Une page se tourne pour l’Abbaye des Volontaires de Montcherand, qui vient d’élire son nouvel abbé-président en la personne de Christophe Hiertzeler.
L’abbé change, mais les traditions demeurent. Cédric Jeanmonod, aux commandes depuis six ans, a en effet transmis la canne d’abbé-président à son concitoyen Christophe Hiertzeler lors de la dernière assemblée de l’Abbaye des Volontaires de Montcherand, dimanche 26 janvier.
Un passage de relais qui s’est fait dans l’émotion. Difficile en effet pour les membres de la société de dire adieu à l’«abbé-Monod», comme ils l’appellent affectueusement. «C’est une grosse émotion», reconnaît l’intéressé, qui restera quand même membre de la société. «J’ai tout de même un petit pincement au cœur car les membres du Conseil sont devenus de très bons amis. Il faut dire que les années où a lieu la fête de l’Abbaye, on se voyait tous les week-ends.»
Les copains d’abord
Au nouvel abbé, Christophe Hiertzeler, 42 ans, de prendre en main cette bande de joyeux drilles qui composent l’Abbaye des Volontaires de Montcherand. «Je me réjouis des futures séances avec les indisciplinés du Conseil», rigole-t-il.
Menuisier de métier et doyen à l’École technique des métiers de Lausanne (ETML), cela fait quinze ans que Christophe Hiertzeler est membre de l’Abbaye et huit ans qu’il siège au Conseil. Au moment de saisir la canne de l’abbé-président, il se dit prêt, même s’il admet avoir un peu la pression: «Ce n’est pas facile de passer après Monod. C’est une icône du village, quelqu’un d’apprécié de tous. Mais je sais que ça va être un plaisir de travailler avec le Conseil. C’est une bande de copains à présent.»
Défis passés et futurs
Le nouvel abbé reprend donc les rênes d’une solide équipe, consolidée par la régence de Cédric Jeanmonod. Ce dernier a notamment dû essuyer la tempête Covid-19 et tous les autres petits tracas inhérents à une abbaye villageoise, comme les bus qui s’obstinent à traverser la localité lors des verrées ou les orages apparaissant lors du cortège du dimanche.
Le prochain gros morceau que devra surmonter Christophe Hiertzeler consiste à organiser la fête du 225e anniversaire de l’Abbaye des Volontaires, qui devrait se dérouler prochainement, entre 2028 et 2030 (étant donné que le 225e tombe en 2029, il faudra trancher entre ces deux dates pour célébrer ce jubilé).
Des sourires et des hommes
Cela fait depuis 1804 que l’Abbaye des Volontaires célèbre son village les années paires. «Pour moi, c’est une tradition essentielle qui perpétue l’esprit village et la fête de tir», soutient Cédric Jeanmonod.
La société compte 149 membres, tous des hommes habitants de Montcherand ou des alentours, mais conservant un lien avec le village. «Les abbayes sont essentielles pour assurer la cohésion et les relations entre toutes les générations. C’est juste quelque chose d’incroyable», s’exclame le nouvel abbé-président pique-raisinet. Cohésion masculine donc, étant donné que les abbayes restent très souvent des sociétés réservées aux hommes. «C’est une fête de tir, rappelle Cédric Jeanmonod. Traditionnellement, c’était pour protéger le village, ce qui était l’affaire des hommes.»
Lors de la dernière révision des statuts de l’Abbaye de Montcherand, les membres ont d’ailleurs unanimement décidé de ne pas ouvrir la société aux femmes. «On voulait rester entre hommes», s’amuse l’ancien abbé-président. Plus sérieusement, il reconnaît que si l’ouverture n’est pas d’actualité dans sa commune, c’est notamment grâce à la bonne santé de son abbaye. «Je sais que la question est plus discutée dans d’autres villages qui manquent de membres. A Montcherand, on a toujours eu la chance d’avoir des volontaires pour former la relève. On a d’ailleurs une Jeunesse très active, ce qui est très important pour assurer le fonctionnement global.»
Et le nouvel abbé d’ajouter: «On a la chance d’avoir beaucoup de jeunes. Il y a pas mal d’autres sociétés où les membres sont vieillissants. La jeunesse, c’est ce qui fait notre force!»
L’Abbaye des Volontaires de Montcherand, une société qui a su rester jeune… et virile!