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«On doit apprendre de cette finale»
Simon Le Coultre (au centre) et les Genevois ont réussi leur saison, même si le titre leur a échappé. KEYSTONE/Martial Trezzini(

«On doit apprendre de cette finale»

12 mai 2021

Simon Le Coultre vient de vivre une saison riche en émotions avec Genève-Servette. Les Aigles se sont inclinés en trois matches en finale des playoffs contre Zoug. Prise de température avec le jeune défenseur combier.

Simon Le Coultre, il s’agissait de vos premiers playoffs en National League – les séries avaient été annulées l’an passé –, et vous disputez la finale. C’est assez fou, non?

Oui, c’est assez fou. On a beaucoup d’expérience dans le vestiaire, et c’est ce qui nous a permis de faire de bons playoffs.

A qui pensez-vous en particulier?

Daniel Winnik et Eric Fehr ont une longue expérience en NHL. Le second a même remporté la Coupe Stanley. Nos Suédois Henrik Tömmernes et Linus Omark sont très expérimentés aussi. Au final, on avait un bon mix entre jeunes et anciens, et ces derniers ont su nous guider sur le droit chemin.

Quelques jours après votre défaite en finale, quel est le sentiment qui prédomine?

C’est sûr que de perdre, ce n’est pas plaisant. Mais on s’est bien battus, on a tout essayé. La victoire des Zougois, c’est un peu une suite logique, eux qui ont dominé tout le championnat. Tous les petits détails qui permettent de gagner une finale, eux les ont fait à merveille. Cela fait cinq ans qu’ils préparent ça. Pour notre part, on ne doit pas avoir de regrets, on doit apprendre de cette finale. La saison prochaine, tout recommence à zéro pour tout le monde, mais on aura l’expérience de savoir comment se rendre en finale.

Sur le plan individuel, vous avez connu des débuts plus difficiles cette saison que lors de la précédente. Qu’en pensez-vous?

J’ai mis un peu plus de temps à démarrer. Il faut dire que le contingent s’est bien amélioré, et j’ai reçu un peu moins de responsabilités. Ça a été à moi de trouver une bonne place à laquelle je pouvais aider l’équipe. J’ai mis un peu de côté le jeu offensif afin d’être plus solide sur le plan défensif. J’ai ainsi pu progresser dans un autre secteur.

Honnêtement, saviez-vous que vous pouviez être aussi bon défensivement?

Oui et non. On a beaucoup travaillé là-dessus avec Louis Matte (ndlr: l’un des entraîneurs-assistants de Genève-Servette), on a fait beaucoup de vidéos pour corriger tous les petits détails, afin d’être bons à chaque match, que ce ne soit pas les montagnes russes, que ce ne soit pas du «un match sur deux ou trois». Il fallait gagner en constance, et je crois qu’on a réussi à le faire.

Vous aviez beaucoup joué en power-play la saison passée…

Cette fois, j’y suis revenu aussi, sauf en début de saison, quand le power-play fonctionnait bien. Puis, avec le temps, j’ai eu ma chance et j’ai su la saisir. On a alterné avec Roger Karrer.

N’était-ce pas frustrant d’être privé des avantages numériques en début de championnat?

Non, c’est le sport. J’ai pris ça comme une motivation supplémentaire et, honnêtement, il n’y a pas grand-chose qui me frustre dans le sport, c’est ma passion! Il faut voir le positif dans le négatif, et cette saison m’a permis de devenir meilleur défensivement.

Qu’est-ce qui a changé entre le Genève-Servette de la saison régulière, pas toujours très constant, et celui des playoffs?

La réponse est un peu cliché, mais les playoffs, c’est une nouvelle saison. On a perdu le premier match contre Fribourg-Gottéron, et on s’est dit dans le vestiaire que si on continuait comme ça, on irait droit dans le mur. Et il y a eu le retour de Noah Rod qui nous a fait du bien. Il nous a montré la voie et on a suivi notre capitaine.

Un endroit où Genève a été constant, c’est à la Vaudoise Aréna…

Je ne sais pas pourquoi on y gagne toujours. Ce sera peut-être différent l’an prochain. Mais voilà, ça fait deux ans qu’on s’impose à Lausanne, c’est un derby, et quand on s’y rend, on a envie que les choses restent ainsi.

Le bilan de la saison dans son ensemble est positif.

Oui, au vu de cette longue saison, des quarantaines, disputer la finale est un bon accomplissement. En décembre, on avait déjà fait quasi autant d’entraînements sur la glace que lors d’une saison entière. On a toujours travaillé, jamais baissé les bras malgré les quarantaines ou l’absence de spectateurs. Il faut remercier nos fans qui ont souvent été là à notre départ en car ou à notre retour pour nous soutenir. On se réjouit de les revoir la saison prochaine.

On imagine que vous faites partie des nombreux joueurs qui ont eu le Covid une fois ou l’autre.

Oui, mais sans symptômes. A chaque quarantaine, on a travaillé à la maison, avec du matériel qu’on nous avait apporté. A la troisième pause forcée, tout le monde en avait un peu ras-le-bol, alors j’espère qu’on en aura fini avec ça.

Avoir goûté à une finale, ça aiguise l’appétit?

Clairement! On a prouvé qu’on peut jouer le haut du tableau, même en saison régulière, où on a juste eu un coup de mou vers la fin, mais on a su se remobiliser.

Et l’équipe de Suisse, vous y pensez?

J’ai encore des choses à prouver. Je suis jeune, je fêterai 22 ans en août, et ça viendra quand ça viendra.

 

«Linus? Un gars super gentil»

 

Véritable attraction du championnat, Linus Omark traîne aussi une réputation de joueur parfois compliqué à gérer dans un vestiaire. Et Simon Le Coultre, qui l’a côtoyé toute la saison, qu’en pense-t-il de son coéquipier suédois? «C’est un gars super gentil et, non, il n’a pas un caractère spécial. Pour lui, le hockey est un jeu. Il veut s’amuser lorsqu’il se trouve sur la glace, sans quoi il n’a pas de plaisir, explique le Combier. C’est pour ça qu’il fait des choses qui sortent de l’ordinaire. Et puis, en playoffs, il était le premier à aller bloquer des shoots, à mettre des charges. On ne sait jamais ce qu’il va faire, c’est un super joueur. Il ne se prend pas la tête, est tranquille et aide beaucoup les jeunes attaquants aussi. Il a juste un truc en plus quand il est sur la glace.»

 

Simon Le Coultre en bref

 

Âge: 21 ans.
Statistiques: 19 points, dont 4 buts, en 50 matches lors de la saison 2019-20, sa première en National League. 15 points, dont 5 buts, en 47 matches, ainsi que 4 passes décisives en 11 rencontres de playoffs, au cours de la saison 2020-21.
Contrat: est encore lié à Genève-Servette durant une année.

Manuel Gremion