant la suite.

 

«L’Intégrale» de Michel Bühler peut être commandée sur son site www.michelbuhler.com au prix de 60 francs.

Ludovic Pillonel