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Père et fille à l’assaut des routes de Monte-Carlo

21 janvier 2015

Rallye – Claude-Alain Cornuz et Jessica Robert s’élanceront demain sur leur première épreuve de championnat du monde ensemble. Le point d’orgue d’une jolie collaboration familiale.

Jessica Robert et Claude-Alain Cornuz. © Nadine Jacquet

Jessica Robert et Claude-Alain Cornuz.

Sale moment: Jessica a une douzaine d’années quand elle apprend que son père envisage de vendre sa voiture de rallye. La déception est vive pour la petite fille, qui rêvait de pouvoir, un jour, officier comme navigatrice. Mais Claude-Alain Cornuz la rassure: il n’a pas l’intention d’arrêter sa carrière de pilote amateur. Mieux, il lui fait la promesse que, quand elle obtiendra son permis de conduire, ils participeront ensemble à un rallye. Ce jour est arrivé en 2004, en Valais. Depuis, ils ont régulièrement pris part à des épreuves des championnats de France sur terre et de Suisse. Dès demain, l’équipage familial s’alignera pour la première fois sur une manche du championnat du monde, le Rallye de Monte-Carlo.

Peut-être le point d’orgue de leur collaboration: cette course passe pour la plus prestigieuse qui soit, la plus difficile aussi. «C’est génial, c’est le rallye», s’enthousiasme Jessica, qui, mariée, porte aujourd’hui le nom de famille de Robert. Parcourir les 1400 kilomètres de l’épreuve, dont 360 de vitesse pure, sera une manière rêvée pour elle de fêter ses 30 ans.

Des débuts précoces

Devenue adulte, elle n’a rien perdu d’une passion à laquelle elle a été biberonnée. Même si elle aimait aussi «les poupées, les Barbie, les poneys », elle a été plongée très jeune dans le bain du sport auto. A l’époque, Claude-Alain Cornuz roule pour le Team Jeune Croix-Bleue, associant une démarche de prévention contre l’alcool à sa participation à des courses, tandis que Jessica et son frère Sylvain se joignent à l’effort en distribuant boissons et gadgets.

Yverdonnois de souche aujourd’hui installé à Cheyres, après des années dans le canton de Neuchâtel, Claude-Alain Cornuz, lui, n’est pas tombé dans une marmite qui bouillait déjà. Il s’est pris de passion pour le sport automobile tout seul, à 12 ans, en tombant sur un calendrier de voitures de course. «Par la suite, je me suis beaucoup documenté. J’avais envie d’en savoir plus», raconte-t-il. Ado, il a déjà envie «de faire glisser une voiture», comme il voit les pilotes de rallye le faire à la télévision. Il doit toutefois attendre son «premier salaire décent» pour se lancer. Plus de trente ans plus tard, il s’élancera, demain, pour son 85e rallye.

Troisième participation

Avec, donc, sa fille à bord. «Cela crée un vécu commun, de la complicité, c’est très fort», dit-il. Quand on lui demande si cela rajoute une pression liée au danger, il admet avoir roulé «un peu moins fort» lors de leurs premières courses ensemble. «Surtout, je ne me soucie que d’elle, précise-t-il. Il y a deux ans, nous avons fait quelques tonneaux au Rallye du Valais. Je ne pensais qu’à elle. Ni à moi, ni à la voiture.»

A Monte-Carlo, où il a déjà roulé deux fois avec d’autres copilotes, Claude-Alain Cornuz entend mettre «la cerise sur le gâteau de nos années rallye». Peut-être concourront-ils encore ensemble à l’occasion, mais tandis que la fille -qui n’exclut pas, un jour, de prendre le volant- se mettra au service d’un nouveau pilote, le père s’orientera vers les courses dites «historiques», avec une Ford Escort des années septante. L’objectif, d’ici-là? Aller au bout d’une épreuve de championnat du monde qui les confrontera à toutes les surfaces. «Si on ne finit pas, nous devrons y retourner », prévient le pilote, avec un grand sourire.

 

Affaire de famille

Le père, la fille, mais pas que! Le frère de Jessica, Sylvain Cornuz, est aussi pilote, navigué par Frédéric Jeanmonod et Didier Soguel, au sein de la Cornuz Family Team. Par ailleurs, les Pomérans Bryan et Sandrine Kaltenrieder ne sont autres que des cousins.

 

Reuche-Deriaz aussi au départ

Laurent Reuche et son navigateur yverdonnois Jean Deriaz seront aussi au départ du Rallye de Monte-Carlo. Ce sera une première pour l’expérimenté pilote neuchâtelois.

Lionel Pittet