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Phanee de Pool : de la scène de crime à la scène musicale

9 novembre 2017 | Edition N°2120

Yverdon-les-Bains – La chanteuse biennoise présentera son premier album «Hologramme», demain soir, à L’Echandole. Interview d’une jeune femme pétillante et fougueuse.

Après une carrière dans la police, Phanee de Pool a sorti son premier album «Hologramme», en août dernier. Elle sillonne les routes de Suisse romande et s’apprête à se produire sur une scène parisienne. ©DR

Après une carrière dans la police, Phanee de Pool a sorti son premier album «Hologramme», en août dernier. Elle sillonne les routes de Suisse romande et s’apprête à se produire sur une scène parisienne.

Elle a la voix qui respire la joie de vivre, Fanny Diercksen, alias Phanee de Pool, 28 ans, puisqu’elle s’apprête à se produire avec son premier album «Hologramme » sur la scène yverdonnoise de L’Echandole, demain soir, à 21h, en première partie du duo belge Sages comme des Sauvages. Avec «son chignon en nid de poule» et ses textes expressifs, il faut dire que la chanteuse biennoise ne passe pas inaperçu dans les médias.

 

Phanee de Pool, expliquez- nous pourquoi une flic comme vous a décidé, un matin, de composer ses propres chansons ?

 

(Rires) Il y a une année, alors que je zappais et qu’il n’y avait que des commémorations liées aux attentats du 11 septembre 2001, j’ai coupé le réseau. Je n’avais plus envie de m’infliger tous ces drames, et j’ai empoigné ma vieille guitare qui se trouvait au fond de mon armoire.

 

C’est un peu radical, non ?

 

En fait, j’ai toujours baigné dans la musique, puisque ma mère est pianiste et que mon père collectionne des anciens vinyles de jazz. A l’âge de 14 ans, j’ai connu mes premières scènes (ndlr : c’est Jean-Marc Richard qui, le premier, lui a proposé de participer à l’une de ses émissions radiophoniques). A 20 ans, j’ai échoué à mes examens d’entrée pour intégrer l’école de jazz de Lausanne et je me suis tournée vers la police, non pas par vocation, mais parce que je voulais obtenir mon indépendance et gagner ma vie.

 

Justement, hormis cette autonomie financière, qu’est-ce que cette profession vous a apporté ?

 

Avant de devenir policière, j’étais une gamine. Grâce à ce métier, je suis devenue une «adulte enfant». C’était la meilleure école de vie qu’il me fallait, car cela m’a imposé un cadre stricte.

 

Revenons un peu à votre cuisine : comment s’est déroulé l’écriture de votre album «Hologramme»?

Je me suis enfermée chez moi, pendant plusieurs mois, pour composer mes titres. Même si j’ai écrit «Luis Mariano» (ndlr : cette chanson parle de la précarité), j’ai passé plusieurs nuits blanches sur mes textes et, le matin, je me rendais au poste de police. J’ai ensuite mixé mon album dans mon studio et j’ai eu la chance de pouvoir m’entourer de personnes talentueuses pour ce projet.

 

Est–ce que vous vous attendiez à un tel succès ?

 

Je crois que si j’avais été boulangère, mon album n’aurait pas connu le même retentissement. Le fait d’être flic a donc certainement joué un rôle. C’est bizarre, parce que nous sommes des gens comme tout le monde.

 

Dans votre clip «Des miettes sur le canapé», vous avez fait appel au journaliste Fred Valet et à la linguiste Stéphanie Pahud. Ils interprètent un couple qui se déchire. Pourquoi ce choix ?

 

La raison est assez simple, Fred est mon manager, il est à la fois bohème et un peu écorché. Quant à Stéphanie, c’est plutôt son propos féministe qui me touchait. Je les ai réunis dans mon clip, car ce sont deux personnes qui, à l’image, représentent un couple homogène.

 

Vous vous apprêtez, pour la première fois, à chanter à L’Echandole. Que cela représente-t-il à vos yeux ?

Pour être tout à fait honnête, c’est une petite victoire, car c’est une salle que j’apprécie énormément en tant que spectatrice, et je me réjouis de pouvoir y jouer, à mon tour.

Plus d’informations sur : www.facebook.com/phaneedepool.

Sage ou pas, c’est la jungle !

Concerts aux sonorités d’ici et d’ailleurs

 

Le duo belge Sages comme des Sauvages assurera la deuxième partie de soirée. Ses membres ont l’air de ce qu’ils ne sont pas, avec leur peau peinturlurée de rouge et leurs plumes. Ce sont des Belges qui chantent en créole, qui malaxent le français et l’anglais pour en extirper des sonorités de la jungle urbaine. Globetrotteur, ce duo franco-américano-greco-corso-bruxellois récolte des chansons et des instruments qu’ils mêlent à leurs propres compositions, de l’Ile de la Réunion à celle de Cythère. Pour ce concert, ils seront accompagnés par le percusionniste Osvaldo Hernandez et par la bassoniste Emilie Allenda.

Valérie Beauverd