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«On se sent bien à Yverdon»
Yverdon, 15 septembre 2020. Symbios, Florent Plé. © Michel Duperrex

«On se sent bien à Yverdon»

17 septembre 2020

Florent Plé, CEO de Symbios, annonce la construction d’une nouvelle usine à 50 millions de francs à Y-Parc. Le nombre d’employés va passer de 150 à 300 d’ici à 2025.

 

Pourquoi avoir choisi de rester à Yverdon?

Nous sommes présents sur la commune depuis 1993, presque depuis le début de Symbios. On se sent très bien ici. La majeure partie de nos 150 collaborateurs vient d’Yverdon et du Nord vaudois. Lors d’un changement de bâtiment, on considère toujours cette question-là et on sait qu’une délocalisation radicale, c’est aussi potentiellement la perte d’une partie des talents qui sont les nôtres. Alors, quand on a étudié les opportunités pour le futur bâtiment, on a très bien accueilli la possibilité de rester à Y-Parc. Voilà la première raison.

Et la deuxième?

La bonne situation de la ville et plus spécifiquement son implantation au sein d’un cluster dans le med-tech en général. Il y a beaucoup de compétences dans la région et donc plus de facilités à recruter des gens dans ce secteur. On trouve aussi ici des polymécaniciens de qualité, ce qui est important pour la production de nos implants. Et si l’on parle d’Y-Parc, il y a beaucoup de services intéressants qui se développent ici.

C’est vrai que le parc en est en train de bouger…

Oui. Il existe un beau dynamisme à Y-Parc, aussi depuis l’arrivée de Mme Juliana Pantet à sa tête. Cet éco-système nous plaît et on s’y sentira bien, en tout cas les 15 prochaines années

Vous-même, vous habitez la région?

Non, alors je suis l’exception qui confirme la règle (sourire). J’habite à Préverenges, à une demi-heure en voiture.

Vous annoncez vouloir doubler le nombre d’employés. Une chance pour les habitants du Nord vaudois?

Ce sera forcément varié. Etre de la région n’est pas un critère en soi, même si c’est important notamment dans l’optique de fidéliser nos collaborateurs. Mais on pousse aussi, et c’est logique, pour l’importance de la diversité des profils. Nous sommes par exemple très heureux d’avoir accueilli récemment un collaborateur finlandais. Il apporte énormément de compétences dans son domaine spécifique et son regard différent nous permet de remettre en question la façon de travailler, ce qui est toujours bon. Il faut sortir des habitudes et pour cela, il faut aller chercher les talents. Ils ne sont pas toujours de la région et c’est normal.

Que va devenir le bâtiment actuel?

On va migrer progressivement. Notre secteur est un domaine très régulé et on devra passer un certain nombre de certifications avant de pouvoir officiellement déménager. La période de transition durera entre 12 et 18 mois. Donc le déménagement complet sera pour fin 2022 ou début 2023. A ce moment-là, le bâtiment actuel sera remis à la location.

Serez-vous propriétaires du nouveau bâtiment?

On a l’opportunité et la chance d’être suivis par des investisseurs qui étaient d’accord de construire selon nos spécifications. Symbios n’a pas souhaité investir elle-même, on sera locataires. Symbios va par contre investir pour augmenter significativement sa présence dans le métier, notamment dans le secteur des implants sur mesure, où nous possédons un savoir-faire historique dans la conception et la production. Depuis dix ans, on a énormément investi pour industrialiser cette stratégie et ce savoir-faire. On est passé de l’artisanat, en exagérant, à quelque chose de plus industriel, ce qui nous permettra d’augmenter les volumes.

Pour conquérir de nouveaux marchés?

Oui. Aujourd’hui, nous sommes principalement présents sur le marché européen, qui est un marché important, mais pas le plus important. Et je dirais même qu’il est l’un des plus difficiles. La réglementation devient la plus exigeante au monde et les prix de commercialisation sont plus bas que dans d’autres zones, donc c’est important pour nous d’adapter notre stratégie.

Plus concrètement, qui allez-vous viser?

L’Asie-Pacifique, et notamment le Japon, l’Australie et la Corée du Sud. Ce sont des marchés attractifs, avec des volumes et des qualités de soins qui font que nos produits seront attractifs et bien positionnés.

Quelles qualités doit avoir un de vos collaborateurs? Quelle est votre culture d’entreprise?

Peut-être plus que dans d’autres sociétés de dispositifs médicaux, le patient est au centre de notre mission. Plus de la moitié des implants que l’on vend sont des implants sur mesure, même si on fait un peu de standard aussi. Le patient a une place différente avec un dispositif sur mesure, tout est fait spécifiquement pour lui. Cela conditionne tout ce que l’on fait et notre mission est complètement orientée vers lui. Il faut donc vraiment être engagé et passionné. C’est ce qui nous pousse tous quand on se lève le matin. Notre différence, c’est la compétence et l’engagement à traiter le patient de manière individuelle.

La crise du Covid a-t-elle retardé votre planification du déménagement?

Sur l’acceptation du projet, oui, il y a eu un peu d’inertie, c’était inévitable. Mais on a des perspectives, pour l’instant en tout cas, assez optimistes. Le besoin des patients n’a pas été annulé, il a été différé pour des questions de disponibilité des infrastructures hospitalières, mais les gens qui avaient besoin de prothèses au printemps en ont toujours besoin aujourd’hui. On observe donc un phénomène de rattrapage et on en revient à des niveaux plus normaux. Notre projet de fond n’a pas changé et il est indépendant de la pandémie. Nous sommes prêts à investir.

 

Un nouveau bâtiment de 12 000 m2

Symbios continue donc son expansion avec la construction d’une nouvelle usine de 12 000 m2 entièrement pensée et conçue sur mesure pour les besoins du leader en implants orthopédiques de la hanche et du genou. Plus de 50 millions seront engagés dans la construction du bâtiment par Mario Di Pietrantonio, représentant d’un groupe d’investisseurs. «La Municipalité se réjouit du soutien que Symbios a trouvé auprès des investisseurs. La société est bien implantée dans le Nord vaudois: ses actuels projets de développement confirment l’attractivité du site d’Y-PARC mais aussi de toute la région», déclare Jean-Daniel Carrard, syndic d’Yverdon-les-Bains.

La construction devrait démarrer ce mois encore pour se terminer à la fin 2021. Le projet prévoit une mise en service durant le premier trimestre 2022, puis les 150 personnes actuellement employées seront transférées sur le nouveau site en même temps que les activités de production, pour la fin 2022. Ce nouveau bâtiment à la pointe de la technologie deviendra le siège social de l’entreprise.

A noter qu’Y-Parc et ses 52 hectares accueillent aujourd’hui environ 200 entreprises pour un total de 1800 employés. Le potentiel est d’environ 9000 employés. La marge de progression est donc encore bien réelle.

 

Photo: Michel Duperrex

Tim Guillemin