Logo
Pascal Broulis:  «Le temps est venu»
(KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Pascal Broulis: «Le temps est venu»

19 août 2021

Le conseiller d’Etat sainte-crix a annoncé en exclusivité à La Région qu’il ne briguera pas un cinquième mandat l’an prochain.

A la rue de la Paix, à Lausanne, mercredi après-midi, l’atmosphère est calme et détendue. «Il arrive dans trois minutes», annonce la secrétaire. Patience. Il va falloir encore attendre un petit peu avant de connaître la réponse à la fameuse question que tout le monde se pose depuis l’annonce fracassante de Philippe Leuba, jeudi dernier, de ne pas se représenter pour un nouveau mandat. Puis le grand argentier arrive, tout sourire. Même pas le temps de l’interroger sur ce point qu’il avance, de lui-même, sa position: «J’annonce mon retrait pour juin 2022, lâche-t-il. C’est une décision prise depuis très longtemps, partagée en famille. C’est le fruit d’une réflexion calme et posée.»

Le conseiller d’Etat sainte-crix, qui cumule les mandats depuis 2002, aura finalement fait de sa blague une réalité. Car à l’entrée de son bureau, un lecteur attentif aura pu voir qu’il a affiché un contrat de bail peu commun. Sur ce document signé, il est inscrit que Pascal Broulis est un des locataires du château cantonal et, par voie de conséquence (pour reprendre une expression du ministre de l’Economie), il a un loyer mensuel du franc symbolique à payer jusqu’en juin 2022. «Renouvelable! C’est bien noté que le bail est renouvelable», s’empresse-t-il de préciser.

Parlant de date, le Nord-Vaudois a choisi son moment pour dévoiler sa position. «J’ai toujours respecté les échéances. Je l’ai dit à ma secrétaire hier soir et à mon collaborateur personnel, mais personne d’autre n’est au courant pour l’instant», confie le PLR. Pourquoi n’a-t-il pas profité de la conférence de presse de la rentrée de son parti, qui s’est tenue mardi? «Ce n’était pas le moment. Il n’y avait aucune raison que l’on mélange les choses. Je respecte les délais et cette annonce vaut pour elle-même. Et pourquoi monsieur Leuba et votre serviteur avons attendu jusqu’ici pour le dire, allez-vous me demander? Parce qu’on avait une pandémie à gérer, nom de Zeus! souligne le fervent défenseur de la presse de sa région. D’ailleurs, je trouve que l’on annonce déjà très très rapidement les choses, peut-être même trop rapidement, puisque les Verts, l’UDC et le Parti socialiste ont prévu de ne communiquer qu’en octobre-novembre.»

L’ancien banquier explique son choix avec pragmatisme: «Il est temps de passer la main. Mais je vais continuer de faire mon travail avec enthousiasme jusqu’à la fin de mon mandat. Mon enthousiasme que j’avais à ma première candidature est resté intact.»

Sa décision était l’objet de spéculation depuis des mois, mais ce n’était pas ça qui allait faire plier cet homme déterminé. «C’était la même chose à la banque. Le directeur des ressources humaines m’avait dit que je serai patron de banque, que c’était un plan de carrière. Peu après, les plans de carrière n’existaient plus. Donc non, c’est un choix personnel, comme celui de se porter candidat», assure celui qui a fêté ses 56 ans en avril dernier. Et d’ajouter: «J’ai toujours le feu sacré, mais le temps est venu, il faut savoir passer la main.»

Des noms de papables PLR commencent déjà à sortir et se bousculent déjà au portillon, comme le Nord-Vaudois Alexandre Berthoud. Sans compter la ministre sortante Christelle Luisier Brodard, qui accepte de se représenter pour un prochain mandat, et Sergei Aschwanden, qui s’est annoncé candidat. Le Parti libéral-radical a jusqu’au 22 septembre pour entériner les candidatures. Il va également discuter d’instaurer un plafond de trois mandats. «La section Nord a dit niet, non! Je m’y oppose fermement», martèle Pascal Broulis, qui veut croire que la volonté du peuple doit être plus importante qu’une règle arbitraire. En même temps, le Sainte-Crix fait partie des exceptions en politique en ayant œuvré dans un même département durant vingt ans, un record suisse.

Christelle Maillard