«On va faire entre neuf et quinze points»
2 mai 2025 | Textes et photo: Manuel GremionEdition N°3936
Le sprint final pour le maintien commence dimanche pour Yverdon Sport. Paul Bernardoni est persuadé que les Verts ont toutes les clés en main pour s’en sortir. Le gardien sait de quoi il parle.
Yverdon Sport a cinq rencontres pour décrocher son maintien. Alors que le dernier tour du championnat, désormais divisé en deux, s’apprête à démarrer, Paul Bernardoni croit entièrement en les qualités du groupe. «De mon point de vue, on est plus forts que nos adversaires», a-t-il lancé, hier, aux membres du Club des 1000, par qui il était invité, avant d’énumérer les cinq formations que les Yverdonnois vont devoir affronter ce mois-ci. «On va faire entre neuf et quinze points!»
Le gardien des Verts a passé presque toute sa carrière dans des clubs qui luttaient contre la relégation. Ces moments-là, il les connaît très bien. «C’est tout dans la tête, il va falloir faire en sorte que l’on soit frais mentalement et simplement rentrer dans nos adversaires à chaque match, à chaque duel.»
Dans sa position actuelle, l’équipe a-t-elle néanmoins des doutes? «Dans une carrière, il n’est pas normal de ne pas douter, a rétorqué le dernier rempart yverdonnois. Lors de notre dernier match à Bâle, par exemple, je n’ai pas effectué un arrêt et ai encaissé quatre buts avant la mi-temps. Je suis allé m’isoler dans les toilettes alors que rien ne fonctionnait, puis je me suis dit que je devais aller de l’avant, et la seconde période a été bien plus cohérente. Il s’agit de trouver le juste milieu, entre ne pas trop douter quand les choses deviennent difficiles, et ne pas être trop sûr de soi quand tout va bien.»
Les éléments les plus expérimentés de l’effectif, dont il fait partie, ont pour mission de veiller à conserver cet équilibre. Lui qui est devenu professionnel avant même d’atteindre sa majorité se souvient que, lorsqu’il a obtenu son premier contrat pro, un groupe de routiniers l’ont pris à part pour lui expliquer qu’il était exclu de le voir débarquer avec des montres de luxe, ou autre, à l’entraînement. «Ce n’est pas ça la vie, m’ont-ils bien fait comprendre», a-t-il raconté.
Le «foot vrai»
Cela fait depuis ses 13 ans qu’il pratique le football tous les jours, lui qui s’est toujours trouvé dans les buts. «A 8 ou 9 ans, j’ai reçu une paire de gants, et c’est parti comme ça. Quand le football professionnel sera terminé pour moi, je continuerai probablement à jouer, et ce sera en tant que gardien.»
Passé par les équipes de France juniors, il a rapidement obtenu son premier contrat pro, à une époque où beaucoup de grands clubs étrangers venaient se servir dans le réservoir français, et a ensuite appris le métier «sur le tas». «Je suis de la première génération qui a signé très tôt, les clubs voulaient nous sécuriser. On fait alors très tôt face à l’échec, aux joies, ce qui nous rend plus vite matures.»
Il a ainsi défendu les cages de Troyes, de Bordeaux, de Clermont, de Nîmes, d’Angers et de Saint-Etienne avant de s’engager en Turquie, en 2023. Il a également failli être enrôlé par le Lausanne-Sport, puis s’est finalement retrouvé à Konyaspor. L’aventure turque a tourné court, puis il y a eu l’opportunité de rebondir à Yverdon Sport. «J’étais alors un peu écœuré du foot, et me retrouver ici, le fait de revenir aux bases, dans un tel club, avec des gens accoudés à la rambarde au bord du terrain, m’a fait du bien, a-t-il répété. On sent cette ferveur à domicile, et j’aime ce foot un peu brut, ce foot vrai.»
S’il admet toujours avoir le rêve de disputer un jour une rencontre de Coupe d’Europe, Paul Bernardoni apprécie faire partie de ce projet yverdonnois qu’il affectionne. L’été dernier, malgré différentes propositions, il a choisi de rester dans le Nord vaudois. Aussi pour son épouse, pas tout à faire remise de quelques soucis de santé, et simplement parce qu’il se plaît à Yverdon.
L’équipe aura bien besoin de l’expérience et des parades tentaculaires de «Paul le poulpe» ces prochains jours: il y a un nouveau maintien à aller chercher.