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Le naufragé du bitume Poopy Express renaît de sa culbute
©Christiane Baudraz

Le naufragé du bitume Poopy Express renaît de sa culbute

5 janvier 2018 | Edition N°2157

Voile – Sorti du chantier naval d’Yverdon-les-Bains en 1980, le célèbre voilier, par ailleurs l’un des plus titrés du Léman, a été accidenté en mars dernier. Retapé dans la Cité thermale, il va reprendre le large au printemps prochain.

Les dégâts étaient importants, après l’accident. Poopy Express a repris la forme d’un bateau de course au chantier naval Burkhalter. ©Christiane Baudraz

Les dégâts étaient importants, après l’accident. Poopy Express a repris la forme d’un bateau de course au chantier naval Burkhalter.

Tout a basculé le 25 mars dernier, au rond-point de la Maladière, à Lausanne. Un bras de la remorque lâche, le bateau de Richard Milliquet se couche. Un des voiliers les plus titrés du Léman, sept Bol d’Or dans la classe TCF3 à son actif, huit trophées de champion du Léman, gît sur le flan, la coque défoncée, laissant voir un trou béant. Poopy Express agonise sur le bitume.

C’est une histoire commencée dans les années 1970, alors que Richard Milliquet naviguait avec son père sur des bateaux lourds et larges. Germe alors l’idée de construire sa propre embarcation, fasciné par les nouvelles coques qui ont un lien étroit avec les dériveurs.

Suite à quelques judicieux conseils distillés par des grands noms de la voile lémanique, une pile de bouquins plus tard, une forêt de papier froissé dans la corbeille, une esquisse voit le jour. En septembre 1979, les plans de formes et de voilures sont achevés, les appendices définis. Il n’y a plus qu’à…

Lino Tazzer, Jessy Kolly (apprentis) Jean-Pierre Montandon, Laura Burkhalter et Richard Milliquet devant la coque réparée de Poopy Express. ©Christiane Baudraz

Lino Tazzer, Jessy Kolly (apprentis) Jean-Pierre Montandon, Laura Burkhalter et Richard Milliquet devant la coque réparée de Poopy Express.

Le chan tier naval de Jean-François Burkhalter, à Yverdon-les-Bains, sera le berceau de cette aventure. Son renom n’est plus à faire. La remise des plans a lieu le 1er décembre 1979, le bateau sera mis à l’eau le 26 mars 1980. Richard Milliquet se souvient : «A la base, nous étions une équipe de copains qui naviguions ensemble. Aujourd’hui, l’équipage a perduré au fil des années. On est un peu les Mousquetaires du Léman. La construction du bateau a été un travail de titan. C’était de la folie, de nuit blanche en nuit blanche, week-end après week-end, toute la bande se donnait à fond. Nous avions des enfants en bas âge et nos couples ont bien failli faire naufrage. L’artisan de cette réussite , c’est Bouboule (ndlr : le surnom de Jean-François Burkhalter). Il avait du génie. Il a amélioré mes plans, apporté des idées novatrices en rendant un travail d’une qualité inégalable.»

Et le navigateur de poursuivre son récit : «Le jour de l’accident, j’étais en route pour Yverdon, où Poopy allait faire peau neuve. Pour toute l’équipe, il n’était pas question que l’aventure s’arrête dans un giratoire. Jean-François Burkhalter s’en était allé prématurément quelques mois plus tôt, non sans avoir transmis son savoir à Laura, sa fille, et à Jean-Pierre Montandon, Finfin. Je leur ai fait pleinement confiance et je ne le regrette pas. La patte du maître est là. Le savoir a été légué et bien assimilé. Le résultat est parfait. Dès ce printemps, Poopy Express va rejoindre son Léman et j’espère qu’il fera encore parler de lui. Une inscription sur sa coque rendra hommage à un grand monsieur : Spirit of Bouboule.»

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Christiane Baudraz