Noëlle Dall’Olio Une mode cousue de fil d’or
9 septembre 2024 | Texte: Robin Badoux | Photos: Gabriel LadoEdition N°3784
Responsable du magasin et atelier de couture La Lisière, Noëlle Dall’Olio propose une autre façon de consommer la mode, de manière éco-responsable, sans sacrifier l’esthétisme et la qualité du matériel.
Une mode durable, dans tous les sens du terme: intemporelle et écologique. C’est ce en quoi croit Noëlle Dall’Olio. Franco-Suissesse, arrivée en Suisse en 2000, elle dirige actuellement le magasin La Lisière, sis à la rue de la Plaine à Yverdon, qui propose avant tout des vêtements de seconde main, savamment sélectionnés et mis en valeur.
Un havre dédié à la mode, fruit d’un parcours qui, au fil des années, a aiguisé la sensibilité de Noëlle Dall’Olio aux enjeux de la durabilité.
Communication et image
Son parcours commence par une formation supérieure en communication à Lausanne. «C’est ce qui m’anime encore aujourd’hui. J’aime transmettre, conseiller et échanger avec les gens.»
Des heureux événements, un mariage et des enfants, redirigeront toutefois Noëlle Dall’Olio vers un nouveau domaine: la mode, et la vente en magasin, plus facile à accorder avec une nouvelle vie de famille.
«J’ai toujours aimé la mode. J’ai eu la chance de pouvoir travailler dans cet univers chez Perosa, à Lausanne. Ça m’a beaucoup plu car ce travail alliait lingerie et conseil pointu à la clientèle.»
Un nouveau changement s’amorce avec l’arrivée d’un troisième enfant. «En 2014, je suis arrivée à Yverdon. J’ai été engagée dans une boutique de prêt-à-porter de la place. Mais malheureusement, j’y ai été licenciée au retour de mon congé maternité.»
Une expérience amère qui ne la décourage pas. «J’ai toujours eu la volonté d’avoir un travail épanouissant en accord avec ma vie de famille. J’ai alors effectué une formation de conseillère en image, dont le rôle est d’accompagner la personne et lui transmettre les outils pour mettre en valeur son capital esthétique. En 2017, j’ai créé mon entreprise et ouvert le showroom Kaleïdoscope Agency, j’avais d’ailleurs mes locaux dans la maison d’enfance du couturier Robert Piguet, à la rue de la Plaine 14», se souvient-elle.
Tisser des liens
Un nouvel événement, en 2018, vient donner une envergure neuve à la carrière de Noëlle Dall’Olio. «J’ai été contactée par Juliette Gallet, qui montait l’association Eco Fashion Lab, dont le but est de promouvoir une mode durable en Suisse romande. Le projet initial était de créer un fashion truck dédié à cette mission.»
Mais, malgré la remise du prix Iddea à Genève, ce projet de fashion truck n’aboutira pas. L’association organise par la suite des cours dans les écoles pour sensibiliser les jeunes à la mode éthique et à la valorisation des matières naturelles. En 2023, Noëlle Dall’Olio devient présidente de l’association, à la suite du renouvellement de son comité. «Nous sortions de la pandémie. On s’est alors demandé de quoi la Suisse romande avait besoin après cette période triste. C’est dans ce contexte particulier que La Lisière est arrivée, comme cousue de fil d’or pour tisser du lien entre les vêtements et les humains.»
La mode, en mode durabilité
Fer de lance d’Eco Fashion Lab, La Lisière, inaugurée en automne 2023, agit comme une vitrine pour l’association. Son activité majeure, jusqu’à présent, consiste en un dépôt-vente de vêtements de seconde main. Les visiteurs ont ainsi l’occasion d’y apporter des vêtements inutilisés, mais en bon état, pour qu’ils y soient vendus. A ce moment, la personne déposante reçoit la moitié du prix de vente. «Nous privilégions les matières éco-responsables et les fabrications en Europe. La pièce est alors mise en valeur avec un prix en accord avec sa qualité», explique la responsable.
Parallèlement, La Lisière propose des ateliers couture upcycling pour réparer ou transformer les vêtements. Une activité amenée à se développer encore davantage grâce à l’arrivée récente d’une nouvelle collaboratrice, engagée à 100% sur ce projet. La Lisière propose également des cours de couture et des résidences pour des créateurs suisses. Une foule de propositions donc pour avoir une approche de la mode plus consciente et locale, pour mettre en valeur sa garde-robe et découvrir des créateurs suisses, le tout selon les conseils de Noëlle Dall’Olio. «C’est vraiment ce qui m’anime. Je préfère quand les gens n’achètent pas de manière compulsive, mais plutôt en accord avec leurs besoins et leur image, c’est ça la vraie mode durable.»