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Les patoisants ont conquis la ville
©Carole Alkabes

Les patoisants ont conquis la ville

25 septembre 2017 | Edition N°2087

Yverdon-les-Bains – La fièvre de la Fête romande et internationale des férus de patois s’est emparée de la Cité thermale, de vendredi à hier. Concerts, ateliers, conférences et cortège, les protagonistes ne sont pas passés inaperçus

Encore aujourd’hui, les hommes, comme Dominique Kaser, se mettent à genoux devant leur dame. Un geste qui a l’air de plaire à sa femme Catherine. ©Carole Alkabes

Encore aujourd’hui, les hommes, comme Dominique Kaser, se mettent à genoux devant leur dame. Un geste qui a l’air de plaire à sa femme Catherine.

Des costumes folkloriques, des chapeaux originaux, des chants dans une langue étrange, bref, il était impossible de passer à côté des patoisants, le weekend dernier, à Yverdon-les-Bains.

Pas moins de 23 associations suisses, françaises et italiennes se sont réunies pour la Fête romande et internationale des patoisants. De vendredi à dimanche, conférences, concerts, cortège haut en couleur et ateliers étaient organisés par et pour ces passionnés d’un dialecte oublié, et pour le grand public en quête de découvrir les origines de leur langue. «C’est assez marrant de voir que l’on comprend quand même quelques mots», constate Stéphane Balet, ancien président du Conseil communal yverdonnois.

Quand on dit qu’il faut porter haut et fort ses couleurs, ce patoisant a pris le message au pied de la lettre. ©Carole Alkabes

Quand on dit qu’il faut porter haut et fort ses couleurs, ce patoisant a pris le message au pied de la lettre.

Dans le florilège d’activités proposées, c’est certainement la reconstitution d’une classe d’école de 1806 qui a eu le plus grand succès, avec près de 250 élèves d’un jour. Cette mise en scène permettait aux néophytes d’apprendre quelques mots en patois avec la professeure Monique Schafroth. Jusqu’à ce que débarque un représentant du département vaudois, incarné par Jean- Louis Vial : «Arrêtez d’enseigner où je vous coupe la main droite !, a-t-il lancé au milieu de la leçon. C’est comme cela qu’on punissait les professeurs qui ne respectaient pas l’interdiction d’apprendre le patois.» Mais rassurez-vous, la maîtresse est repartie en un seul morceau !

Le mélange de paroles en patois et d’accordéon du duo Trouveur valdotèn, composé de Liliane Beitolo et Alessandro Boniface, a eu un succès phénoménal au Temple. ©Carole Alkabes

Le mélange de paroles en patois et d’accordéon du duo Trouveur valdotèn, composé de Liliane Beitolo et Alessandro Boniface, a eu un succès phénoménal au Temple.

Que ce soit lors du culte œcuménique d’hier matin ou lors des différents concerts programmés, les patoisants n’ont pas arrêté de chanter. «Ils défendent leur tradition par la chanson, explique Bernard Martin, président de l’Association vaudoise des amis du patois. C’était un moyen d’exprimer des grands thèmes de la vie comme l’amour, la mort et la déception.» «La chorale jurassienne m’a particulièrement marqué», raconte Alexandre Solliard, vice-président de la Société des costumes et du patois de Savièse.

 

Première à Yverdon-les-Bains

 

Immersion en 1806, dans une classe d’école où plus de 250 personnes sont venues pour apprendre le patois et profiter de la mise en scène. ©Carole Alkabes

Immersion en 1806, dans une classe d’école où plus de 250 personnes sont venues pour apprendre le patois et profiter de la mise en scène.

Cette manifestation est organisée tous les quatre ans, mais c’est la première fois qu’elle prenait place au cœur de la capitale du Nord vaudois. «C’est très bien qu’on ait organisé cette édition à Yverdon-les-Bains, dans une région où l’on n’imagine pas que le patois existe encore, poursuit le Valaisan, qui côtoie les patoisants depuis quarante ans. J’aurais juste espéré plus de monde le samedi soir.»

Pourtant, pour Bernard Martin, c’est une grande réussite. «J’étais comme Frodon dans le Seigneur des anneaux, je ne savais pas dans quoi je me lançais et comment ça allait se passer, mais finalement, tout s’est parfaitement déroulé», confie-t-il. Et comme on dit en patois : quand l’è bon, l’è prâu ! (ndlr : Quand c’est bon, il y en a assez !)».

Christelle Maillard