Yvan Pahud a convaincu la semaine dernière une majorité du Conseil national de mieux protéger les frontières suisses contre l’avis du Conseil fédéral. La motion du parlementaire UDC et syndic de Sainte-Croix doit encore obtenir l’aval du Conseil d’État.
«Ma motion ne demande pas un retour aux contrôles systématiques des frontières », a précisé l’UDC vaudois, mais il faut assurer une présence suffisante et permanente de patrouilles mobiles de l’Office fédéral des douanes et de la sécurité frontalière, notamment la nuit» L’élu justifie sa demande par l’augmentation des explosions de bancomats par des bandes étrangères et l’augmentation de la criminalité transfrontalière, notamment les cambriolages. Selon Yvan Pahud, «la Suisse romande est particulièrement touchée par l’absence de patrouilles nocturnes, conséquence des réductions d’effectifs. Le contrôle et la surveillance des points de passage principaux à l’aide de moyens électroniques devraient aussi être intensifiés et systématisés.»
Soutenu par des élus de tous les partis
Son texte était cosigné par des élus de tout l’échiquier politique, dont quelques élus de gauche, avec notamment la socialiste yverdonnoise Brenda Tuosto et le Vert neuchâtelois Fabien Fivaz. Au centre, la Vaudoise Isabelle Chappuis et la Vert’libérale Céline Weber et à droite les PLR vaudois Daniel Ruch et Jacqueline de Quattro.
Yvan Pahud ajoute, toujours pour justifier son intervention: «la triste succession de faits-divers qui touchent la Suisse depuis des années et atteint maintenant des sommets. La majorité de ces attaques sont commises par des gangs étrangers qui agissent de manière professionnelle. Le schéma est inlassablement le même: arrivée en Suisse dans des lieux reconnus à l’avance depuis un emplacement situé proche de la frontière, attaque nocturne au moyen d’explosifs et fuite à travers la frontière la plus proche.»
Les mesures qu’il propose permettraient d’identifier électroniquement les véhicules suspects, de les faire contrôler par une équipe mobile et le cas échéant de les intercepter.
Des contrôles déjà à toute heure
Le Conseil fédéral estime, de son côté, que des contrôles douaniers ont déjà lieu aujourd’hui à toute heure, selon une évaluation des risques. En outre, les gardes-frontières utilisent déjà des moyens électroniques, dont 400 caméras, pour surveiller le trafic. Les corps de police cantonaux complètent le dispositif.
Au diapason de nos voisins
La Chambre basse a dans la foulée soutenu – par 121 voix contre 71 – une motion PLR demandant d’adapter les contrôles aux frontières en fonction des mesures de renforcement prises par les pays voisins comme l’Allemagne. D’ici fin 2025, le Conseil fédéral devra en outre présenter un rapport sur l’efficacité des mesures prises, en examinant la possibilité de les mettre en œuvre sur le long terme.
Deux textes déjà adoptés
La ministre des finances Karin Keller-Sutter, opposée aux deux textes, a rappelé que deux motions de commission allant dans le sens d’un renforcement des contrôles avaient déjà été transmises récemment au Conseil fédéral. Celui-ci devra les mettre en œuvre.