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Mobilité à l’ère du confinement
Yverdon, 11 août 2020. Heig-vd, Yannick Arnould et Matthieu de Lapparent. © Michel Duperrex

Mobilité à l’ère du confinement

14 août 2020
Edition N°2769

Yverdon-les-Bains – Comment nous déplacerons-nous après une crise sanitaire mondiale? C’est la question sur laquelle travaillent Matthieu de Lapparent et son équipe de la HEIG-VD. Une réflexion qui a retenu l’intérêt des Hautes écoles spécialisées.

Les CFF ont annoncé des centaines de millions de francs de pertes à la suite du semi-confinement. Les Transports publics lausannois ont prévu un recul de leurs offres de 4% sur certaines lignes, en raison de la suspension momentanée du cursus de formation de leurs conducteurs. Et, au niveau local, Travys a estimé une baisse de ses recettes de deux millions de francs, cette année. La claque est plutôt rude pour les sociétés actives dans la mobilité urbaine. «On a parlé des problèmes liés au Covid-19 sur les entreprises de transport longue distance, notamment le secteur de l’aérien, mais on a complètement sous-estimé les conséquences sur le financement des transports publics et partagés (ndlr: à l’instar des vélos et des voitures en libre service)», considère Matthieu de Lapparent, professeur à la Haute école d’ingénierie et de gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD).

Passionné de mobilité et d’économie des transports depuis vingt ans, le Vaudois s’est donc penché sur les effets de la crise sanitaire sur ce marché, en Suisse. Avec Yannick Arnould et Joanna Mayet-Gros, il a lancé une enquête qualitative et quantitative auprès des usagers urbains.

Cette démarche a intrigué la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), au point de retenir ce projet parmi 39 dossiers soumis et de lui octroyer une subvention de 10 000 francs. Elle en a d’ailleurs fait l’une des deux idées phares de la nouvelle campagne de recherches scientifiques pour laquelle la HES-SO a sélectionné quinze concepts novateurs, dont deux nord-vaudois (lire ci-contre), et a investi un total de 300 000 francs. «Ce sont des microprojets. L’idée consiste avant tout à enclencher de futurs financements sur cette question», tempère Matthieu de Lapparent.

Vers une hausse des taxes?

Concrètement, le trio basé à Yverdon-les-Bains a six mois pour prendre le pouls auprès de la population, analyser les résultats recueillis et faire ressortir les premières tendances. Pour l’heure, douze entretiens ont été menés pour déterminer de quelle façon les gens ont modifié leurs habitudes de déplacement avec la pandémie. «Nous n’avons pas l’intention d’être représentatifs mais la volonté de cibler les leviers et les barrières de cette nouvelle mobilité», rassure Yannick Arnould.

Dans un second temps, l’équipe va placer les participants face à un dilemme cornélien qui peut se résumer ainsi: vaut-il mieux prendre plus de temps pour se rendre d’un point A à un point B, mais avec moins de risques sanitaires ou aller plus vite en acceptant davantage de risques? «Il va y avoir des répercussions sur la mobilité urbaine, prédit Matthieu de Lapparent. Et les conséquences sont simples à calculer: s’il y a moins de recettes à offre constante, cela signifie qu’il faudra octroyer plus de subventions ou trouver un autre mode de financement.»