Le coaching mental est devenu essentiel. Les athlètes régionaux l’ont bien compris, Yann Rithner aussi.
«Une étude américaine a établi que 80% des sportifs sont moins performants en compétition qu’à l’entraînement.» Un constat que Yann Rithner aime rappeler, à l’heure où la préparation mentale, domaine dans lequel le Cheyrois qui a grandi à Vallorbe et Yverdon-les-Bains est diplômé, devient un peu moins taboue dans le monde du sport.
Les aspects physiques, techniques et tactiques sont toujours au centre de l’univers des sportifs. Pourtant une nouvelle constellation, plus mentale, gagne en rayonnement. «Même pour quelqu’un qui a l’impression d’être à la limite de ses possibilités, il y a toujours quelque chose à gagner.»
Dans la douleur
Dans la région et au-delà, ils sont toujours plus nombreux à tenter l’expérience, qu’ils l’admettent publiquement ou non. La démarche fait souvent figure de dernier recours dans un moment de doute, ou après un échec cuisant. «On n’y va pas si tout va bien», lance Elodie Jakob, qui avait franchi le pas après avoir subi des blessures à répétition. La championne de Suisse d’heptathlon fait partie de ceux qui assument. Elle a d’ailleurs déjà abordé le sujet avec des camarades d’entraînement, dont Fiona Héritier, la coureuse de demi-fond, qui lui a emboîté le pas. «Je souffre de blocages en course, je me sous-estime», reconnaît la Payernoise, ancienne de l’USY Athlétisme, qui a ainsi travaillé à la résolution de ses soucis.
La confiance est, en effet, souvent au cœur du sujet, bien qu’il ne s’agisse pas du seul paramètre sur lequel se pencher. Il peut aussi, par exemple, être question de gestion du stress et des émotions, de la préparation d’un événement ou de la réalisation d’un mouvement. «Chaque individu est différent, comme l’est chaque geste, chaque discipline, affirme Yann Rithner. Comme le physique, la préparation mentale est quelque chose qu’il faut entraîner. Pour cela, il y a différents outils et techniques.»
On entend toujours que pour performer, un athlète doit «être bien dans sa tête». Et quand il y a des résultats probants, tout le monde affirme que «l’équipe vit bien» ou qu’il y a un «bon vestiaire». Des lapalissades, certes, mais surtout des points qui ne devraient pas être gérés seulement au feeling ou éludés. La visualisation, par exemple, est l’un des outils que Yann Rithner emploie volontiers. «Il s’agit d’imaginer, de mentaliser le geste à accomplir. Cela sert, par exemple pendant une période de blessure, à ce que le corps n’oublie pas un mouvement.»
Gardien des novices élite du Lausanne 4 Clubs, en hockey, Kevin Pasche, 15 ans, a trouvé en la méthode un soutien important, alors que son équipe venait d’aligner douze défaites et qu’il avait perdu sa place de titulaire. «J’ai eu des exercices à réaliser, avant et durant les matches, de façon à faire le vide», explique le jeune hockeyeur de Mézières, qui a retrouvé ses sensations.
Exploiter un potentiel
Les progrès ne sont pas toujours évidents à mesurer. Il s’agit surtout d’une question de ressenti. «Et cela demande du temps», insiste Elodie Jakob. Fiona Héritier affirme être désormais davantage capable d’aller chercher ses limites, et cela s’est traduit dans ses chronos.
La préparation mentale ne s’adresse pas uniquement aux athlètes d’élite, bien au contraire. A son cabinet, le Cheyrois collabore aussi avec des artistes, des entrepreneurs et des sportifs amateurs. Michèle Paillard fait partie de cette catégorie. A 55 ans, elle s’est lancé le défi d’aller au bout d’un trail de 50 km en Haute-Savoie. Près de onze heures d’effort attendent la coureuse d’Onnens. «On entend toujours: à ton âge, si tu maintiens ton niveau, c’est déjà bien. Ces derniers temps, depuis que j’ai entrepris la démarche, j’ai à chaque fois amélioré mes chronos et augmenté l’écart avec les copines.» Et la sociétaire de l’USY d’admettre, au sujet de la préparation mentale, qu’elle n’en a pas encore parlé à ses amies. «Elles l’apprendront en lisant le journal!»
Le travail est encore long avant que la pratique ne devienne commune.
Développement dans l’édition papier.