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Mieux maîtriser les alarmes automatiques

1 mars 2017 | Edition N°1945

Nord vaudois – L’ECA essaie, depuis plusieurs années, de limiter les dérangements liés aux alertes intempestives. Les mesures ont été renforcées cette année. Point de situation avec les acteurs du nord du canton concernés.

Dans cette simulation, le sergent-major Christopher Hose déverrouille le tableau principal pour quittancer l’alarme et rétablir le système. ©Ludovic Pillonel

Dans cette simulation, le sergent-major Christopher Hose déverrouille le tableau principal pour quittancer l’alarme et rétablir le système.

Stéphane Pichon, inspecteur de la région Nord pour le compte de l’Etablissement cantonal d’assurances (ECA), l’a souligné dernièrement lors du rapport annuel des pompiers (lire La Région Nord vaudois du 13 février): les alarmes automatiques sont une source de mobilisation importante pour les pompiers. Le hic, c’est que la grande majorité des alertes reçues par le Centre de traitement des alarmes (CTA) ne nécessiteraient pas le déploiement des hommes du feu.

«L’ECA oeuvre depuis plusieurs années pour éviter au maximum que les pompiers soient dérangés inutilement. Cela passe par des campagnes d’information, mais aussi de formation à l’intention des répondants -les personnes de contact des bâtiments équipés d’installations de détection incendie», indique Stéphane Pichon. Appelés par le CTA, ces responsables indiquent si, oui ou non, le déploiement du SDIS local est requis. La procédure est devenue systématique depuis le 1er janvier. La désignation d’un répondant -chargé de sécurité ou responsable de la maintenance du bâtiment, par exemple- relève du bon vouloir de l’entité concernée, qui passera à la caisse en cas de sollicitation inappropriée. «La facture s’élève à 400 francs à la première mobilisation non justifiée. La seconde coûte 800 francs et le montant passe à 1200 francs à partir du troisième cas constaté la même année sur le même site», précise l’inspecteur régional de l’ECA. Le paiement est aussi demandé lorsque la personne en charge d’établir le lien avec les hommes du feu n’a pas pu être jointe avec succès, entraînant la mise en place du dispositif de circonstance.

Limiter les risques

«L’an passé, environ 2000 alarmes intempestives ont été dénombrées dans le canton. Elles impliquent que les pompiers prennent des risques inutiles pour se rendre de l’endroit où ils se trouvent à la caserne, puis de cette dernière au lieu d’intervention. Dans le contexte actuel de pénurie de sapeurs, il serait préférable de limiter les désagréments de ce type», observe encore Stéphane Pichon.

Le major instructeur Eric Stauffer, commandant des pompiers du SDIS Nord vaudois, indique que l’an passé, comme les deux précédents, les alarmes automatiques ont représenté 90 sorties, soit environ le cinquième du total annuel. Dans de très rares cas, le feu était au rendez-vous. «La plus grande cause des alertes intempestives est liée à des activités dans l’environnement immédiat d’un système de protection incendie. Par exemple, lorsqu’un système de détection non désactivé s’enclenche à cause de la poussière de béton générée dans le cadre de travaux. Ou quand le client d’un hôtel fume dans sa chambre», illustre le chef des pompiers régionaux.

Ce dernier cite également les mauvaises manipulations : «Il y a deux semaines, nous sommes intervenus car le 118 n’a pas été avisé par le propriétaire de l’installation lors d’un test annuel de système.» Les défauts techniques et les causes inconnues sont, quant à eux, nettement moins souvent constatés grâce à l’amélioration considérable du matériel.

Le Service de défense incendie et de secours arrive régulièrement sur place après que le répondant a régularisé la situation. «Même s’il n’y a plus rien à faire, nous nous assurons que l’installation soit en ordre. Le système mis en place par l’ECA pour annuler les alarmes intempestives va nous permettre de faire demi-tour quand notre présence n’apporte pas de plus-value », commente Eric Stauffer.

Pas de plainte des pompiers

Dans une configuration standard, un tonne-pompe et cinq hommes sont engagés sur le site potentiellement touché. Les moyens mis à disposition sont plus importants si l’alerte implique des produits chimiques particuliers, comme l’ammoniac et le chlore que l’on trouve dans les piscines et les patinoires.

Malgré les nombreuses sollicitations «pour beurre», les pompiers ne se plaignent pas, selon leur commandant. «Ces sorties sont des occasions supplémentaires d’améliorer notre état de préparation. Nous ne sommes cependant pas opposés à ce que l’ECA agisse pour rectifier le tir», conclut Eric Stauffer.

Des alarmes ignorées

Eric Stauffer s’inquiète, expérience à l’appui, de l’absence de réaction des gens lorsqu’une alarme se déclenche dans un lieu public. «Personne ne bouge si le service de sécurité n’entre pas en scène. La procédure n’est que rarement suivie, c’est préoccupant», commente-t-il.

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Ludovic Pillonel