Papy-boom: au cœur de la tempête

L’Association pour la santé, la prévention et le maintien à domicile (ASPMAD) du Nord vaudois a organisé son assemblée générale mercredi à Suchy. Les résultats de l’année écoulée, fortement impactés par l’augmentation des besoins et le vieillissement de la population, y ont été présentés, avec une tendance à la hausse des activités, qui devrait se poursuivre ces prochaines années.

«Nous vivons dans un contexte sociodémographique sans précédent. Nous devrons faire preuve d’adaptabilité dans les temps à venir», appuie le directeur de l’ASPMAD, Thierry Azzola. Les Centres médico-sociaux (CMS) du Nord vaudois se préparent en effet à essuyer la tempête. Forts des leçons tirées lors de l’année 2024, marquée par l’augmentation des besoins en soins et le vieillissement rapide de la population, des mesures sont prises pour affronter au mieux la vague du papy-boom qui se profile.

2024: emballement du rythme cardiaque

«Mon ressenti pour l’année 2024, c’est qu’il est difficile de vivre un résultat négatif alors que nous avons largement augmenté nos activités», constate Thierry Azzola. Les chiffres sont, en effet, sans appel. En 2024, les CMS du Nord vaudois ont réalisé 524 677 heures de prestations, contre 491 215 en 2023. Une augmentation drastique qui n’a pas pu être entièrement prise en charge par le personnel interne des CMS. De ce fait, un nombre important de personnes externes ont dû être engagées.

Rappelons que, en tant que prestataires publics, les CMS vaudois ont l’obligation de prendre en charge toutes les personnes domiciliées dans le canton. D’où, afin de pouvoir gérer l’afflux de nouveaux clients, l’engagement d’intérimaires.

Le nombre de collaborateurs internes est passé de 629 EPT (équivalents plein-temps) en 2023 à 643,4 en 2024. Tandis que pour les employés temporaires, le chiffre passe de 53,2 EPT en 2023 à 77,5 en 2024. Des renforts qui ont pris en charge 73% des heures de prestations supplémentaires par rapport à ce qui était prévu au budget 2024 (31 371 heures pour le personnel externe, 11 390 pour les collaborateurs internes).

Une stratégie qui n’est pas sans conséquence sur les finances, car l’engagement de personnes externes entraîne immanquablement un surcoût. Ainsi, par rapport à ce qui a été budgété, il a fallu débourser 1,147 million de francs supplémentaires pour couvrir l’augmentation des activités. «L’enjeu principal, c’est le personnel intérimaire», appuie le directeur, qui rappelle que le recrutement reste, après tout, un problème qui touche toutes les structures de la santé et pas uniquement les CMS.

Au final, le résultat opérationnel de l’ASPMAD pour 2024, dont le budget visait un résultat à zéro, conclut sur un déficit de 1,2 million de francs. Un fossé comblé par le financement de l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (AVASAD, la structure faîtière cantonale qui coordonne les associations régionales), principalement, et par les réserves financières de l’ASPMAD.

2025: en quête de sang neuf

«Nous sommes engagés dans la vague ascendante depuis maintenant 18 mois. Dans les cinq, voire dix prochaines années, les besoins en soins vont continuer d’augmenter dans le Nord vaudois avant de pouvoir atteindre le creux de la vague. Les enjeux sont, désormais, de conserver notre personnel en garantissant l’attractivité de nos postes et d’engager toujours plus», explique Thierry Azzola.

Ainsi, le budget 2025 table sur une augmentation des activités des CMS du Nord vaudois aussi importante que durant l’année 2024. Un budget ambitieux, car à l’heure actuelle, il est difficile de prévoir le degré exact avec lequel les besoins de la population augmenteront.

Surtout, afin d’éviter les surcoûts et améliorer la qualité des prestations, l’ASPMAD espère recruter largement pour pouvoir se passer du personnel externe. Cela passe par la pérennisation de l’offre d’une formation de santé de la Croix-Rouge suisse aux nouveaux collaborateurs, mais aussi des actions plus ciblées comme le Job Dating organisé par les CMS au Comptoir du Nord vaudois (La Région du 1er avril 2025). «Cet événement a permis de retenir huit personnes, encore en cursus de recrutement», se réjouit le directeur.

Les objectifs pour 2025 prévoient donc une augmentation des EPT pour les collaborateurs internes (670,6 EPT pour 2025) et une diminution du personnel externe (58,9 EPT, contre 77,5 en 2024). Globalement, le taux d’activité devrait augmenter de 11,1% durant l’année à venir. Malgré tout, le directeur reste confiant: «C’est notre mission et on y croit. Les soins à domicile et le maintien en santé représentent l’avenir, notamment parce qu’on ne va pas augmenter le nombre de lits dans les hôpitaux. Nous avons aussi la chance, et c’est aussi notre force, d’avoir un réseau de santé et social très dense dans le Nord vaudois», conclut Thierry Azzola.