Patrimoine en péril
1 juillet 2025 | Texte: j.-PH. pressl-wenger | Photo: Michel DuperrexEdition N°3968
L’initiative «Valoriser plutôt que démolir!» vise à modifier la Constitution cantonale pour protéger certains bâtiments sis hors des zones à bâtir.
Une capite, sous le chaud soleil de fin juin, lovée dans le vert pétillant d’une vigne vaudoise. Cette superbe image pourrait venir à disparaître. Et il pourrait en être de même pour des chalets du bord du lac, ou encore des bâtiments nichés au creux de nos montagnes, qu’elles soient jurassiennes ou alpines. «Cette initiative veut avant tout valoriser le patrimoine bâti hors des zones prévues à cet effet, détaille Jean-Pierre Grin, président du comité d’initiative. Il s’agit d’une démarche qui réunit plusieurs sensibilités. Il n’y a pas d’enjeu politique direct, mais plutôt une volonté commune à tout le spectre politique de conservation du patrimoine.»
Modification de la Constitution
Le texte demande l’ajout d’un article 52c à la Constitution cantonale existante. Trois points le constitue. Le premier tend à protéger les constructions situées hors d’une zone à bâtir, pour autant qu’elles soient intégrées au paysage depuis au moins trente ans. Le deuxième point, lui, détaille quels bâtiments méritent une protection (chalets de montagne, capites vigneronnes, maisonnettes de pêcheurs ou de loisir sises au bord d’un lac). Finalement, le texte demande à l’État de conclure un contrat approprié avec les propriétaires ou les usagers par lequel ils s’engagent à «respecter le site, la nature, la biodiversité et les réserves naturelles s’il y a lieu, ainsi qu’à entretenir leur terrain et empêcher l’érosion». Le droit fédéral, lui, reste réservé.
Les raisons mises en avant
Pour l’instant, sur les 12 000 signatures requises pour que l’initiative aboutisse, environ la moitié ont été récoltées. Le travail du comité se poursuivra jusqu’à la fin de l’été. La date butoir du 9 septembre doit mettre un point final à la récolte et marquer l’éventuelle remise du texte et des signatures aux autorités cantonales. Selon les initiants, le texte permettrait de préserver l’identité et la culture régionales, de travailler sur des bâtiments existants dont le bilan carbone est déjà largement amorti et de garantir une décision unanime pour toute démolition. Ceci sans oublier l’idée de base: valoriser un patrimoine bâti au lieu de le laisser disparaître.