Passage de témoin à l’Espace Gutenberg

Toni Bättig et Jean-Pierre Grossrieder ont été chaleureusement applaudis.

L’association de l’Espace Gutenberg, à Yvonand, a tenu mercredi soir une 30e assemblée générale teintée d’émotion. En effet, après les portes ouvertes organisées au début de l’automne, qui ont connu un grand succès populaire – plus de 500 personnes ont été accueillies l’espace d’un après-midi –, Toni Bättig et Jean-Pierre Grossrieder, les deux derniers membres du trio, avec Pierre Guignard, qui a lancé ce projet fou, ont passé la main.
Ce n’était bien évidemment pas une surprise puisque ces deux personnalités, professionnellement actives durant des décennies à l’Imprimerie du Journal d’Yverdon, puis chez Sprint, avaient annoncé depuis plusieurs mois leur intention de transmettre leur fonction respective.
Il est vrai que ces deux compagnons – terme désignant ceux qui composent le comité – ont réalisé, avec le soutien des membres et amis, un travail tout simplement extraordinaire. En effet, l’Espace Gutenberg est un musée vivant, doté de machines exceptionnelles, sauvées de la casse, et encore opérationnelles grâce au savoir-faire des imprimeurs et des typographes.

L’hommage d’un membre

Membre de l’association, Jacky Duvoisin a rendu un bel hommage à ces deux pionniers, évoquant d’abord une anecdote. En 1993, il dirigeait alors la succursale yverdonnoise de Publicitas, dont les bureaux étaient proches de l’Imprimerie du Journal; Jacky Duvoisin passe à l’atelier, et dit à Jean-Pierre Grossrieder: «C’est quand même super la typo!» Et son partenaire de répondre, sur le ton de la confidence: «On est en train de monter un petit musée à Yvonand.»
Et quel musée! Grâce au soutien de la Commune d’Yvonand, l’Espace Gutenberg permet à la fois de sauver un patrimoine et de jouer un rôle de transmission aux jeunes générations, qui n’ont pas connu l’époque du plomb. «Grâce à vous, on a un patrimoine extraordinaire regroupé à l’Espace Gutenberg. Sans vous, ces machines auraient fini à la ferraille. Et les lettres de plomb seraient parties à la fonte», a relevé l’intervenant. Et de souligner encore que le matériel réuni est plus important que celui d’une petite imprimerie. L’assemblée s’est associée à ces remerciements avec un tonnerre d’applaudissements.

Nouveau compagnon

Un nouveau compagnon, Christian Cottier, a été désigné pour rejoindre le comité, qui comprend encore Suzanne Fourré, Frédéric Habegger, Murielle Daenzer Fernandez et José Gonzalez.
Dans son rapport, Jean-Pierre Grossrieder est revenu sur cette année 2024 ponctuée par les fameux mardis, une excursion anniversaire dans la région d’Annecy (France), et bien entendu les festivités du 30e, avec les portes ouvertes et l’édition d’une plaquette qui rappelle les grands moments de cette aventure.
Un site internet mis à jour, dont s’occupera Stéphanie Turrian, permettra d’ici le début de l’an prochain de découvrir au jour le jour les activités et les collections de l’Espace. On rappellera que des visites sont organisées à la demande. Afin de faciliter l’impression, outre les démonstrations pratiques, quatorze clips vidéo permettent de suivre sur des écrans les opérations conduisant à l’impression, avec bien entendu un regard axé sur les méthodes disparues ou en voie de l’être, à l’heure où le numérique s’impose de plus en plus.
C’est d’ailleurs l’une des qualités de ce véritable musée. On a vu, lors des portes ouvertes d’octobre, de nombreuses familles intéressées par les techniques anciennes, et des grands-parents qui tenaient à faire découvrir ce monde à leurs petits-enfants.