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«Nous pouvons tous être artiste!»
Yverdon-les-Bains. 11 août 2018. Place Pestalozzi. Création festival Menhirs. L'artiste Cedric Bregnard s'apprête à démarrer le mehnir Pretresse. © Gabriel Lado

«Nous pouvons tous être artiste!»

13 août 2018 | Edition N°2308

En prélude au festival pluridisciplinaire Le Castrum, qui démarre jeudi, les passants ont été invités à participer à un projet collectif à l’encre de Chine, samedi.

«Dessine-moi le trait le plus fin que tu arrives à faire», glisse Alain Diaz à Zélie, 6 ans. Ce samedi 11 août, sur la place Pestalozzi, la famille Diaz, de Chamblon, est on ne peut plus appliquée. Père et fille s’essaient à l’encre de Chine sur une petite table avant de poser leur patte sur une immense feuille de papier kraft qui se dresse entre le Château et l’Hôtel de Ville. «La prêtresse», l’un des menhirs de Clendy, y est reproduite en demi-teinte et à taille réelle. Comme tous les passants prêts à s’emparer d’un pinceau japonais, Alain, Virginie et Zélie Diaz participent à ce projet collectif en encrant les zones les plus foncées de la pierre. «Au bout d’un moment, ça devient méditatif et on commence à prendre de l’assurance», commente la maman.

 

Virginie, Alain et Zélie Diaz ont encré un bout de «La Prêtresse» avec beaucoup d’application, samedi matin. © Caroline Gebhard

«Il s’agit d’une performance participative lors de laquelle le public est invité à redonner vie à ces images de menhirs», explique Cedric Bregnard à tous ceux qui s’arrêtent pour observer l’étrange manège qui se joue sous leurs yeux. L’artiste, dont l’atelier se trouve à Yverdon-les-Bains, présente ce samedi son projet «Menhirs», qui tient une place importante dans le programme du Castrum. Dès jeudi et jusqu’à dimanche, neuf images de blocs rocheux, immortalisés par Cedric Bregnard sur le site historique de Clendy, seront installées sur la place Pestalozzi. Et le public sera invité, comme samedi, à jouer du pinceau pour leur permettre de s’incarner au cœur de la Cité thermale.

Des dizaines de mains pour créer une unité

«Il y a des gribouilleurs et d’autres qui sont très précis, mais une fois que tout est fini, on ne le ressent plus du tout et on voit une unité», s’enthousiasme un Yverdonnois venu participer à cet effort commun. Des enfants accompagnés de leurs parents, des retraités, des peintres ou de simples curieux: comme lui, ils sont nombreux à vouloir s’essayer à l’encre de Chine. «On est tous capables de participer à une œuvre d’art», s’enthousiasme Cedric Bregnard, qui tient à désacraliser la démarche en cassant l’idée préconçue selon laquelle l’artiste et sa création seraient «intouchables».

Cedric Bregnard avait aussi dressé des pans de papier kraft à l’intérieur du Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY), samedi. ©Gabriel Lado

«Ça me rappelle les dessins que j’ai pu faire à la gouache vers 15 ou 16 ans, avec une contrainte supplémentaire, celle de respecter un trait préétabli, glisse Christian Viredaz, qui n’est autre que le beau-père de Cedric Bregnard. A l’époque, je me laissais aller.» L’exercice demande toutefois de prendre du temps et du recul. «C’est une démarche qui déconnecte du mental», note son beau-fils. Pour Sylvain Maradan, programmateur du Castrum, «c’est génial de penser que nous pouvons tous être artiste l’espace d’un moment».

Anne-Laure et Jean, qui se sont mariés samedi au Temple, ont fait un saut au CACY pour laisser leur patte sur l’un des menhirs. ©Floriane Billaud

Caroline Gebhard