Entraîneur du HC Yverdon, Jiri Rambousek tire le bilan d’une saison décevante, bouclée à dix points des playoffs, l’objectif initial.
Le noyau qui avait permis à l’équipe de se hisser en playoffs pour son retour en 1re ligue, la saison dernière, était intact. Des renforts de niveau supérieur avaient été embauchés dans le but de créer une véritable formation de première partie de tableau. Sur le papier, le HC Yverdon version 2018-2019 devait faire au moins aussi bien que sa version précédente. Ce qui, d’ailleurs, semblait être devenu une en simple formalité après les cinq premiers matches (onze points). Sauf que la machine s’est vite enrayée et qu’elle n’est jamais repartie à son plein potentiel. Résultat: des playoffs manqués, une peu reluisante 10e place finale et des patins rangés le 15 février au soir, déjà. A tête reposée, l’entraîneur Jiri Rambousek tire un bilan sans concession: l’équipe est passée à côte de sa saison.
Coach, qu’est-ce qu’on se dit au sortir d’un exercice comme celui-ci?
Qu’en hockey sur glace, on en apprend tous les jours. On a déjà vécu une relégation en 2e ligue, notre retour en 1re ligue, une première saison lors de laquelle on ne savait pas trop à quoi s’attendre et où on finit en playoffs. Et puis, maintenant, ça.
Ça?
Disons qu’on était assez sûrs de nous concernant une participation aux playoffs. Mon objectif, à la base, c’était même le top 6. Les joueurs pour l’atteindre, ils étaient là. Et puis voilà, on se rate, on passe au travers. C’est une déception.
Pendant longtemps, personne n’a su expliquer d’où venaient les résultats négatifs…
Rien que ça, c’est une partie de l’explication. Lorsqu’on pense avoir un certain niveau, appartenir aux meilleures équipes du groupe, et que les résultats ne suivent pas, c’est très dur à vivre. Vous regardez le classement, la zone dans laquelle vous estimez devoir figurer, et vous voyez le nom de votre équipe reculer: réussir à gérer ça, c’est compliqué. Et ce sentiment négatif est renforcé parce que, comme vous dites, on ne parvient pas à identifier la source de nos maux.
Donc si on vous dit que le nœud du problème se situait bien davantage sous les casques qu’au bout des cannes, vous nous rejoignez?
Complètement, oui. On a été victimes d’un gros problème de confiance, qui résulte, selon moi, de deux défaites à domicile: celles face à Neuchâtel et Valais Chablais II.
Des matches perdus alors que vous meniez respectivement 4-1 et 3-1.
Voilà. A partir de là, quelque chose s’est brisé. On a beaucoup parlé de nos erreurs défensives. A raison. Mais notre force lors de la saison dernière, et même au début de celle-ci, c’était avant tout de marquer beaucoup. A partir de ce dernier épisode, on n’y est plus parvenus. Et gagner des matches en scorant une fois, ça réduit pas mal nos chances. Du coup, le moindre but encaissé pesait lourd sur notre moral.
Notamment sur ceux de vos leaders?
On peut discuter du cas Juris Zandovskis. On a beaucoup parlé et il n’était franchement pas content de lui. L’année dernière, il tirait toute l’équipe vers le haut, ce qui n’a clairement pas été le cas ces derniers mois. J’ai été joueur. Je sais ce que c’est quand n’importe quel tir finit au fond. La situation inverse aussi. Ça ne s’explique pas. C’est dans la tête…
Il n’a pas été seul à décevoir aux avant-postes…
C’est vite vu, le seul attaquant sur lequel on a pu compter de manière régulière, c’est Nicolas Gay. Lorsqu’il n’y a personne, ou quasi personne, pour tirer l’équipe vers l’avant, on n’avance pas.
Le club était assez satisfait de son recrutement estival. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut parler de certaines erreurs de casting?
Disons qu’avant de les avoir chez nous, on ne sait pas vraiment ce qu’il y a sous le casque des joueurs. Et puis, on est Yverdon. Il ne suffit pas qu’on pointe du doigt des trous dans notre effectif et par magie des joueurs qui correspondent à tous nos critères débarquent. Mais je reste persuadé qu’avec un groupe comme celui-là, il y avait largement mieux à faire.
D’après leur façon de communiquer vers l’extérieur, les joueurs ont toujours semblé être soudés. Etait-ce vraiment le cas?
Absolument, et heureusement! Sans ça, je ne sais pas où on se trouverait actuellement. D’ailleurs, c’est un peu tout le dilemme qui se pose à nous lors des recrutements. Avec les moyens qui sont les nôtres, est-ce qu’on veut uniquement une équipe basée sur sa compétitivité, ou est-ce qu’on préfère créer un ensemble avec aussi des joueurs du coin qui s’identifient à leurs couleurs? Cette saison a apporté une réponse, et on ne regrette pas nos choix.
Pourtant, Jérémy Curty a été évincé de l’effectif à Noël.
C’est vrai, mais il faut remettre cette décision dans son contexte. Durant la première moitié du championnat, presque tout le monde a fait preuve de trop de suffisance. A Noël, on a mis les joueurs devant leurs responsabilités.
La fameuse remise en question, durant laquelle le président a solidifié votre position sur le banc?
C’est ça. L’idée, c’était de faire comprendre aux gars que si les résultats n’étaient pas bons, ils en étaient responsables. Et le message est d’ailleurs très bien passé.
Sauf pour Jérémy?
Disons qu’il ne se trouvait pas non plus dans la situation la plus confortable, à cause de blessures. Mais son attitude n’était clairement pas celle qu’on recherchait. Parce que notre situation était grave. Il faut aussi voir cette mise à l’écart comme un signe pour le reste du groupe.
Et vous, qu’avez-vous à vous reprocher?
Ce serait tellement simple si je pouvais juste me retourner et me dire: en octobre, tu aurais dû faire ce choix-là. Et lors de ce match, plutôt celui-ci. La vérité, c’est qu’il y a beaucoup de détails qui nous ont coûté des plumes.
Par exemple?
La position de gardien. A mon sens, j’aurais dû plus vite faire de Moritz Pfäffli notre numéro 1. Il n’a pas réussi que des matches parfaits, il le sait. Mais globalement, il a été meilleur une fois sa position de portier principal affirmée.