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Peu de vin mais de très bonne qualité

29 décembre 2015

Nord vaudois – Le millésime 2015 s’annonce exceptionnel, mais faible en quantité dans la région, comme dans le canton. Le point avec quelques représentants des appellations du cru.

Le vigneron de Mathod Daniel Marendaz se félicite, à l’image de ses collègues, de la qualité du millésime 2015. © Michel Duperrex

Le vigneron de Mathod Daniel Marendaz se félicite, à l’image de ses collègues, de la qualité du millésime 2015.

Une récolte peu abondante, mais une grande cuvée en matière de qualité: voici le bilan que dressent les vignerons nord-vaudois, s’agissant du millésime 2015.

Deux facteurs expliquent le mauvais résultat quantitatif, selon ces derniers. Basé à Onnens, Camilien Gaille envisage, par exemple, une baisse de production de 30%. Le son de cloche est le même chez ses collègues des appellations Bonvillars, Cheyres et Côtes de l’Orbe, avec des fluctuations en fonction de plusieurs paramètres.

Pas tous n’ont, par exemple, eu recours au Moon Privilege, le fongicide de Bayer, tenu pour responsable de dégâts dans le vignoble, et qui fera l’objet de dédommagements de la part du géant de l’agrochimie à l’intention des vignerons touchés.

Pour Martial Du Pasquier, de Concise, comme pour d’autres, le dossier est en cours. Pas encore fixé sur le montant proposé par Bayer, ce vigneron, depuis peu à la tête d’une exploitation, espère qu’un tel scénario ne se reproduira pas de sitôt. «Je n’ai pas de grosses réserves financières. Si un incident de ce type se répète deux ans de suite, cela pourrait faire mal», commente-t-il.

L’une des conséquences de cet exercice faible d’un point de vue quantitatif est l’adaptation des prix du vin. La Cave des 13 Coteaux, à Arnex-sur-Orbe, prévoit, ainsi, de vendre ses bouteilles «moins de 10% plus cher. Nous sommes au bas de l’échelle en matière de prix, nous avions donc un peu de marge. Cette décision a été prise dans le but de maintenir une production de qualité. J’ai entendu que d’autres vignerons ont fait de même, car il faut savoir que nous avons vécu trois petites années de suite», explique Patrick Keller, directeur de la cave.

Sylvie Mayland, la directrice de la Cave de Bonvillars (CVB), dont les membres représentent le 50% de la surface viticole de l’AOC du même nom, évoque, elle aussi, une «mini-année» en termes de production -de l’ordre de 510 000 litres.

Encore mieux qu’en 2003

En revanche, et la nouvelle a de quoi mettre du baume au coeur, la récolte 2015 s’annonce exceptionnelle du point de vue de la qualité, à la CVB comme ailleurs.

Selon le Bureau d’information et de communication de l’Etat de Vaud, l’excellence du vin est due «à la grande concentration des sucres, de l’acidité et des composés aromatiques», qui laissent présager «un millésime encore plus équilibré que celui de l’année 2003, qui avait marqué les esprits».

A l’image de ses collègues, Daniel Marendaz, dont le domaine est situé à Mathod, «se réjouit de voir son vin arriver sur le marché. Ce seront d’excellents crus, élevés en degrés d’alcool», déclare-t-il.

 

L’arrosage lui a permis de tirer son épingle du jeu

Yves Cousin, basé à Concise, fait partie des vignerons à avoir pu miser sur l’apport d’eau, l’été passé, pour contrer l’effet de la sécheresse sur la vigne. «J’ai beaucoup arrosé. Cela a payé, car ma perte est seulement de 10%. Des collègues se sont étonnés de me voir livrer des remorques pleines de raisin à la Cave de Bonvillars», observe-t-il, ravi d’être récompensé pour les gros efforts consentis. «Cela m’a occupé pendant deux mois. C’est un gros investissement en temps, en argent et en énergie», explique celui qui a dû trouver des solutions adaptées à ses différentes parcelles, réparties entre Bonvillars, Onnens et Concise. En prévision d’autres étés secs, certains de ses collègues vont prendre la même option que lui. Yves Martin, basé à Bavois, prévoit, par exemple, d’investir dans un système d’arrosage goutte-à-goutte.

 

La région mise sur la diversité des cépages

L’Etat de Vaud relève, dans son communiqué relatif au bilan des vendanges 2015, «la poursuite de la diversification de l’encépagement, avec comme conséquence une diminution des surfaces des trois principaux cépages: le chasselas, le gamay et le pinot noir». Le Nord vaudois ne déroge pas à la règle. «La région propose une gamme de cépages et d’assemblages intéressante, que nos clients apprécient. Nous avons une majorité de de vins rouges, à l’inverse du Lavaux, où le chasselas domine», explique le Concisois Martial Du Pasquier. Ce dernier mise, à l’image de certains de ses collègues, entre autres sur le divico, un cépage résistant aux fléaux que sont le mildiou, l’oïdium et la pourriture grise, lancé en 2013 par Agroscope. «J’en ai beaucoup replanté car il est aussi très intéressant écologiquement», précise Martial Du Pasquier.

Ludovic Pillonel