Football – Euro 2016 – Sacré champion d’Europe dimanche soir, le Portugal a enfin remporté un grand titre. Dans le Nord vaudois, la fête était partout.
Le Portugal a mis la France à terre! La Seleção a été sacrée championne d’Europe grâce à une frappe de l’attaquant de… Lille Eder, à la 110e (1-0 ap). Les Portugais, peuple de football, ont enfin un titre à faire valoir dans leur palmarès jusque-là vierge. Partout dans le Nord vaudois, la fête a été folle.
On aurait tant préféré commencer différemment. Par le récit d’une inspiration de génie, d’un but exceptionnel, d’un geste parfait. Mais une intervention au mieux mal maîtrisée et même pas sanctionnée de Dimitri Payet sur Cristiano Ronaldo, à la 8e minute, en a décidé autrement.
Il est 21h17 quand CR7 s’allonge sur la pelouse et que les larmes inondent ses joues. Il est 21h25 quand le triple Ballon d’Or doit se rendre à l’évidence et, à nouveau couché sur le terrain, demande le changement. En mission pour leur capitaine sur le flanc, les Portugais ont mis leurs tripes sur le terrain.
Au coup de sifflet final, Cristiano Ronaldo, de retour sur le banc dès la deuxième mi-temps, a pleuré comme un gosse. Mais ces larmes-là n’avaient pas du tout le même goût que celles du 4 juillet 2004. Ironie suprême pour ce Portugal qui a toujours pu compter sur des stars: à Saint-Denis, il s’est imposé sans star, mais avec beaucoup de coeur et d’intelligence.
L’histoire d’Eder, aussi, est presque trop belle. Un attaquant mal-aimé au Portugal, à deux doigts de manquer l’Euro 2016, pas titulaire lors de la compétition et qui, pourtant, est celui qui a délivré tout son pays en marquant en prolongation le seul but de la finale contre la France. Début avril, il avait même dû essuyer des sifflets de la part de son public lors d’un match amical contre la Belgique.
Arrivé à Lille durant l’hiver, en provenance de Swansea, Eder a rayonné, avec six buts, quatre passes décisives en treize matches. «Le championnat de France m’a donné l’opportunité de montrer mes qualités, dont certaines étaient même endormies», avait-il déclaré. Dimanche, avant d’entrer sur le terrain, Cristiano Ronaldo, lui a assuré que ce serait lui qui ferait la décision. «J’ai senti qu’il pouvait marquer le but de la victoire», a assuré CR7. Forcément, il fallait que ce soit lui.
Une grande équipe
Il faut s’y résoudre, le sport professionnel est un monde dans lequel les bisounours et les romantiques n’ont plus leur place. Le résultat, rien que le résultat. Gagner, à tout prix, coûte que coûte. Peu importe la manière. Avec le jeu et le spectacle comme grille de lecture, on peut adresser bien des reproches à ce Portugal champion d’Europe.
Mais à terme, la mémoire collective se contrefout des détails et se contente de la lecture d’un palmarès pour déterminer qui était, à un moment précis, une grande équipe ou qui ne l’était pas.
Le Portugal, cette terre de football trop longtemps privée de récompense, a été une grande équipe en 2016. Peut-être moins belle et séduisante que celle d’Eusebio dans les années 1960, que celle de Chalana dans les années 1970 ou que celle qui a excellé, avec Figo et Rui Costa, pendant dix ans entre 1996 et 2006. Mais, en tant que championne d’Europe, cette Seleção est devenue la plus grande de la riche histoire de son football national.
Amère mais ragaillardie
«Forcément, c’est très dur. On a manqué d’un peu de fraîcheur, mais ce n’est pas une excuse, on a eu les opportunités. Ça se joue à peu, c’était un match assez fermé. C’est beaucoup de déception, même s’il ne faut pas tout jeter», a réagi le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps.
La France s’est réveillée groggy, hier, avec des sentiments mêlés: amertume de la défaite à domicile face au Portugal en finale de l’Euro 2016, mais fierté, aussi, devant le parcours des Bleus dans une compétition réussie, malgré le défi sécuritaire. Meurtri par les attentats de 2015, plombé par des mois de conflits sociaux, le pays aurait pu vivre une parenthèse enchantée grâce à une victoire qui n’est finalement pas venue, mais il est ragaillardi par cet Euro.
AFP