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Nouvelle destinée pour le Grand Hôtel
Le Pont, 14 avril 2018. Grand Hôtel, Thierry Despland. © Michel Duperrex

Nouvelle destinée pour le Grand Hôtel

16 avril 2018 | Edition N°2226

Vendu aux enchères en décembre 2012,  le fleuron de la vallée de Joux accueille désormais  des grands événements, mariages et soirées privées.

Lorsque il a acquis ce prestigieux hôtel lors d’une vente aux enchères organisée en décembre 2012 par l’Office des faillites, le promoteur valaisan Isidore Elsig envisageait de transformer la bâtisse en appartements. Mais les restrictions intervenues depuis dans la législation sur les résidences secondaires ont mis à mal son projet. Après des années d’incertitude, le bâtiment a retrouvé une nouvelle forme d’activité.

Thierry Despland et son équipe d’Art Show Communication vont redonner vie à ce fleuron du tourisme de la vallée de Joux.

Thierry Despland et son équipe d’Art Show Communication vont redonner vie à ce fleuron du tourisme de la vallée de Joux.© Michel Duperrex

En effet, spécialisée dans la conception d’événements, la société Art Show Communication, dont le siège est à Orges, y organise désormais de grands événements. Cette activité est concentrée dans les neuf salles de réception du bâtiment. Celles-ci permettent d’accueillir des groupes de toute taille, jusqu’à 500 personnes, dans des conditions de confort optimales.

Un essai stimulant

«On a d’abord organisé un grand événement pour une banque (ndlr: jubilé du Crédit Mutuel de la Vallée). Nous y avons accueilli près de 600 personnes. Depuis, nous avons organisé d’autres manifestations et le propriétaire a été convaincu. Nous avons donc décidé de collaborer», explique Thierry Despland, patron de la société spécialisée dans l’événementiel, qui a notamment mis sur pied la dernière édition du Marché de Noël à Yverdon-les-Bains, et qui connaît particulièrement bien la région.

Pour la vallée de Joux, la relance d’une activité, même si elle n’est pas à proprement parler hôtelière – les chambres situées dans les niveaux supérieurs ne sont pas habitables –, constitue une aubaine, car le Grand Hôtel du Pont est un bâtiment emblématique, visible loin à la ronde, témoin d’une époque où les touristes français et anglais venaient respirer le bon air du Jura, comme d’autres qui allaient à Davos ou à Montreux. Ils naviguaient sur «Le Caprice», un bateau à vapeur, et patinaient sur le lac.

Un plus pour le tourisme

L’Office du tourisme de la Vallée appuie cette opération de relance: «On a toujours eu envie que cet hôtel reprenne de l’activité d’une manière ou d’une autre. Je connais bien Thierry Despland et nous appuyons sa démarche. Le Grand Hôtel figure notamment sur notre site (ndlr: www.myvalleedejoux.ch)», explique Cédric Paillard, qui avait eu l’occasion, lors du rachat, de s’entretenir avec le nouveau propriétaire.

En ce qui concerne l’éventuelle réhabilitation des chambres du Grand Hôtel, le directeur de l’Office du tourisme de la Vallée reste prudent: «Il est vrai que lorsque nous devons accueillir des groupes de cent personnes, c’est compliqué. Il faut les répartir sur plusieurs établissements. Mais cela ne se produit que trois ou quatre fois par an.» Ce problème sera en grande partie réglé d’ici deux ans, lors de l’ouverture du nouvel Hôtel des Horlogers. Cet établissement proposera des chambres et des salles supplémentaires.

La société Art Show Communication sera  présente au Comptoir de la vallée de Joux, qui se tiendra du 26 au 29 avril prochains au Centre sportif du Sentier.


Clinique «mort-née»

Acquis en 2003 par la Fondation Lilli et Andres Bircher, petit-fils du créateur du fameux birchermuesli, le Grand Hôtel du Pont a été transformé pour devenir une clinique appliquant des médecines naturelles. L’exploitation, lancée en 2007, n’a duré que quelques mois. Le retrait du principal créancier hypothécaire a précipité la faillite. Estimé à 4,9 millions de francs, l’immeuble et quelque cinq hectares de terrain ont été adjugés pour 2,5 millions de francs à Isidore Elsig.


Histoire  –  De la splendeur du début du vingtième siècle à l’hébergement des réfugiés

Un parcours semblable à celui de tous les grands palaces

Construit par des promoteurs genevois à l’aube du XXe siècle, le Grand Hôtel du Pont a connu, durant les premières décennies, son temps de splendeur. Les constructeurs avait obtenu l’aménagement d’une plate-forme d’embarquement au bord du lac, où accostait le bateau à vapeur, mais aussi une zone de patinage exclusive.

Les locaux sont aménagés en fonction de l’événement et de la demande.

Les locaux sont aménagés en fonction de l’événement et de la demande. @DR

A cette époque de grands projets, il avait même été imaginé de construire une voie de chemin de fer pour accéder à la Dent de Vaulion par Pétra-Félix!

Le premier conflit mondial a bien évidemment apporté son lot d’ennuis. A l’instar de la plupart des grands palaces de montagne, le Grand Hôtel a souvent été confronté à des problèmes de rentabilité. Il n’était pas évident d’assurer un bon taux d’occupation des 120 chambres.

Avec la seconde guerre mondiale, la clientèle a disparu. L’établissement a alors accueilli des réfugiés. Il a fini par fermer ses portes en 1956, avant d’être acquis, en 1959, puis réaménagé par la Société suisse des auberges familiales pour accueillir groupes et familles. Dans sa dernière configuration, il abritait 70 chambres.

Christelle Maillard