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Ne s’installe pas  à Y-Parc qui veut
Yverdon, 1er février 2019. Y-PARC. © Michel Duperrex

Ne s’installe pas à Y-Parc qui veut

12 mars 2019 | Edition N°2454

Yverdon-les-Bains – Trois cents millions ont été investis dans le parc scientifique et technologique, l’an dernier. Avant chaque implantation, une commission d’éligibilité vérifie que les activités des nouveaux arrivants colleront bien aux exigences du technopôle.

Juliana Pantet, Martha Liley et Markus Baertschi composent la commission d’éligibilité. © Michel Duperrex

A Y-Parc, les bâtiments poussent comme des champignons. A tel point que le plus ancien – il date de 1991 – et le plus grand technopôle de Suisse pourrait bientôt arriver à saturation. Les 114 000 mètres carrés de terrain encore disponibles font en effet l’objet de toutes les convoitises. «Nous sommes en discussion avec des investisseurs pour de très grosses surfaces, dont un qui pourrait acheter 50 000 mètres carrés à l’ouest du parc», révèle la directrice d’Y-Parc, Juliana Pantet. La situation est également tendue sur le plan de la location, puisque le parc technologique et scientifique d’Yverdon-les-Bains n’a actuellement plus que 1500 mètres carrés environ de surface de plancher à proposer.

Mais ne s’installe pas à Y-Parc qui veut. Pour prendre ses quartiers dans cet espace de 52 hectares, il faut répondre à des critères précis, régis par le règlement du Plan partiel d’affectation. Exception faite des zones de services (lire encadré), seuls la recherche et le développement, la production et les centres de formation complémentaires à ces activités sont admis. Trois personnes sont chargées de voir clair, parmi la quantité de dossiers déposés chaque année: Juliana Pantet, Markus Baertschi, chef du Service de l’urbanisme de la ville d’Yverdon-les-Bains, et Martha Liley, directrice du Centre Recherche appliquée et Développement de la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud.

Pour tenter de coller aux exigences et convaincre la commission d’éligibilité, certaines entreprises «présentent leurs activités de la façon la plus technologique possible, explique Markus Baertschi. A nous de décortiquer ce qu’elles font réellement.»

Au besoin, les candidats peuvent être auditionnés par les trois membres de l’entité. Et pas question de tordre les règles: «Si une société mène des activités de recherche et de développement sur un autre site et qu’elle souhaite ouvrir un bureau de vente à Y-Parc, elle ne pourra pas le faire», insiste Juliana Pantet. La procédure est la même pour ceux qui voudraient simplement avoir une boîte aux lettres dans le parc, sans forcément y prendre leurs quartiers.

Recours possible

Il arrive donc que des prétendants soient frappés d’une non-entrée en matière. L’an dernier, la commission d’éligibilité a ainsi émis six préavis négatifs, contre 23 positifs. C’est que les 1700 personnes qui travaillent sur le site sont perçues comme autant de clients potentiels par certaines sociétés, qui rêveraient de s’y implanter. Des entreprises générales de construction et des agences de communication, qui souhaitaient vendre leurs services aux résidents, ont notamment tenté leur chance, sans succès. En cas de recours, c’est la Municipalité d’Yverdon-les-Bains qui tranche: «Jusqu’ici, elle nous a toujours suivis», note le chef du Service de l’urbanisme de la ville.

Vu l’attractivité du site, et de la Cité thermale en général, les sollicitations ne sont pas près de diminuer. «La ville est à la croisée des chemins entre Genève, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg et Berne, et très bien connectée au rail et à la route», poursuit Markus Baertschi. A cela s’ajoute le fait que les parcelles sont déjà légalisées et équipées. «C’est un gros avantage, sachant qu’il faut entre deux et cinq ans pour légaliser un terrain.» L’implantation d’une société telle que la multinationale Incyte, active dans le secteur de la biopharma, contribue également à booster l’attractivité du site. «Une entreprise s’est installée ici car la seule perspective d’avoir Incyte comme client leur suffit», souligne Juliana Pantet.

En 2018, 300 millions de francs ont ainsi été investis à Y-Parc (lire ci-contre). «Si on continue à ce rythme, le parc pourrait être plein dans cinq ans», commente Juliana Pantet. Si ce scénario se réalise, la Ville devra imaginer de nouvelles solutions pour rester un pôle d’innovation. «Tout l’enjeu sera de démontrer l’utilité de l’extension de la zone à bâtir », conclut Markus Baertschi.

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Deux zones de services

Le périmètre d’Y-Parc prévoit deux centres de services destinés à l’implantation de commerces de proximité ou d’espaces de restauration, par exemple, pour répondre aux besoins des résidents du parc. Pas question, par conséquent, d’accueillir un énorme centre commercial qui attirerait des clients de toute la région. «Le but d’Y-Parc n’est pas d’avoir son propre centre-ville », insiste Juliana Pantet. La première zone de services, de 10 000 mètres carrés, se situera dans le bâtiment Explorit (ndlr: connu sous le nom de Kindercity), dont le chantier démarrera prochainement. Alors que l’ouverture est prévue courant 2020, plus de 80% de la surface est déjà réservée, selon le promoteur. Une seconde zone est prévue à l’ouest du parc, dans un secteur encore vierge de toute construction.

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Des options en cas de refus

Lorsqu’une société se heurte au veto de la commission d’éligibilité, les responsables d’Y-Parc ne la laissent pas en plan. La première option consiste à la rediriger vers le bâtiment CEI1 (l’un des premiers bâtiments construits à proximité du parc), qui n’est pas soumis aux mêmes critères d’admission puisqu’il ne se trouve pas dans le périmètre du PPA d’Y-Parc. Le hic, c’est que seuls une centaine de mètres carrés sont encore disponibles dans ce bâtiment de 5300 mètres carrés. La seconde option consiste, si cela s’avère possible, à orienter la société vers le futur centre de services prévu pour 2020. En dernier lieu, Y-Parc sollicite l’aide de la Ville ou de l’Association pour le développement du Nord vaudois pour tenter de trouver une solution. «Le but, c’est d’essayer de garder ces entreprises dans la région», souligne Juliana Pantet.

Caroline Gebhard